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Les politiques publiques de gestion de la diversité culturelle dans les processus de construction de la paix en afrique centrale


par JERVE SIGNI TSAGHO
Institut Des Relations Internationales du Cameroun  - Master 2 en Relations Internationales  0000
  

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B. L'effritement de la conscience collective et la méconnaissance des enjeux de la diversité culturelle en contexte multiculturel et pluriel

Le colonialisme a réifié les identités ethniques et fabriqué des « citoyens ethniques »171. Il a en outre aiguisé la concurrence et les rivalités ethniques dans de nombreux pays de la sous-région. Au lieu d'encourager l'émergence d'une nouvelle génération de « citoyens multiculturels »172 conscients à la fois de leur culture civique aux plan local, national, sous régional et sensibles aux problématiques de la différence dans les nouvelles formes de vie commune, la gestion de la diversité culturelle a plutôt servi de justificatifs pour amener les différentes entités à épouser la citoyenneté commune de l'État-nation.

Par cette approche, on a tenté de résoudre la question des diversités en la dissolvant dans le mythe de la citoyenneté commune et des droits individuels. Avec la montée en puissance des revendications identitaires en Afrique Centrale, il devient difficile de réaliser une véritable synthèse nationaliste ou de réaliser « l'unité de l'appartenance culturelle et du cadre politique»173 pour reprendre GELLNER. En effet, le sentiment d'appartenance au groupe ethnique, religieux ou linguistique semble être plus sacré, plus légitime que celui d'appartenir à l'Etat qui confère la nationalité. La violence d'appartenance interethnique, la véhémence religieuse est davantage renforcée par les clivages ethnoculturels, tandis que, la conjugaison de tous ces facteurs aboutit à une sorte « d'empêchement national ». Ainsi, plusieurs valeurs communes dont l'Etat prétendait être l'expression sont rejetées, et les règles et les politiques publiques qu'il édicte ne sont plus respectées.

L'appartenance au groupe social minoritaire détermine l'identité et l'essence des individus,

leurs préférences et leurs choix. Etant donné que le groupe est généralement plus étroit que
l'ensemble politique auquel les individus appartiennent, l'attention qu'ils portent aux intérêts particuliers les détourne de l'intérêt général et affaiblit la construction d'une conscience collective nécessaire au fonctionnement harmonieux de la collectivité-nation174. Ce phénomène

171 J.L. AMSELLE, et E. MBOKOLO, Op. Cité P.34-38.

172 Miche! WIEVIORKA et a!, Une société fragmentée ? Le multiculturalisme en débat, Paris, La Découverte, 1996, P. 35.

173 Ernest GELLNER, Nation et nationalisme, Paris, Ed. Payot, 1989, P.11.

174 Jean NJOYA, « Identités et minorités : Vivre et agir ensemb!e dans !a diversité », 4ème forum des droits de l'Homme Nantes-France, 2010.

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Les politiques publiques de gestion de la diversité culturelle dans les processus de construction de la paix en Afrique centrale

se caractérise par une perte de légitimité de l'Etat et des politiques publiques qu'il met en place dans la gestion de la diversité aussi bien dans la sphère juridique, que socio-politique. Le respect de ces politiques publiques n'est plus observable et la revendication identitaire devient la phase transitoire entre la violence et la non-violence. C'est dans cette situation que se trouvent aujourd'hui confrontées les régions du Nord-ouest et du Sud-Ouest au Cameroun où les revendications socio-politiques ayant débouché sur la crise dite «anglophone » traduisent davantage une remise en cause de la prise en compte de la réalité sociologique, ainsi que l'effritement des politiques publiques censées la régir. La conséquence majeure est une volonté manifeste pour les dissidents de déstructurer l'ordre étatique aussi bien dans son versant fonctionnel que juridique, voire politique. Cela traduit l'idée suivant laquelle non seulement le droit et l'ordre politique se sont émiettés, mais aussi et surtout, ont besoin d'être recomposés175.

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