Paragraphe 2 : Les techniques de discrimination positive et
les politiques de quota
Pour les pouvoirs publics, il est tout aussi important de
garantir le droit des individus et des communautés à exprimer
librement leur identité et leur culture ethnique. En vue de garantir son
effectivité, des politiques favorables ont été
conçues à cette fin. Elles englobent aussi bien les techniques de
discrimination positive (A), de même que des politiques de quota (B).
A- Les techniques de discrimination positive
La gestion de la diversité culturelle regroupe en son
sein des politiques et pratiques qui visent pour certains à lutter
contre les discriminations et les stéréotypes, pour d'autres,
à créer de la valeur ajoutée en utilisant au mieux les
différences et compétences individuelles. Les publics-cibles sont
généralement les femmes, les jeunes et les personnes
handicapées. Certains Etats y ajoutent des actions ciblées sur
l'âge le plus souvent, et des actions de lutte contre l'homophobie. La
gestion de la diversité culturelle s'inscrit aussi dans les principes
d'égalité des chances, de traitement et de lutte contre toutes
les formes de discrimination. Elle vise à offrir à chacun et
chacune des opportunités d'emploi, de carrière et de vie en lien
avec ses compétences et aspirations en dehors de ses origines ethniques,
religieuses ou linguistiques. Elle s'articule aussi autour de valeurs
susceptibles d'affecter la culture organisationnelle: Respect des
différences et rejet de tout comportement d'exclusion, de repli et de
jugement.
En outre, les services publics posent des actions visant leur
environnement local afin de permettre une meilleure insertion non seulement
professionnelle, mais aussi sociale de certains groupes-cibles. Ces objectifs
semblent à priori fortement en phase avec l'éthique des services
publics, à savoir le bien commun et la volonté d'assurer à
tous les citoyens une égalité de service et de traitement, dans
un souci de neutralité de l'administration. Cela ressort des bonnes
pratiques des services publics en matière de gestion de la
diversité, ces politiques étant le plus souvent liées
à des objectifs sociaux tels que l'inclusion professionnelle de
différents groupes minoritaires (minorités ethniques, personnes
handicapées, femmes et jeunes) dans l'emploi public, la volonté
de mieux représenter la population environnante, la volonté comme
service public d'être un lieu d'inclusion sociale basé sur
l'égalité de traitement et le refus de toute forme de
discrimination directe, le respect des lois et l'exemplarité des
services publics avec une plus grande efficacité et efficience:
«Valuing and using people's competences, experience, and
89
Les politiques publiques de gestion de la diversité
culturelle dans les processus de construction de la paix en Afrique centrale
perspectives to improve government efficiency and
effectiveness, and to meet public servants' professional
expectations»150.
Au Cameroun, l'un des mécanismes consacrés est
l'institution de la politique dite de l'«équilibre
régional ». Cette politique s'insère dans un ensemble
de règles juridiques et de mesures politiques qui visent en la
diversification dans le recrutement au sein des instances politiques et dans
les administrations publiques, la répartition territoriale
équitable des investissements publics et la reconnaissance d'avantages
particuliers dans certains domaines tels que l'éducation ou la
santé pour les ressortissants de certaines régions reconnues
comme «défavorisées». Il s'agit comme
l'affirme Guy Landry HAZOUME, d'une variante originale de la démocratie,
une sorte d' « ethnocratie » reposant sur le postulat
suivant lequel la représentation de toutes les ethnies ou régions
du pays aux postes de direction de l'appareil d'Etat serait le seul
modèle capable d'assurer la participation universelle des citoyens aux
tâches d'administration de l'Etat151. La politique de
l'équilibre régional entend donc concilier les
différences, remettre l'équité comme principe de
régulation et de représentation politique au sein des instances
nationales, envisager la décentralisation comme étant une
dimension complémentaire du principe de la répartition des
pouvoirs au sein de l'Etat, et en faire un facteur d'épanouissement de
l'individu comme fondement de la démocratie et de la justice
sociale152.
|