B- La gestion de la diversité culturelle
La notion de diversité culturelle se
révèle polysémique, notamment par l'indéfinition du
terme « culture » auquel elle reste foncièrement
liée. Thomas ELIOT écrivait à cet effet en 1948 que «
l'intérêt porté au mot culture croît à
mesure qu'augmente l'incertitude qui pèse sur sa signification
véritable ».17
À en croire les textes de l'UNESCO qui lors de sa
Conférence générale en 2001 a adopté la
Déclaration universelle sur la diversité culturelle18,
celle-ci serait la résultante des différents flux
transfrontaliers de populations tels que la migration qui amènent
à davantage de diversité à l'intérieur des
sociétés. Cette diversité est faite de traditions et de
coutumes propres à chaque individu appelé à rentrer en
contact avec « l'autre ». Cette Déclaration, la
première du genre au
15 Il faut toutefois noter que dans certains pays
anglo-saxons notamment, l'analyse des politiques publiques continue de
conserver une forte dimension prescriptive, une large part des recherches
restant consacrée à l'évaluation et au diagnostic afin
d'aider les décideurs politiques.
16 Pour Charles GOFFIN, le processus décisionnel est
une étape cruciale des politiques publiques. C'est le moment où
tous les acteurs impliqués (responsables politiques, groupes de
pression, société civile et associations...) vont se retrouver
afin de dégager et imaginer les solutions au problème
posé. L'unanimité n'étant pas toujours évidente
à trouver, il faut pour chacun des acteurs faire des compromis afin
d'aboutir à la définition des politiques publiques efficaces. Une
fois que ce consensus est trouvé, ladite politique est adoptée et
implémentée. Projet Interform, Séminaire des 3 et 4 Avril
2007, UFR pluridisciplinaire de Bayonne.
17 Thomas Stearns ELIOT, « Notes towards the definition of
culture ». Faber Paperback, 1962, P. 27.
18 Déclaration Universelle de l'UNESCO sur la
diversité culturelle adoptée à Paris le 02 Novembre
2001.
17
Les politiques publiques de gestion de la diversité
culturelle dans les processus de construction de la paix en Afrique centrale
sein de la communauté internationale
élève la diversité culturelle au rang d'héritage
commun de l'humanité et en fait du même coup un impératif
éthique inséparable de la dignité humaine. Pour mieux
comprendre la notion de diversité culturelle, il est important de se
référer à la Déclaration dans ses articles 1,2,3,
et 4.
Tel que le note Ivan BERNIER, on peut s'y reférer soit
en faisant un parrallèle avec la biodiversité, soit en la
renvoyant à la diversité des expressions culturelles, ou encore
en étendant la notion à celle de pluralisme
culturel19. Utilisée pour décrire le fait de la
multiplicité des cultures dans son sens premier, la diversité
culturelle renvoie également à une finalité pragmatique
orientée vers l'interaction des cultures, voire le dialogue des
civilisations. Elle engage également la prise en considération
des minorités nationales internes et externes dans l'élaboration
et la mise en oeuvre des politiques sociales. Elle se manifeste
également par la reconnaissance des différentes langues,
histoires, religions, traditions, modes de vie ainsi que toutes les
particularités et sigularités attribuées à une
culture. Pas toujours évidente en ce qui concerne son application sur le
plan des faits, sa mise en oeuvre revèle une actualité
réaffirmant la nécessité du dialogue et de
l'échange interculturel comme facteurs de paix.
La gestion de la diversité culturelle quant à
elle répond à des préoccupations sociales, politiques,
culturelles et économiques. Ce concept émergent dans les sciences
sociales viserait de ce fait à apporter des outils et des
méthodes permettant aux organisations tant publiques que privées
concernées de mieux tirer profit des avantages des différences
culturelles et de ses modèles de gestion20. COX Taylor la
décrit alors comme étant «une façon de
gérer les gens pour que les avantages potentiels de la diversité
soient maximisés pendant que les désavantages potentiels sont
minimisés»21, la diversité en elle
même étant toujours définie en termes larges et inclusifs
par un savant mélange de toutes les différences et des
ressemblances22.
19 Ivan BERNIER, « Préserver et développer
la diversité culturelle : Nécessité et perspective
d'action », document de travail présenté à la
première rencontre internationale des associations professionnelles du
milieu de la culture, Paris, Septembre 2001.
20 Georges-Axelle BROUSSILLON, « Politiques et pratiques
de gestion de la diversité, de la contrainte légale à
l'opportunité: Un enjeu de management interculturel »,
Troisième Rencontres Internationales de la diversité, CORTE, 5-7
Octobre 2007.
21 Taylor COX, « Cultural diversity in Organisations:
Theory, research and practise », San-Francisco:Berret-Koehler Publishers,
Chap.2, 1993, PP.45-58.
22 Françoise BENDER, « La gestion internationale
de la diversité: Etat des recherches », Congrès annuel de
l'AGRH, Toulouse, 2009, PP.205-217.
18
Les politiques publiques de gestion de la diversité
culturelle dans les processus de construction de la paix en Afrique centrale
Au sens de notre analyse, les politiques publiques de gestion
de la diversité culturelle renvoient à un ensemble de
mécanismes, pratiques et stratégies mises en oeuvre par les Etats
et les structures gouvernantes en vue de garantir le respect, l'inclusion et le
traitement de tous les groupes et individus susceptibles d'être l'objet
de discriminations du seul fait de leurs différences par rapport
à l'ensemble, ou la grande partie de leur communauté
d'appartenance ou d'encrage. Il s'agit en quelque sorte de la réponse
légale ou organisationnelle dont les Etats et les pouvoirs publics se
pourvoient afin de permettre l'organisation de la cohabitation des
différentes couches sociales. Cette nouvelle approche semble
répondre avec efficacité et équité aux défis
modernes des relations internationales qui se tournent de plus en plus vers une
nouvelle façon d'aborder les différences, d'où sa place
grandissante au sein du débat public relatif à
l'intégration et à la lutte contre les discriminations et les
différences 23.
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