B-De la coexistence à la cohabitation
linguistique
Comme pour la plupart des sociétés modernes,
l'offre linguistique en Afrique Centrale est prise dans l'étau de la
problématique individu-communauté (principe individuel et
principe communautaire) propre à la logique et à la
rhétorique de la modernité. Selon Angeline MARTEL, la
diversité linguistique est contraire à la logique classique de
l'Etat-nation qui «historiquement par des politiques linguistiques de
monolinguisme explicites ou implicites a tenté de diminuer,
d'éclipser ou de détourner la diversité
linguistique». Selon cette auteure, «les fondements
mêmes de l'Etat-nation moderne ne sont pas pluralistes ni
diversifiés». Pourtant, il faut réussir à faire
coexister la demande sociale quant à ce qu'elle exprime dans les langues
et les besoins en connaissances universelles ou particulières. Cette
réalité n'échappe
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Les politiques publiques de gestion de la diversité
culturelle dans les processus de construction de la paix en Afrique centrale
pas au destin des Etats de L'Afrique centrale qui, avec la
mondialisation voit sa généralisation accentuée.
La cohabitation linguistique est donc le dispositif politique
qui permet de gérer pacifiquement les relations jadis conflictuelles
entre l'identité langagière et la communication. Il s'agit
d'abord de respecter la diversité linguistique notamment pour les
langues maternelles, condition sine qua non de toute diversité, et
d'être ensuite sensible aux grandes aires linguistiques
dérivées des langues coloniales. Une des fonctions importantes
des langues est de servir de support à la diffusion des religions. Au
Cameroun par exemple, le clivage linguistique anglophone/francophone est le
référent le plus utilisé dans le paysage camerounais.
Dérivée du double héritage colonial, cette
diversité linguistique n'a pas toujours été bien
gérée par les pouvoirs politiques. A bien des égards,
cette forme de mis management a fortement contribué au
déclenchement des revendications ayant abouti à la crise dite
anglophone et à son enlisement, ce qui laisse penser que la
diversité culturelle peut également être source
d'exacerbation de la conflictualité en Afrique Centrale.
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