3.3. Mise en place difficile
La mise en place de l'équipe du projet s'est faite
progressivement, mais difficilement. Le choix des sites d'implantation s'est
fait avec moins de critère objectif car le promoteur EPT était
à son premier essai lors du projet pilote 2006. L'ONG NRC a aussi fait
face à ces difficultés au sein des écoles
conventionnelles. L'implication des acteurs étatiques s'est faite avec
beaucoup de réticence au regard de la nouveauté du projet. La
mobilisation des communautés-cibles s'est faite timidement car celles-ci
n'attachaient pas du crédit à ce dispositif nouveau.
La méconnaissance du projet des classes passerelles a
exigé un volet de sensibilisation auprès des populations cibles
et des autorités administratives. Dans le milieu rural, un tel message
de scolarisation n'est pas toujours bien compris face aux
réalités existentielles, à savoir les travaux
champêtres et domestiques dont les enfants ont la charge. Dans la
procédure de recrutement des élèves, les critères
préétablis n'ont pas souvent été respectés
de manière systématique. En effet, l'étude montre un
non-respect des critères de recrutement concernant l'âge des
enfants déscolarisés et non scolarisés. Ce promoteur de
classe passerelle EPT à Bouaké nous confiait ceci en 2012 :
« les parents, quelques fois, ne jouent pas franc jeu avec nous. Ils nous
présentent de grands enfants venant d'une autre localité en lieu
et place de leurs enfants plus petits qui sont les réels futurs
bénéficiaires de la classe passerelle. Cela est fait pour que le
village puisse bénéficier du projet classe passerelle. »
Par ailleurs, dans la phase de prospection, l'implication
d'acteurs intermédiaires ne permet pas de dire que tous les
ménages ont été visités. Cette pratique montre les
limites des promoteurs à mobiliser les ressources humaines
nécessaires à la mise en oeuvre du projet pilote des classes
passerelles.
3.4. Ressources limitées des écoles
hôtes
Au plan financier, il a été constaté un
déséquilibre entre la charge des écoles hôtes et les
budgets des COGES. En effet, pendant que les charges des écoles
hôtes augmentaient en termes de salles, d'équipements et de
service, aucune aug-
268
mentation n'était constatée au niveau du budget
de leurs COGES. La capacité financière des COGES ne s'est pas
améliorée ; pour certains d'entre eux, elle s'est même
détériorée en raison de la faiblesse ou de l'absence des
subventions de l'Etat.
Cela engendre des dysfonctionnements qui donnent l'impression
que les COGES ne travaillent pas. Cette réflexion est partagée en
2009, par un parent d'élève de l'EPP Kamonoukro de Bouaké
qui s'exprimait ainsi : « le COGES nous fait cotiser chaque année
alors qu'on ne sait même pas ce qu'il fait avec cet argent. Il n'y a pas
assez de table-bancs dans nos classes et les enfants sont assis à trois
par table-bancs. Il faut que l'Etat améliore cette situation. » Le
manque de ressource se manifeste à différents niveaux, à
savoir :
- le manque de salles de classes ;
- l'absence de toilettes ;
- le manque des points d'eau ;
- le manque d'électricité ;
- et le manque de la cantine scolaire.
A la question de savoir où les élèves
font leurs besoins, un élève de l'EPP Aboliba de Bouake, inscrit
en 2009 répondait : « nous allons en brousse pour satisfaire nos
besoins. Les toilettes sont tellement sales. » Cette affirmation
relève le manque d'entretien des toilettes même si elles
existent.
|