1.9. Limites du processus d'intégration
L'étude montre une méfiance de certains acteurs
face aux classes passerelles. Cela se manifeste aussi bien au niveau des
parents qu'au niveau des personnels de l'école conventionnelle, à
savoir les enseignants et les directeurs des écoles hôtes. En
effet, au départ du projet, certains parents n'y croyaient pas. C'est
avec l'implication des autorités administratives et éducatives
ainsi qu'une opération de sensibilisation qu'ils ont inscrit les
enfants.
Quant aux personnels des écoles hôtes, leur
méfiance vient du fait qu'ils restent sceptiques sur le fait que ces
enfants puissent intégrer les connaissances de deux cycles en une
année scolaire. C'est la qualité des enseignements des classes
passerelles qui est remise en cause. Cette attitude résulte du fait que
ses acteurs n'ont pas été associés aux enseignements et
évaluations des classes passerelles. En somme, ils ne sont pas
formés sur la conduite des classes passerelles. En 2009, un enseignant
de l'EPP Aboliba de Bouake exprimait ainsi sa désaffectation
vis-à-vis du projet en ses termes : « comment peut-on
prétendre bien enseigner ses enfants en neuf mois pour un programme de
18 mois ? Cela me paraît difficile »
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En outre, certains directeurs d'école exigent un
nouveau test d'entrée à l'école conventionnelle à
la suite du test de transfert des classes passerelles. Cette difficulté
semble être liée à la méthode spécifique
d'évaluation des classes passerelles. En effet, les directeurs
d'école émettent des réserves quant à la
fiabilité des méthodes pédagogiques des classes
passerelles qui leur sont méconnues. A l'origine, il y a une divergence
de curricula entre les classes passerelles et les écoles
conventionnelles.
Enfin, une imperfection des classes passerelles NRC est le
fait que le directeur de l'école hôte est le seul à
décider de l'intégration des élèves ayant
réussi au test final. Il a ainsi été observé dans
certaines écoles hôtes que lesdits élèves
n'étaient intégrés qu'après l'inscription des
élèves des écoles conventionnelles.
1.10. Manque de suivi des élèves
Au niveau des structures déconcentrées de
l'éducation, une mauvaise perception des classes passerelles subsiste ;
laquelle perception se justifie par le fait que les classes passerelles sont
exclusivement mises en oeuvre par des ONG. Cela affaiblit leur niveau
d'engagement dans le processus. Le suivi des élèves est par
conséquent, affecté par ce désengagement. Le manque de
suivi pour la traçabilité a des inconvénients pour
l'évaluation des acquis scolaire et l'intégration des
élèves dans le système scolaire conventionnel. Cette
situation est aggravée par le fait que le point focal du promoteur NRC
n'est pas suffisamment outillé en termes d'information, d'engagement et
de pouvoir de décision pour faire face aux questions relevées.
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