2.11. Déficit des personnels éducatifs
La réouverture des écoles en situation d'urgence
a rencontré des difficultés au nombre desquelles, la sous
qualification des enseignants bénévoles et celle des personnels
d'encadrement. Cette situation est ainsi décrite par AZOH et al (2009)
en ces termes:
avec la crise, le recours aux enseignants non
professionnels s'est amplifié pour pallier (...) l'insuffisance
d'enseignants titulaires partis précipitamment des zones de conflit.
Cela a conduit au recrutement d'enseignants bénévoles faiblement
qualifiés, majoritairement des hommes. L'insuffisance d'enseignants
qualifiés a eu certaines conséquences sur le fonctionnement des
établissements scolaires : « en 2006 dans ma circonscription, nous
avions un besoin de 200 instituteurs « craie en main » car 25
écoles étaient sans enseignants titulaires. A l'EPP
Ziévasso par exemple, on comptait deux
enseignants pour trois niveaux, ce qui contraignait
à un jumelage des classes » (IEP
Odienné)274
Ce manque de qualification de certains enseignants volontaires
est confirmé par des enseignants titulaires restés sur place
à Odienné en ces termes : « Nous avons recruté des
bénévoles qui nous ont aidé à tenir l'école.
Ces enseignants étaient pour la plupart des volontaires qui n'avaient
pas toujours un bon niveau académique (CM, 6ème et
5ème). 275» Cette situation est amplifiée par un
absentéisme manifeste, un manque de matériels didactiques criard
et une démotivation des enseignants. Ces facteurs combinés n'ont
pas toujours permis de couvrir les
273 Gouvernement de Côte d'Ivoire et al, 2016, op.
cit., p. 227
274 F-J. AZOH et al, 2009, op. cit., pp. 30-34
275 ibidem
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programmes et d'obtenir des acquis scolaires conformes aux
exigences du système scolaire ivoirien.
2.12. Retour des acteurs de l'éducation en zones
CNO
Avec le retour de l'administration scolaire en 2004 et
l'opération de redéploiement de l'administration par le
Comité National de Pilotage du Redéploiement de l'Administration
(CNPRA), on a assisté à la mise en place progressive du personnel
du secteur de l'éducation depuis 2005. Cela a donné lieu à
d'autres types de difficultés. En effet, comme le montre AZOH et al
(2009) :
malgré l'existence d'un Comité National de
Pilotage du Redéploiement de l'Administration (CNPRA), le retour des
enseignants dans les zones CNO rencontre des obstacles psychologiques. Bien que
formellement réalisé sur les plans administratifs et financiers,
il demeure non effectif en pratique,
puisque de nombreux enseignants "traumatisés"
refusent de rejoindre leur poste par crainte d'une reprise de la
belligérance. 276
Une seconde difficulté est survenue au niveau du
traitement pécuniaire. En effet, le personnel redéployé
devrait bénéficier d'une prime d'installation et d'une prime
d'incitation à l'initiative du gouvernement ivoirien. Celui-ci ayant
éprouvé des difficultés de trésorerie, les
promesses ne se sont pas tenues dans le temps prévu à cet effet.
Cela a donné lieu à des revendications des enseignants à
travers des grèves répétées. Ces grèves ont
constitué un facteur de risque pour le système éducatif de
sorte à rendre celui-ci plus vulnérable. L'école a repris
donc avec beaucoup de perturbations au niveau du climat scolaire.
Peuvent être cités au nombre des
difficultés, l'insuffisance du personnel et le traitement du cas des
enseignants volontaires. Ce sont des questions qui seront résolues avec
l'évolution du contexte sociopolitique. C'est ainsi que les classes
passerelles se sont inscrites dans la logique de la recherche d'une solution
viable à la question de l'insuffisance des ressources
éducatives.
276 F-J. AZOH et al, 2009, op. cit., pp. 30-34
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