2.10. Réouverture de l'école en situation
d'urgence
Environ quatre mois après le début du conflit
armé de 2002, les premières écoles ont ouvert leurs portes
avec pour objectifs de maintenir le niveau des
271 F-J AZOH et al, 2009, op. cit., pp. 30-34
272 ibidem
196
élèves restés en zones occupées
d'une part, et récupérer les enfants soldats ou empêcher
d'autres enfants de prendre les armes d'autre part.
Selon l'ONG EPT, à la rentrée de septembre 2002,
étaient attendus dans la zone CNO, 533.339 écoliers. La plupart
des écoliers (87% de cet effectif) sont restés sans école
du fait de la guerre. En l'absence de l'Etat, l'objectif initial de
l'école a changé allant du simple maintien de niveau à une
école normale préparant les élèves aux examens
nationaux. Pour atteindre cet objectif, tous les acteurs de l'éducation
se sont donnés la main. Il s'agit notamment, des autorités des
Forces Nouvelles, des parents d'élèves, des ONG et des
enseignants titulaires et volontaires. C'est une école qui a
fonctionné avec le soutien moral et financier des parents
d'élève à travers les COGES. Elle a aussi
bénéficié du dévouement des enseignants titulaires
et volontaires, de la bonne volonté des autorités des Forces
Nouvelles et les dons des ONG constitués de vivres, de kits et de
mobiliers. A cela, s'ajoute la réhabilitation des bâtiments
pillés. Au nombre des ONG actrices du secteur éducatif, on
distingue EPT qui a relancé l'école, plaidé et obtenu
auprès du MEN, l'organisation des examens 2003 en « zones
occupées ».
A partir de 2004, avec l'accalmie, le MEN installe une
administration minimale scolaire dans la plupart des DREN pour marquer le
retour de l'Etat dans les zones CNO. Dès lors, l'école a
évolué en dents de scie. Les cours sont dispensés en 2004,
mais les examens ne seront organisés qu'en 2005, conséquence des
jeux politiques entre les belligérants. C'est la preuve que
l'éducation est quelques fois utilisée dans les conflits comme un
moyen de pression ou, pire, comme une arme de guerre. Selon l'ONG EPT, en
2005-2006, 319.592 écoliers ont été recensés en
zone CNO, avec au moins 800 écoles primaires fermées et plus de
200.000 enfants qui ne sont pas retournés à l'école. C'est
ce constat qui justifie la mise en oeuvre des classes passerelles en 2006.
Lors de la crise post-électorale de 2010/1011,
certaines écoles dans le sud, notamment à Abidjan et dans le
centre et le nord du pays ont dû refermer. La reprise des cours à
l'échelle nationale a été annoncée pour le 26 avril
2011 par un
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communiqué du MEN. Une évaluation de la
réouverture des écoles réalisée par le Cluster
Education en juin 2011, a, en effet, montré que « trois mois
après l'annonce officielle de la reprise des cours en avril 2011, 97 %
des écoles primaires publiques avaient effectivement rouvert leurs
portes, 90 % d'entre elles y avaient rétabli les enseignements, et 86,3
% des élèves inscrits à la rentrée de 2010/11
étaient de retour à l'école. 273» Cette
reprise a redonné de l'espoir aux acteurs de l'école, notamment
les élèves et leurs parents dans un contexte où
l'école constitue un rempart contre les vices auxquels les enfants sont
exposés.
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