Dispositif de renforcement du système scolaire conventionnel en Côte d’Ivoire. Influence des classes passerelles en zone centre nord et ouest (c.n.o.) de 2006 à 2014.par Moussa KONE Université Alassane Ouattara - Doctorat en sciences de l'éducation 2019 |
2.7. Déplacement des acteurs de l'éducationRelativement à la crise post-électorale de 2010/2011, les déplacés internes recensés par le HCR sont estimés à « 126.000 personnes.263 » En prenant en compte les déplacés externes, le HCR estime le total à environ « un million 264» de personne. Dans le même temps, la Côte d'Ivoire accueillait « 24.000 réfugiés,265 » essentiellement, en provenance du Libéria. Selon Dieket Minata SANGANOKO, coordinatrice adjointe du SAARA « Aucun pays n'est à l'abri d'un tel phénomène. A l'issue des crises de 2002 et 2011, la Côte d'Ivoire comptait 700.000 déplacés internes.266» Aussi, invite-t-elle tous les acteurs à l'adoption d'une loi 261 Gouvernement de Côte d'Ivoire et al, 2016, op. cit., p. 227 262 ibidem 263 HCR, 2011, « Rapport global 2011 HCR » in https://www.unhcr.org/fr/500e9f85b.pdf., consulté le 15 novembre 2014. 264 ibidem 265 ibidem 266 J. K. KOUASSI, 2017, « Atelier de formation organisé par le Haut-commissariat des réfu-giés(HCR), en collaboration avec le Service d'aide et d'assistance aux réfugiés et apa-tride(Saara), le jeudi 28 décembre 2017 » in http://www.linfodrome.com/societe-culture/35659-situation-des-deplaces-internes-les-journalistes-et-les-membres-de-la-societe-civile-invites-a-oeuvrer-pour-l-application-de-la-convention-de-kampala-en-cote-d-ivoire, consulté le 18 février 2018 193 conformément aux recommandations de la Convention de l'Union Africaine sur la protection aux personnes déplacées en Afrique (Convention de Kampala). Vu l'ampleur du phénomène de déplacés de guerre, et son impact sur le système scolaire, il a fait l'objet d'analyse par le RESEN 2016 qui donne la conclusion suivante : les problématiques éducatives liées aux personnes déplacées et réfugiés sont plus aigües, et s'inscrivent davantage sur la durée. Il est important de noter qu'il transparait une concentration des problématiques liées aux personnes déplacées internes (PDI) et réfugiés dans les DRENET présentant la plus forte vulnérabilité aux conflits pré et postélectoraux. Ceci permet de supposer qu'une forte matérialisation du risque de conflit engendre des situations de faiblesse qui rendent le système éducatif vulnérable à plusieurs autres niveaux. La prise en charge éducative des personnes déplacées internes et des réfugiés peut soulever plusieurs problématiques, dont la capacité d'accueil, aussi bien en matière d'infrastructure que de personnel, la prise en compte de besoins spécifiques, les effets de la précarité sociale sur l'assiduité et les résultats scolaires, ou encore des considérations linguistiques et cultu-relles.267 268» Le fait que le déplacement des populations en période de crise engendre des besoins connexes, rend complexe cette problématique. Son impact au niveau de l'école reste incalculable dans la mesure où, il faut créer des infrastructures et des programmes adaptés à la situation de ces personnes. Selon le document de cadrage (2003) de la direction des enseignements et la direction des ressources humaines du MEN, en Octobre 2003, le nombre d'enseignants du primaire déplacés de guerre est estimé à « 10.880 sur 11.083 attendus soit 98,97% et le nombre des élèves du primaire déplacés de guerre est 74.470 élèves sur 584.058 attendus soit 12,75%. Cette situation est consécutive à l'appel du MEN faisant injonction aux enseignants des zones occupées à rejoindre la zone gouvernementale, injonction ayant contribué d'une façon indirecte à entraver la reprise des actions éducatives en zones occupées. Comment l'école pouvait-elle fonctionner normalement avec 98,97% d'enseignants absents ? 1,03% d'enseignants restés pouvaient-ils prendre 267 Gouvernement de Côte d'Ivoire et al, 2016, op. cit., p. 224 268 MEN, 2003, Séminaire de reconstruction post-conflit du système éducatif de la Côte d'Ivoire du 27 au 31 octobre 2003, Abidjan, MEN, p. 2. 194 en charge 87% d'élèves restés ? En conséquence, des enseignants volontaires se sont organisés en zones occupées pour dispenser des enseignements aux 87% d'élèves restés sur place. Le départ des enseignants titulaires déplacés des « zones de conflit » vers les « zones gouvernementales» en 2002/2003, a entraîné dans la DREN de Daloa « un sureffectif de personnel de telle sorte qu'au sein des écoles, on compte plus d'enseignants que de classes disponibles. 269» Ce déplacement de la population scolaire a occasionné la mise en place des écoles relais et le redéploiement des enseignants déplacés de guerre. Selon le DREN de Daloa en 2004, « certains enseignants victimes de guerre n'ont pas accepté d'être redéployés, cela fait qu'il y'a un chômage qui ne dit pas son nom. On compte un effectif de 42 enseignants inactifs dans la DREN. 270» |
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