2.5. Destruction physique des infrastructures
éducatives
Aux premières heures de la guerre de 2002, la
majorité des écoles ont été occupées et
utilisées par les soldats comme des camps militaires empêchant, du
coup, toute activité éducative. Sous la pression de leur
hiérarchie, quand les soldats devaient quitter ces écoles
à l'occasion de la réouverture de celles-ci, les meubles, les
documents, les plafonds, les toitures, les portes, les fenêtres, (etc.)
ont été apportés. Ils ont ainsi pillé la
majorité des écoles occupées tandis qu'une deuxième
catégorie d'écoles (non occupées) restaient intactes pour
la plupart.
Quant à la crise de 2010/2011, relativement à la
destruction des infrastructures éducatives, les rapports des directions
régionales à travers le Cluster Education, mentionnent que :
224 écoles de 15 DRENET ont rapporté des
incidents. Ceux-ci sont très localisés, 50 % ayant eu lieu
à Abidjan et les autres ayant eu lieu majoritaire-ment à Daloa et
à Guiglo. Au rang des incidents rapportés, 38 % sont relatifs au
pillage d'écoles, 36 % relatifs aux endommagements d'écoles et 5
% relatifs à l'occupation d'écoles par des populations
déplacées. Les pillages, destructions et occupations des
écoles ont prolongé la fermeture de celles-ci. Par ailleurs, 6 %
des incidents rapportés sont relatifs au pillage des
établissements administratifs, affaiblissant ainsi les autorités
administratives dans ces zones, dans la mesure où ces incidents ont
conduit certains fonctionnaires à ne pas retourner sur leur lieu de
travail, soit par crainte de l'insécurité, soit du fait de
manquer de moyens de travail.259
La destruction physique des infrastructures scolaires a
participé aux dysfonctionnements observés dans le système
scolaire national suite aux deux crises survenues en Côte d'Ivoire.
2.6. Baisse de la scolarisation
En termes de scolarisation, « une baisse importante des
effectifs est constatée suite à la crise de 2002. [Elle] a
conduit à un fléchissement général de la
progression des scolarisations. Au niveau de l'enseignement primaire en
particulier, un véritable effondrement des effectifs est
constaté. 260» Au total, le nombre d'enfants
scolarisés a « chuté de 2,1 à 1,5 millions,
représentant une baisse de 30
259 Gouvernement de Côte d'Ivoire et al, 2016, op.
cit., p. 228
260 idem, p. 227
192
% d'une année sur l'autre.261 » Ces
statistiques montrent l'effet durable de la crise en question sur le
système scolaire. Le constat sur le moyen terme révèle que
le nombre d'élèves scolarisés a « stagné
jusqu'en 2004/05, et ce n'est qu'en 2005/06, soit quatre années plus
tard, que les effectifs ont retrouvé leur niveau de
2001/02.262 »
Toutefois, la situation est différente lors de la crise
de 2010/2011. Les déplacements de populations ont certes provoqué
des ruptures de scolarités mais ils n'ont pas affecté durablement
le système scolaire en termes de taux de scolarisation. Selon nos
observations, cela se justifie par le fait que la situation a
bénéficié d'une meilleure prise en charge par rapport
à celle de 2002. Cela s'entend par la promptitude des interventions des
acteurs d'urgence comme les ONG qui étaient déjà
présents et les structures étatiques qui avaient
déjà bénéficié de l'expérience de
2002.
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