2.4. Fermeture des écoles
En 2002, l'on a constaté l'arrêt total du
fonctionnement de l'école dans les zones dites « occupées
» dès le déclenchement des hostilités. Les raisons
sont liées à l'insécurité physique,
matérielle, alimentaire et sanitaire. Cette fermeture va être
formalisée par l'appel du ministère de l'éducation
nationale aux personnels de l'éducation à rejoindre les zones
sous le contrôle de l'Etat. Au niveau de l'enseignement primaire, on
estime à :
2.768 le nombre d'établissements scolaires
situés en zones assiégées, soit 32,6% des effectifs des
établissements primaires nationaux. La capacité d'accueil de ces
établissements en terme d'effectif des élèves est 588.936
; ce qui représente une proportion de 28% des effectifs nationaux des
élèves du
primaire. Le personnel enseignant en service dans les
zones assiégées est estimé à 11.333, soit 27,6% des
effectifs nationaux des enseignants. 255
ODOUNFA (2003), tout en décrivant le contexte de 2002
comme une situation de « déplacements massifs des populations pour
qui l'éducation des enfants
255 E. BIH et al, 2003, Etude sur l'égalité
des sexes dans le domaine de l'éducation en Côte d'Ivoire,
Abidjan, ROCARE, p. 29.
190
devenait secondaire 256» constate
effectivement : la fermeture des Directions Régionales de
l'Éducation Nationale de Bouaké, de Korhogo, d'Odienné et
de Man. Les Directions Départementales de l'Éducation Nationale
de Bouna, Katiola et Séguéla sont aussi concernées. Ce
sont au total, 40 inspections de l'enseignement primaire, 2 768 écoles
primaires publiques, 3 CAFOP, et 80 lycées et collèges qui ont
arrêté de fonctionner. Cette fermeture d'écoles a
créé un véritable déséquilibre dans le
fonctionnement du système scolaire national. Cela s'est traduit en de
multiples mutations des personnels et en l'accentuation des effectifs
pléthoriques dans les écoles sous le contrôle
gouvernemental.
En 2010/2011, le système éducatif a une fois
encore subi des fermetures d'établissement du fait de la crise
post-électorale. Cela s'explique par le faite que beaucoup de personnes
ont été contraintes de quitter leur lieu de résidence face
à la violence et en présence de « la volatilité de la
situation sécuritaire. 257» Selon la zone ou la
région du pays, la situation s'apprécie différemment.
Ainsi, l'on constate que :
dans le Sud du pays, les écoles ont ouvert de
nouveau le 3 janvier 2011, après les vacances de Noël. Dans la zone
Centre-Nord-Ouest (CNO) par contre, elles sont restées fermées
pendant plusieurs mois, suite à l'appel à la
désobéissance civile lancée par la coalition pro-Ouattara.
En mars et avril 2011, les écoles de la zone CNO ont commencé
à ouvrir, mais en parallèle la crise militaire s'est
intensifiée dans le Sud et certaines écoles, notamment à
Abidjan, ont dû refermer dans cette partie du pays. La reprise des cours
à
l'échelle nationale a été
annoncée pour le 26 avril 2011 par un communiqué du
Ministère de l'Éducation Nationale.258
Les deux crises de la Côte d'ivoire ont toutes
entraîné une fermeture des infrastructures éducatives et
ont privé les enfants des bénéfices de l'éducation
de manière temporaire ou permanente.
256 A. K. ODOUNFA, 2003. « Évaluation de la
scolarisation universelle en Côte d'Ivoire », Contribution au
rapport de suivi 2003/2004 sur l'EPT. UNESCO., 2003, Cité par
Gouvernement de Côte d'Ivoire et al, 2016, op. cit., p. 226
257 ibidem
258 idem, p. 227
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