2.2. Un environnement scolaire sous l'emprise de la
violence
Dans la perspective de faire triompher les idées
politiques des protagonistes, la violence observée dans la
société s'est déportée à l'école
comme en témoigne ce passage :
en 2002 l'école aurait davantage joué un
rôle dans la diffusion de la violence que dans la consolidation de la
paix, à divers niveaux. Les élèves, répliquant des
schémas de méfiance accrue entre adultes, se sont même
engagés dans des formes violentes de syndicalisme étudiant. Au
niveau des collèges, lycées et universités, la
Fédération estudiantine et scolaire de Côte d'Ivoire
(FESCI) a joué un rôle direct dans la propagation de la violence,
de la haine, de la moquerie et des stigmatisations en milieu scolaire (Chelpi
den Hamer, 2013). Au vu de ce contexte, il n'est finalement pas étonnant
que les universités publiques d'Abidjan aient été
fermées pendant 18 mois. La crise de 2002 a donc été plus
violente et plus longue que celle de 2010, et
son impact général sur le système
éducatif en a été d'autant plus
impor-tant.254
Parmi les moyens utilisés par les protagonistes pour
répliquer la violence sociétale à l'école, il y a
la manipulation des acteurs syndicaux des collèges, des lycées et
des universités. La violence perpétrée sous diverses
formes a pu exacerber les tensions en créant un sentiment de haine, de
suspicion et de stigmatisation de l'autre qui est d'un bord politique
différent.
2.3. Un environnement social manipulé par les
belligérants
Lorsqu'un conflit armé éclate, la population
civile est la première victime des souffrances engendrées
à travers le dysfonctionnement des services sociaux de base. Sous
l'emprise des armes, les personnes vivant dans ces zones occupées
sont
254 Gouvernement de Côte d'Ivoire et al, 2016, op.
cit., p. 227
189
obligées de faire allégeance aux forces
dominatrices. Dans le cas de la guerre de 2002 en Côte d'Ivoire on
constate que :
les services publics ont été les plus
affectés au Nord, ce qui a conduit la communauté internationale
et les ONG à focaliser leurs interventions dans cette zone. Les forces
occupantes ont, par la suite, cherché à s'attribuer les
résultats positifs des programmes déployés pour consolider
leurs appuis parmi la population, tandis que le gouvernement a exploité
les défis rencontrés par celles-ci dans la provision
d'éducation pour les discréditer et légitimer leurs
positions officielles.
Face à la population en situation de détresse,
un troisième groupe d'acteurs, à savoir la communauté
internationale et les ONG, s'interpose pour l'assistance sociale. Cette
assistance concerne, essentiellement, le domaine de la nutrition, la
santé, l'assainissement et l'éducation. Les efforts de ces
acteurs sont exploités encore une fois par les protagonistes à
des buts politiques.
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