Dispositif de renforcement du système scolaire conventionnel en Côte d’Ivoire. Influence des classes passerelles en zone centre nord et ouest (c.n.o.) de 2006 à 2014.par Moussa KONE Université Alassane Ouattara - Doctorat en sciences de l'éducation 2019 |
7.3.3. Réussite scolaire et facteurs organisationnelsL'organisation en tant que processus est, selon ANY-GBAYARE (1998), « la meilleure combinaison des étapes nécessaires à la réalisation d'une tâche. 45» Dans cette optique, l'auteur privilégie le « modèle participatif » de la gestion d'une organisation au détriment des modèles classiques que sont la centralisation, la déconcentration et la décentralisation. Le modèle participatif propose un organigramme où la hiérarchie est atténuée au profit des objectifs ; ce faisant, le gestionnaire fait participer tous les acteurs à la définition des objectifs et à l'évaluation des actions. Un tel modèle est supposé intégrer la participation de la communauté éducative entière dans la gestion. Selon le MEN du Sénégal et AFD (2012), à l'issue de la Conférence des Ministres de l'Education des Etats Africains ayant en partage le Français (MINEDAF VI), les Etats ont convenu de mettre l'accent sur « l'amélioration de la gestion scolaire 46» vu que les échecs des systèmes éducatifs sont principalement imputables à la gestion du projet d'école. Pour ce faire, l'Agence de Coopération Culturelle et Technique (ACCT) propose une nouvelle organisation scolaire basée sur des unités de gestion issues des communautés locales. 44 Gouvernement de Côte d'Ivoire et al, 2016, op. cit., pp. 120 -121 45 S. ANY-GBAYERE, 1998, Management de l'éducation : Aspects techniques, Abidjan, pp. 6970 46 MEN Sénégal et AFD, 2012, Guide des bonnes pratiques en matière de projet d'école et projet d'établissement, Sénégal, MEN, p.10 32 Le MEN du Sénégal et l'AFD (2012) présentent le référentiel régional des projets d'école élaboré en 2011 par des experts du Sénégal, de la Guinée, du Niger et du Mali en vue de « capitaliser les bonnes pratiques.47» Ce référentiel recom- mande de : - mettre en place un cadre juridique et institutionnel des projets d'école ; - prendre des mesures visant à faciliter la participation communautaire et l'amélioration des apprentissages ; - renforcer le curriculum scolaire tout en l'adaptant à la culture locale des apprenants ; - élaborer des supports d'animation convenables aux comités de gestion de l'école ; - renforcer les capacités des acteurs de l'école par des formations ; - accompagner les comités de gestion de l'école ; - initier des activités de mobilisation des ressources financières; - proposer des plans d'actions conformes aux capacités internes de la com- munauté ; - garantir la mise en oeuvre effective du projet école ; - inciter les communautés à proposer des actions qui n'exigent pas nécessai- rement la mobilisation de ressources financières ; - développer des modes de financement alternatifs de l'école. En définitive, ces mesures visent principalement, la participation communautaire comme point clé d'intervention en vue d'améliorer la gestion du projet d'école. La question organisationnelle renvoie aussi à la problématique de l'effet établissement. Pour mettre ce facteur en évidence, LEGER (2002)48 relève les différences de réussite qui peuvent exister entre des élèves « strictement identiques » et appartenant à des établissements de même statut (ZEP). Il précise que ces différences sont le fait de « l'effet établissement » qui est « l'effet propre de l'organisation interne de l'école sur la performance ou la réussite de l'élève. Cet 47 MEN Sénégal et AFD, 2012, op. cit., pp. 11-12 48 A. LEGER, 2002, Construire l'école de la réussite pour les élèves des milieux populaires notamment ceux inscrits en ZEP, intervention au congrès du syndicat des enseignants SE-UNSA de Martinique, 14, 15 et 6 octobre , Fort de France, pp. 9-10 33 auteur soutient également qu'il existe des différences de réussite entre des élèves « strictement identiques » selon le secteur d'éducation (secteur public ou privé) ; il nomme ce phénomène « l'effet secteur ». Pour GAUTHIER (2006)49, les travaux pertinents considérant le milieu so-cio-familial comme déterminant de la réussite ne doivent pas occulter le rôle important des enseignants et des écoles dont la dynamique reste encore à déterminer. Cet « effet établissement » nous semble important dans le cas des classes passerelles au regard des différences de performance observées. Il prend en compte trois aspects de la gouvernance du projet école à savoir la mise en place, la gestion du projet et la participation communautaire. La question organisationnelle a également été abordée par la théorie des parties prenantes (stakeholders). Selon CAZAL (2011), FREEMAN, le précurseur de ladite théorie, la définie comme « tout groupe ou individu qui peut affecter l'atteinte des objectifs de l'entreprise ou être affectée par celle-ci. 50 » Une telle approche invite à intégrer dans la gestion stratégique de l'entreprise les variables sociopolitiques au lieu de se limiter aux seuls actionnaires dans une approche classique. Elle s'inscrit dans le cadre de la responsabilité sociale des entreprises alliant éthique et gestion dans une dynamique de négociation dans un environnement d'ouverture. La question centrale de cette théorie est selon EVAN et FREEMAN (1983) « au profit de qui et aux dépends de qui doit-elle être gérée ? 51» Dans la vision de la théorie des parties prenantes, l'école doit être perçue comme une organisation qui doit satisfaire les besoins des usagers qui sont les différents acteurs de l'éducation (élèves, parents, enseignants, administration et financiers). Toute cette littérature pourrait permettre de comprendre les scores réalisés par les facteurs liés à l'organisation des classes passerelles. 49 C. GAUTHIER, 2006, « Réussite scolaire et réformes éducatives. Pourquoi est-il si difficile de rendre nos systèmes éducatifs plus performants pp. 10-11 ? » in http://www.ccl-cca.ca/pdfs/ Mi-nerva/MinervaGauthierFrancaisFINAL.pdf, consulté le 01 juin 2015. 50 D. CAZAL, 2011, « RSE et théorie des parties prenantes : les impasses du contrat », Revue de la régulation, in : http://regulation .revues.org/9173., consulté le 31 janvier 2016 51 W. EVAN et E. FREEMAN, 1983, «Stakeholder theory of the modern corporation : Kantian capitalism», Ethical theory and business, Englewood Cliffs, NJ: Prentice Hall, p. 75-84 34 |
|