4. Les classes passerelles en tant que dispositif de
renforcement du système scolaire
Le renforcement du système scolaire conventionnel
s'apprécie à quatre niveaux qui sont : (i) le renforcement de la
gestion administrative ; (ii) le renforcement de l'accès, la
rétention et l'équité en éducation ; (iii) le
renforcement de la qualité de l'éducation ; (iv) et le
renforcement contextuel et les conditions d'exercice.
4.1. Du renforcement de la gestion administrative
Au niveau de l'axe relatif à la gestion administrative
du système scolaire, l'étude a proposé l'harmonisation des
procédures de mise en oeuvre, la prise en compte des facteurs
organisationnels comme la participation communautaire, la gestion du projet et
la mise en place du projet, l'élaboration d'un plan de carrière
pour les enseignants et d'une stratégie de financement des classes
passerelles.
L'étude a montré une gestion participative,
comme le suggère LIKERT (1974) dans son modèle de «
management participatif.391 » La gouvernance scolaire des
classes passerelles s'est opérée, alors, à travers une
démarche de consultation et d'association des acteurs du projet. C'est
ainsi que sont présents, dans l'implantation et la mise en oeuvre du
projet, les acteurs étatiques et non étatiques. Le sommet de
cette gouvernance participative est la présence de la communauté
locale dans la mise en oeuvre du projet. Cette participation communautaire
est
390 K. I. KOFFI, 2009, « Analyse du résultat scolaire
des élèves de CE2 du primaire public : cas des classes
passerelles de la zone centre de la Côte d'Ivoire »,
EDUCI/ROCARE, Afr educ dev issues, n°2, 2010, special JRECI
2006 & 2009, pp.279-294
391 R. LIKERT, 1974, op. cit.
342
matérialisée par le COGES qui
bénéficie d'une feuille de route qui prend en compte, la mise en
place des écoles, la sécurité, le fonctionnement et la
pérennisation des écoles. D'un point de vue pragmatique, elle
permet d'accroître la confiance de tous les acteurs impliqués dans
la gestion de l'école. Cette démarche a, ainsi, abouti à
l'élaboration d'un guide de mise en oeuvre des classes passerelles dont
l'harmonisation requiert, une fois encore, la gestion participative des
acteurs.
Administrer une organisation, selon FAYOL, « c'est
prévoir, organiser commander, coordonner et contrôler. 392 »
Il s'agit de constituer l'organisation, de permettre au personnel, de remplir
ses fonctions et d'harmoniser les travaux tout en veillant au respect des
règles établies. FAYOL exprime, par cette définition, la
vision du management participatif. Dans le cadre de notre étude, les
dysfonctionnements qui sont observés, à savoir : les modes de
gestion variés des classes passerelles, le manque de perspectives pour
les personnels et le manque de ressource sont dus à une insuffisance de
planification. Conformément aux
travaux de ANY-GBAYERE (1998), « la planification
consiste à concevoir un futur désiré ainsi que les moyens
réels d'y parvenir. C'est aussi une prise de décision
possédant des caractéristiques. 393» Ainsi, Il
distingue deux types de planifications nécessaires et
complémentaires : la planification stratégique destinée au
long terme et la planification tactique destinée au court terme. Cette
conception de la planification induit que le MENET dispose d'un plan
stratégique et tactique pour le fonctionnement des classes passerelles.
Ces plans doivent intégrer le plan stratégique global du
système éducatif. Au niveau tactique ou opérationnel, des
spécificités peuvent être prises en compte pour prioriser
un type d'action par rapport à un autre. Une meilleure planification
exige une intégration de tous les éléments du plan
après en avoir défini les objectifs, les moyens, les conditions
et les tâches, comme le suggère ANY-GBAYERE (1998).
Au niveau interne du système scolaire, les objectifs et
les moyens sont identifiés, mais les facteurs de risque comme les
arrêts de cours, les catastrophes natu-
392 R. DAVAL, 2018, op. cit.
393 S. ANY-GBAYERE, 1998, op. cit., p. 44
343
relles ou artificielles et les crises économiques sont
imprévisibles et difficilement maîtrisables. Leur gestion exige du
système scolaire, des mesures de mitigation appropriées. Dans le
cas de la Côte d'Ivoire, l'administration scolaire fait face à une
situation en perpétuel changement, d'où l'intérêt
à accorder à « l'attitude d'adaptation active
394» pour rendre ce système plus efficace. Dans cette
optique, la gestion des ressources humaines et matérielles pourrait
être optimisée pour obtenir les meilleures performances. C'est une
démarche qui exige un équilibre entre les ressources disponibles
et les opérations. Cela nécessite la consolidation des
mécanismes de mise en oeuvre. Ceux-ci doivent être revus,
reévalués et corrigés.
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