3.1.3. De l'influence de la mise en place du
projet
Selon notre étude, la variable «mise en place du
projet» représente 11,78 % des déterminants de la
performance des élèves des classes passerelles. La
procédure de mise en place obéit à des normes relatives
à la situation géographique, la distance, le nombre de population
scolarisable et le critère genre.
En effet, au niveau de la situation géographique, le
ciblage des localités en manque d'infrastructures éducatives et
celles regorgeant une grande quantité d'enfants en marge du
système scolaire permet aux classes passerelles, de rendre
l'éducation accessible au maximum d'enfants. Par ce fait, elles
contribuent à l'extension de la couverture scolaire nationale.
Le critère distance s'applique dans le cas des classes
passerelles EPT. Ainsi, peuvent bénéficier de la classe
passerelle, les localités distantes d'une école conventionnelle
de plus de 7 km. L'étude montre que ce critère a
été respecté dans 70% des cas. La distance moyenne entre
les sites passerelles et l'école conventionnelle la plus proche est
estimée à 22,22 km. Les promoteurs expliquent que : «
l'objectif du critère distance, en général, est de
prioriser une localité par rapport à l'autre, étant
donnée l'insuffisance des ressources pour faire face à toutes les
demandes. »
Les effectifs des classes sont modulés par le nombre de
population scolari-sable. Le projet prend en compte au moins 30 hors du
système scolaire dans la
357 A. LEGER, 2002, op. cit., pp. 9-10
358 C. GAUTHIER, 2006, op. cit., pp. 10-11
330
localité. L'âge de ces enfants doit être
compris entre 9 et 13 ans ; cela, pour permettre aux enfants d'avoir
accès au CM2, au plus tard, à 15 ans. Le respect des
critères de recrutement des élèves est capital pour le bon
fonctionnement des classes. Cela s'est avéré juste dans le cas du
village de Mamoya (Oddienne) qui a proposé des élèves plus
jeunes que l'âge requis. Les résultats scolaires ont
été les plus bas dans cette localité. Le respect des
critères a pour avantage de mobiliser tous les acteurs autour du projet
école pour sa réussite.
Mis en rapport avec le fonctionnement du système
scolaire conventionnel, le sujet des critères de mise en place rappelle
certains dysfonctionnements relevés par le RESEN 2016. Il s'agit
notamment, des disparités de scolarisation régionales et de sexe,
ainsi que l'éloignement des écoles des lieux de résidence
des apprenants. En effet, selon le RESEN (2016), au niveau de la
répartition des infrastructures scolaires une différence
fondamentale existe entre le Nord et l'ouest et les autres régions du
pays. C'est ainsi « qu'au niveau national, il existe une école
primaire tous les 2,8 km en moyenne, [alors que dans] les régions du
Nord et de l'Ouest du pays, près de la frontière avec le Liberia,
les écoles primaires sont séparées par une distance
moyenne de 4 km. 359 » Les 22 km de moyenne de distance inter-école
des classes passerelles confirment, d'une part, l'existence des
disparités de scolarisation entre les zones rurales et urbaines, d'autre
part, Cela montre que la situation s'est améliorée entre 2009 et
2014. Le critère genre trouve sa pertinence dans le constat fait par
l'ENSETE de 2013, selon lequel : « outre les problèmes financiers,
qui entravent de manière similaire la scolarisation des filles que celle
des garçons (42 % des cas), les tâches ménagères
sont particulièrement pénalisantes pour les filles, étant
mises en avant dans 6 % des cas (...)360. » Dès lors, il
devient impératif pour le système éducatif de faire une
discrimination de scolarisation positive en faveur des filles. Malgré
cette approche genre de recrutement, notre étude révèle
que les filles représentent 42% des effectifs des classes passerelles.
Cela signifie que des obstacles existent toujours dans l'application de
359 Gouvernement de Côte d'Ivoire et al, 2016, op.
cit., pp.10-11
360 ibidem
331
cette disposition. En conséquence, Il est souhaitable
d'approfondir les recherches sur les raisons de cette disparité comme
suggéré par le RESEN 2016.
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