Conclusion de la troisième partie
En somme, en dépit du bon rendement interne des classes
passerelles, différents dysfonctionnements ont été
constatés au niveau de la gouvernance, de la pédagogie et de
l'environnement de la mise en oeuvre du projet école.
Les insuffisances de gouvernance se manifestent soit par
l'inexistence de certains volets importants de la mise en oeuvre, soit par le
retard dans l'exécution d'autres aspects du projet. Ainsi,
l'étude a constaté : le retard de paiement des primes et de
livraison du matériel, l'absence de financement de l'Etat, de cantines
scolaires et de perspective pour les ex-animateurs. On note, également,
l'insuffisance d'archivage et des primes des animateurs. Ces insuffisances ont
démontré les limites organisationnelles du dispositif des classes
passerelles.
Au plan pédagogique, les difficultés
rencontrées concernent, entre autre, la divergence du concept «
classe passerelle » qui a impacté l'organisation des enseignements.
La présence des élèves de 7 et 8 ans parmi leurs
semblables de 9 à 14 ans a perturbé le processus d'apprentissage
accéléré. L'absence d'animateur suppléant a
réduit le temps scolaire. Des disparités d'effectifs entre filles
et garçons en faveurs des garçons ont été
constatées. L'utilisation de la langue maternelle comme outil
d'enseignement, s'est heurtée à l'absence d'étude fiable
dans ce domaine ainsi qu'à l'absence d'un syllabaire de langue
maternelle. La présence de salles de classes inadaptées ont pu
affecter le processus d'apprentissage dans la mesure où elles sont
inutilisables en période d'intempérie. Enfin, l'étude a
relevé, l'insuffisance du temps de formation initiale des
enseignants.
Au plan environnemental, des dysfonctionnements ont
été constatés au niveau des conditions d'intervention des
acteurs du projet, des conditions d'accès à l'éducation en
situation d'urgence, du processus d'apprentissage, de la qualification des
personnels enseignants et la politique éducative en vigueur. Face
à ces insuffisances, les acteurs ont proposé des mesures
palliatives, d'une part, et des actions susceptibles de capitaliser les acquis,
d'autre part, en vue de renforcer le
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système scolaire conventionnel national, tout en
prenant en compte des axes d'orientation sectorielle du PAMT secteur
éducation/formation 2012/2014.
Ainsi, au niveau de l'axe de la gestion administrative du
système éducatif, l'étude a proposé une
harmonisation des procédures de mise oeuvre des classes passerelles,
davantage de moyens financiers pour les acteurs, un plan de carrière
pour les enseignants et le relèvement du niveau de leurs primes.
Concernant l'axe relatif à l'accès, la rétention et
l'équité en éducation, l'étude a proposé la
généralisation de la politique éducative de maintien des
classes passerelles au système scolaire national. Elle a ensuite
proposé un raccourcissement de la durée du cycle primaire qui de
six à trois ans avec des programmes accélérés
à l'instar des classes passerelles ; toute chose qui nécessite la
révision de l'âge d'accès en cours préparatoires.
Sur le plan administratif, l'étude a, également, proposé
que tout le processus de mise en oeuvre du système éducatif soit
conforme à la politique éducative de maintien. Cela suppose une
révision des méthodes d'enseignement et d'évaluation.
Au niveau de l'axe de la qualité de l'éducation,
l'étude a proposé la vulgarisation des techniques d'encadrement
de proximité des classes passerelles, pour la mise à niveau des
élèves en retard d'apprentissage, dans un souci
d'équité et de relèvement du niveau des acquis scolaires.
Les programmes accélérés sont également pris en
compte dans cette optique. Conformément aux indicateurs de la
qualité, l'étude propose de mettre l'accent sur la
compétence des enseignants, la qualité des outils d'enseignement
et l'environnement scolaire.
Enfin, l'axe relatif au contexte et aux conditions d'exercice,
a permis de développer une stratégie basée sur
l'éducation en situation d'urgence. Cette stratégie s'appuie sur
les normes de l'INEE concernant les personnels d'éducation en situation
d'urgence, le processus d'enseignement, l'environnement d'apprentissage et les
conditions d'interventions. Ces propositions devront permettre le renforcement
de la résilience du système scolaire conventionnel dans un
contexte d'éducation d'urgence.
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