7.2.2. Phases de l'intervention d'urgence
Selon l'INEE (2006) « La réponse apportée
par l'éducation en situation d'urgence est axée sur la
satisfaction des besoins réels des populations affectées, ainsi
que sur l'enseignement formel. 39» Ces besoins changent en
fonction des phases et des situations. On distingue ainsi, trois phases qui
sont :
- la phase aigüe ;
- la phase chronique ou d'adaptation ;
- et la phase de retour, de réintégration et de
réhabilitation.
La phase aigüe est marquée par la fuite ou le
déplacement des populations. Les actions menées à ce
niveau sont : la diffusion d'informations et de messages cruciaux relatifs aux
risques que représentent les mines, aux risques sur la santé et
l'environnement et l'insistance sur les actions psychosociales et
récréatives.
La phase chronique ou d'adaptation est marquée par la
mise en place d'un apprentissage organisé, formel et non-formel. Cet
apprentissage porte sur des thèmes axés sur la préparation
des populations déplacées au retour, la gestion des
éléments de risque ainsi que l'éducation basée sur
le rétablissement de la paix et des droits de l'homme.
La phase de retour, de réintégration et de
réhabilitation prépare les déplacés au retour et
à la réinsertion dans leur milieu d'origine. Cette étape
est marquée par des actions qui donnent foi en l'avenir, favorisent la
reconstruction et l'amélioration de l'ensemble du système
éducatif. Sans minimiser l'importance des dégâts qu'a pu
subir le système éducatif, cette phase doit exploiter les
opportunités positives qui se présentent au lendemain d'une
situation d'urgence. Ces opportunités impliquent, entre autres, le
développement de stratégies et de pratiques plus
équitables en matière de genre ainsi que la révision de
programmes d'études et de méthodes pédagogiques. Il est
alors nécessaire de disposer d'un délai suffisamment long pour
concevoir les programmes d'enseignement, assurer
39 INEE, 2006, comprendre et utiliser les normes
minimales pour l'éducation en situation d'urgence, Paris, INEE,
pp.7-8
26
la formation des enseignants et atteindre progressivement les
nouveaux objectifs qui ont été définis.
7.2.3. Cadre règlementaire de l'intervention
d'urgence
Le cadre règlementaire est fixé par le projet
sphère qui a été lancé en 1997 par un groupe
d'agences humanitaires, ainsi que le mouvement de la Croix-Rouge et du
Croissant Rouge. Ce cadre règlementaire sera repris et renforcés
par le Réseau Inter-agence de l'Education d'Urgence (INEE) dans les
années 2000. En effet, c'est au bout de deux ans de collaboration
inter-agences que le projet sphère a développé un manuel
contenant une charte humanitaire et a identifié des normes minimales
dans cinq domaines essentiels de l'assistance humanitaire, à savoir :
l'approvisionnement en eau, l'assainissement, la nutrition et l'aide
alimentaire, l'aménagement des abris et des sites ainsi que les services
médicaux.
Sphère se fonde sur deux principes fondamentaux.
Premièrement, il énonce que toutes les mesures possibles doivent
être prises pour alléger la souffrance humaine résultant
des conflits et des catastrophes. Deuxièmement, il soutient que les
personnes touchées par les catastrophes ont le droit de vivre dans la
dignité, et donc le droit à l'assistance. Le Projet Sphère
s'appuie sur :
- le droit international humanitaire, les droits de l'homme et
le droit des réfugiés ;
- le code de conduite qui est un ensemble de principes de
comportement pour le mouvement international de la Croix-Rouge et du
Croissant-Rouge et pour les ONG, dans l'exécution des programmes de
secours, en cas de catastrophe.
En adhérant à la Charte humanitaire et aux
normes minimales, les agences humanitaires s'engagent, dans leurs actions, en
faveur des personnes affectées par une calamité ou par un conflit
armé, à offrir des services correspondant à certains
niveaux de qualité définis et à promouvoir le respect des
principes humanitaires fondamentaux. A travers la charte humanitaire, les
agences expriment aussi, leur engagement vis-à-vis de ces principes et
marquent leur détermination à mettre en
27
oeuvre, les normes minimales d'intervention. Cet engagement
repose sur la manière dont chaque agence comprend ses propres
obligations éthiques. Il reflète, par ailleurs, les droits et les
devoirs, consacrés par le droit international, envers lesquels les Etats
et les autres parties ont des obligations établies.
Les normes minimales visent, quant à elles, à
quantifier ces exigences en termes de besoins qui sont ceux des personnes
affectées dans les domaines suivants: eau, assainissement, nutrition,
nourriture, abris et soins médicaux. Ainsi, la charte humanitaire et les
normes minimales contribuent à la mise en place d'un cadre
opérationnel au sein duquel peuvent exercer les agences humanitaires en
cas d'urgence.
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