7.2. Classes passerelles et éducation d'urgence
Il est important de savoir que le dispositif des classes
passerelles, objet de notre étude, intervient dans le cadre de «
l'éducation d'urgence », suite à des conflits armés
en Côte d'Ivoire. Pour mieux comprendre ladite notion, nous nous referons
à la littérature disponible. Celle-ci explique les fondements de
l'éducation d'urgence, en fixe les étapes et le cadre
légal, puis, présente les théories qui en
découlent.
7.2.1. Genèse et fondement de l'éducation
d'urgence
Depuis le Forum Mondial sur l'Education Pour Tous à
Dakar en avril 2000, l'éducation d'urgence est devenue un sujet
d'attention particulière car elle a été recommandée
aux pays subissant le contrecoup des conflits et des catastrophes naturelles
à la prendre en compte dans leurs politiques d'éducation. Si le
Forum de Dakar fait de l'éducation d'urgence une priorité dans
son agenda de 2000, il est important de savoir que le terme est apparu une
décennie auparavant, c'est-à-dire dans les années 1990.
En effet, selon LANOUE (2006), « l'éducation en
situation d'urgence a pris forme en tant qu'action humanitaire de
réponse immédiate aux conflits, au début des années
1990. 37» Elle correspond à des programmes
éducatifs spécifiques initiés en Bosnie, au Rwanda, en
Somalie et au Soudan. Ces programmes d'assistance aux enfants dans les camps de
réfugiés, à Dadaab (Nord Kenya) par exemple, ou aux
enfants soldats au Congo, en Sierra Léone et au Liberia visent
à
37 E. LANOUE, 2006, Éducation, violences et conflits
armés en Afrique subsaharienne
Bilan critique de nos connaissances et perspectives de
recherches, Communication du colloque de Yaoundé du 06 au 10 Mars
2006, p. 8
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la « rescolarisation 38» des victimes de
guerre, tantôt avec les moyens du bord, tantôt avec l'aide des pays
hôtes.
Par la suite, les principaux initiateurs de l'éducation
en situation d'urgence que sont le HCR, l'UNESCO, l'UNICEF et les organisations
non gouvernementales ont vite constaté l'ampleur des désastres
causés par les effets de ces guerres sur les systèmes
éducatifs des pays concernés, principalement pour les personnes
déplacées internes ou pour les réfugiés. Dès
lors, la notion « d'urgence éducative » a été
étendue à la prise en charge des conséquences des
conflits, sur un terme relativement long (plusieurs années, voire
plusieurs décennies). Pour les acteurs de ce secteur, l'urgence dure
à la mesure des enjeux et de la complexité des situations.
C'est un domaine qui engage des acteurs divers, chacun avec
ses enjeux, ses objectifs, ses moyens, ses intérêts. Cela rend la
nécessaire action de coordination quasi impossible. Au-delà des
particularités, et avec la conscience qu'aucune situation n'est
semblable à une autre, bon nombre de mesures sont nécessaires
dans le cadre de l'éducation d'urgence ; ce sont :
- le choix des sites permettant la reprise d'activités
d'enseignement ;
- la réhabilitation et la reconstruction
d'établissements scolaires ;
- les fournitures scolaires et les équipements
pédagogiques ;
- la reconstitution des équipes pédagogiques et
administratives ;
- l'appui financier aux enseignants et parfois aux familles ;
- la formation des enseignants et la formation des formateurs
;
- la reprise et le développement de l'enseignement
technique et de la formation professionnelle en particulier pour
répondre aux nécessités de la reconstruction ;
- et l'assistance au traitement des traumatismes liés
à la guerre, à la perte des proches, à l'exil et aux
violences subies, etc.
38 E. LANOUE, 2006, op. cit., p. 8
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