Conclusion du chapitre 5
Le chapitre 5 a analysé les dysfonctionnements
observés lors de la mise en oeuvre des classes passerelles.
L'étude en a abordé trois aspects, à savoir les
difficultés de gouvernance, les difficultés pédagogiques
et les difficultés contextuelles.
Au niveau des dysfonctionnements de la gouvernance, il ressort
que les promoteurs accusent un retard dans la fourniture et l'acheminement des
intrants nécessaires à la mise en oeuvre du projet école.
Ce retard est également observé au niveau du payement des
indemnités des personnels volontaires. Quand ces indemnités sont
perçues, elles sont jugées insuffisantes. Cet aspect financier
est lié au volume de financement global du projet des classes
passerelles qui reste assez limité par rapport aux besoins
d'éducation. Cette situation financière difficile s'explique, non
seulement, par une absence de l'engagement total des moyens de l'Etat, mais,
également, par l'accroissement, sans cesse, des populations
scolari-sables. La gestion de ces effectifs constituant une tâche
supplémentaire pour les écoles hôtes des classes
passerelles.
Au niveau des enseignants volontaires, l'on observe une
absence de perspective car il n'y a pas de plan de carrière prévu
pour eux après les classes passerelles. La plupart est jetée en
pâture au monde infernal de la recherche d'emplois. En ce qui concerne la
mise en oeuvre, le guide ne couvre pas tous les aspects du processus, d'une
part et les aspects qui y figurent rencontrent des obstacles dans la mise en
route, d'autre part. C'est ainsi que l'intégration des apprenants fait
face à la résistance de certains acteurs des écoles
conventionnelles. De même, ces apprenants ne bénéficient
pas de suivi régulier de la part de l'administration scolaire
étatique, contrairement à ce qui est prévu dans le guide.
La stratégie de pérennisation des classes passerelles,
après le retrait des ONG internationales demeure une question
irrésolue.
La section relative aux difficultés pédagogiques
a permis de montrer que les pratiques pédagogiques des classes
passerelles ne sont pas harmonisées. Cela est dû au fait que les
promoteurs ont des perceptions différentes dudit-concept ; un
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fait qui entraîne parfois, des pratiques
pédagogiques non conformes aux standards de l'enseignement. Dans la
même veine, la conception des curricula s'est heurtée à la
dynamique observée au niveau des disciplines enseignées, de la
méthode d'évaluation et de l'encadrement des animateurs. Sont
également mises en évidence, les difficultés relatives
à l'utilisation de la langue maternelle comme langue d'enseignement, la
formation des enseignants et leur présence en classe ainsi que la
gestion du temps scolaire. La question clé des curricula est relative
à la manière dont le dispositif organise les
éléments précités pour assurer des enseignements de
qualité.
En outre, sur l'axe pédagogique, malgré les taux
de réussite excellents affichés, des déperditions, en
termes de redoublement et d'abandon, existent, soit 07,07% pour les classes NRC
et 08,10% pour les classes EPT. Une contre-performance attribuée au
non-respect de l'âge de recrutement des apprenants, d'une part et
à l'hétérogénéité de niveau des
apprenants d'une même classe, d'autre part. Toutefois, le lien entre
performance scolaire et hétérogénéité des
apprenants est apprécié diversement par les acteurs. Pour
certains, l'hétérogénéité est
bénéfique pour les apprenants, alors que les autres la
considèrent comme un facteur de contre-performance. Enfin, des
disparités d'effectifs entre filles et garçons subsistent dans
les classes, la proportion des filles étant estimée à 40%
pour les classes EPT et 46% pour les classes NRC. Une situation que les
promoteurs expliquent par l'existence de pesanteurs socio-culturelles dans les
localités bénéficiaires des classes passerelles qui sont
majoritairement rurales.
Quant à l'analyse des difficultés liées
au contexte, elle a permis de comprendre comment l'environnement scolaire et
social affecte la mise en route du projet école. C'est un contexte
marqué essentiellement de post-crise accompagné d'un
environnement socioéconomique défavorable. Cette conjoncture est
exprimée par la mise en place difficile du projet, des ressources
matérielles et financières limitées et des salles de
classes inadaptées. Une mise en place qui a rencontré des
obstacles tels que la méfiance des populations et les critères de
choix des sites, en partie, subjectifs. Quant aux salles de classes, leur
construction en maté-
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riaux provisoires, justifiée par les ressources
limitées, ne permet pas les meilleures conditions d'apprentissage. Au
nombre des dysfonctionnements relatifs à l'environnement interne des
classes passerelles, il y a l'insuffisance de cantine scolaire et de
communication ainsi que l'absence de document d'archive. L'absence de l'Etat
dans ces zones a entraîné beaucoup de cas de naissance non
déclarée à l'Etat civil, d'où l'absence d'extrait
de naissance lors de l'inscription dans les classes passerelles. En somme, le
chapitre 5 a permis de relever les dysfonctionnements susceptibles d'être
corrigés dans une perspective de renforcement du système scolaire
conventionnel.
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