3.9. Discrimination contre les élèves
à intégrer
La discrimination contre les apprenants des classes
passerelles est une réalité. Le constat malheureux est que les
élèves des classes passerelles qui doivent intégrer
l'école conventionnelle sont victimes d'une négligence. En effet,
certains directeurs d'école qui ont en charge l'inscription des
élèves à intégrer à l'école
306 Magali Hamer CHELPI-DEN, 2015, op. cit., p. 48
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conventionnelle, donnent la priorité aux
élèves de l'école conventionnelle au détriment de
ceux issus des classes passerelles. Cela entraîne parfois chez ceux-ci,
un retard sur le début des cours.
Cette attitude se justifierait par le fait que les
écoles hôtes sont surpeuplées. Les directeurs
perçoivent donc l'intégration des nouveaux élèves
comme une tâche supplémentaire. C'est cette situation de pression
que tente d'expliquer ce directeur de l'EPP Kamonoukro de Bouaké en 2009
: « nous sommes débordés, les classes sont pleines à
craquer. Les enfants sont assis par trois sur les mêmes table-bancs. On
espère voir la situation s'améliorer. »
3.10. Insuffisance de coordination
Malgré l'existence du groupe cluster sur
l'éducation, chaque ONG mène son projet classe passerelle de
manière indépendante, car chaque promoteur a un PTF
spécifique qui dicte ses exigences propres. CHELPI-DEN exprime cette
préoccupation dans son évaluation de 2015 comme suit : «No
joint inter-programme monitoring database exists where NRC staff can easily
view and share informa-tion.307»
La coordination des projets est un élément
clé de la mise en oeuvre des classes passerelles. L'élaboration
des principes de cette coordination exige une démarche inclusive. Tous
les acteurs du secteur de l'éducation, notamment les PTF, devraient y
prendre une part active. La synergie d'action pourrait harmoniser les pratiques
des promoteurs.
3.11. Absence de documentation
Le manque d'archive physique et électronique sur les
classes passerelles ne permet pas de constituer une base de données
fiables qui puisse orienter les acteurs dans ce domaine. Nous en avons pris
conscience lors de nos recherches documentaires. Les documents, s'ils existent,
ne sont pas toujours centralisés ; ils
307 M. H. CHELPI-DEN, 2015, op. cit., p. 49
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restent plutôt au niveau des acteurs locaux. Un fait qui
ne garantit pas leur conservation et leur intégrité.
Une autre question connexe à la documentation est le
droit de propriété des ONG promotrices sur leurs données.
En effet, certaines de ces ONG ne peuvent publier leurs données que
quelques années après l'exécution du projet. Cette
attitude découle des termes des conventions signées avec le PTF.
Face à nos sollicitations en 2012, une personne ressource à NRC
nous rappela ce principe en ces termes : « Les données dont je
dispose ne m'appartiennent pas. Elles sont au compte de NRC qui ne m'autorise
pas à les publier. NRC se réserve le droit de leur publication
trois ou cinq ans après l'exécution du projet. » Ce sont des
propos qui illustrent bien les difficultés de collecte d'information au
niveau des promoteurs des classes passerelles.
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