II - De l'avènement à l'exil
A la mort d'Auguste, Tibère devient le second
empereur de Rome. C'est à ce moment que l'historiographie rapporte le
premier crime de sa vie : l'assassinat de son rival Postumus, alors
exilé pour démence depuis quelques années. Niant avoir
donné cet ordre, peut-être prononcé par Auguste
lui-même pour faciliter la succession, certains y voient la marque d'une
hypocrisie indigne. Refusant en premier lieu le pouvoir, il finit par
l'accepter sous certaines conditions. D'un idéal modeste, il
réduit les dépenses de l'empire, quitte à être
qualifié d'avare ou de dédaigneux, et refuse d'aller aux
spectacles dont raffole le peuple. Incapable de se faire apprécier des
Romains, il est vite considéré comme un tyran et critiqué
par ses sujets.
Pour sa succession, il s'entoure de son fils naturel
Drusus, né de son premier mariage, et de son fils adoptif Germanicus,
fils de son défunt frère cadet. Le second est aimé du
peuple, possède une grande ambition et, malgré sa
fidélité prouvée lorsque des soldats
révoltés cherchent à le dresser contre son père
adoptif, il constituait une menace à l'autorité de l'empereur. En
effet, si Tibère avait été désigné au
pouvoir par le souhait de son prédécesseur, manifestement en
l'absence d'autres choix, il ne peut en rien concurrencer la
légitimité d'un jeune homme lié à la famille,
populaire, marié à la petite-fille d'Auguste et - c'est là
le danger selon certains - descendant de Marc Antoine, l'adversaire d'Auguste
durant la guerre civile deux générations plus tôt. Un
événement vient achever cette crise : la mort suspecte de
Germanicus le 10 octobre 19, due soit à une maladie mortelle, soit
à un empoisonnement commandité par un ennemi. C'est cette seconde
hypothèse que retient sa veuve, Agrippine, qui cherche alors à se
venger de l'empereur. Celui-ci, tant pour se protéger que pour
l'incapacité supposée de son fils à lui succéder,
se choisit un allié en la personne de Séjan, un chevalier
ambitieux. Le fils du prince, Drusus, s'oppose à ce nouveau favori et
trouve la mort dans des conditions curieuses en l'an 23.
III - Une affreuse fin de règne
Démissionnaire face à la haine des
Romains, Tibère s'exile à Capri en 27 ap. J.-C., pour ne jamais
revenir. Il laisse alors l'exercice du pouvoir, en son nom, à
Séjan. Celui-ci, visant au pouvoir suprême, fait éliminer
tout concurrent : d'abord le fils de Tibère, dont il a séduit la
femme, puis Agrippine et ses deux fils aînés, morts de mauvais
traitements en prison7, ainsi que de nombreux Romains jugés
dangereux. Comprenant la volte-face de son ami, Tibère le fait
exécuter, le 18 octobre 31, et semble perdre ce qui restait de confiance
en autrui. Il ne lui reste alors que trois héritiers potentiels : son
petit-fils Gemellus, alors âgé de onze ans et supposé
illégitime (puisque sa mère était l'amante du
traître Séjan), son neveu Claude, handicapé et bègue
(il fut, par la suite, empereur durant treize ans), et le dernier fils de
Germanicus, Gaius, plus connu de nos jours sous le surnom de
Caligula.
Durant cet exil, Tibère ne laisse
paraître que peu de signes de vie, alimentant les rumeurs. Ses ennemis
vont jusqu'à affirmer que le vieil homme, presque abstinent tout au long
de sa vie, assouvit sa luxure dans ses formes les plus infâmes.
Tibère meurt le 17 mars de l'an 37 ap. J.-C., à l'âge de 78
ans. Selon les sources, il serait mort de vieillesse (à la suite d'une
syncope) ou aurait été assassiné sur ordre de Caligula,
alors devenu le troisième empereur romain. Il laisse alors le
trône à un personnage retenu par la postérité comme
l'un des pires hommes de l'Histoire.
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7. Néron en 31, Drusus et Agrippine en
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