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La postérité de l'empereur Tibère (XVIIIème- XXIème siècle)


par Thomas Min-Tung
Université du Havre - Master 2 « Cultures, Espaces et Sociétés Urbaines et Portuaires » 2015
  

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b. Séjan et la politique : le premier des empereurs appuyé par l'armée ?

Pour comprendre le règne de Tibère à partir de la mort de Germanicus - où est-ce devenu le règne de Séjan ?452 - il nous faut étudier le rapport qu'entretenait son ministre avec la politique de l'époque, et la manière dont il l'a influencée.

Cet homme avait, selon Linguet, « toutes les qualités qui rendent ce qu'on appelle un grand Seigneur dangereux, méprisable et puissant453». Par son charisme, il s'est montré appréciable et efficace dans la tâche que Tibère lui confiait. S'il en est arrivé à ce niveau, c'est, semble-t-il, à cause du manque d'initiative du Sénat454. Connaissant le sentiment de Tibère à l'égard de cette assemblée, il lui proposa une nouvelle politique dont elle pourrait être, en certains points, écartée, permettant une plus grande liberté d'action pour le souverain - posant ainsi les bases du principat tel qu'il fut régi par les princes de Rome postérieurs à Tibère455. Séjan serait alors, dans sa conception de la politique, le premier empereur de Rome, le premier à prôner le pouvoir absolu, du moins le premier d'une longue liste de princes faisant reposer leur légitimité sur l'exercice autocratique et sur l'armée - ce au détriment d'un Sénat composé de membres d'une haute société écoeurée par cet « inférieur » qui les dépasse.

447. Kuntz 2013, p. 60-61

448. Lyasse 2011, p. 159

449. Ibid., p. 161 : Emmanuel Lyasse nous fait remarquer le manque d'informations concernant cette promotion plus qu'impressionnante pour un chevalier. Il a probablement fallu négocier les termes de cet accord avec le Sénat, mais les sources contemporaines à l'événement sont perdues.

450. Kornemann 1962, p. 83

451. Lyasse 2011, p. 162-163

452. C'est le propos défendu par Jean-Louis Voisin, entre autres

453. Linguet 1777, p. 111

454. Storoni Mazzolani 1986, p. 270

455. Kornemann 1962, p. 140

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Car le « règne de Séjan », c'est l'avènement de la garde prétorienne dans la politique impériale. Le propos est d'autant plus souligné par les auteurs écrivant sous la monarchie ou l'Empire, dans la mesure où la situation leur semble analogue à la situation qu'ils vivent eux-mêmes. Ainsi, Linguet, à la fin du XVIIIe siècle, parle des fonctions du Préfet du Prétoire comme de celles que son roi attribuerait au Connétable ou au Chancelier456. L'armée n'aura toutefois pas attendu Séjan pour tenter de s'affirmer : on se rappelle des mutineries de 14 et des révoltés nommant, contre son gré, Germanicus pour les représenter sur le trône. Ce dont le préfet bénéficie, pour la première fois, c'est son acceptation à assumer ce rôle de « maître des armées », sentiment que partageront par la suite les prétendants de « l'année des quatre empereurs » et les militaires de la « crise du IIIe siècle ». En lui succédant à la tête des prétoriens, Macron devient un temps le maître de Rome dans l'ombre de Caligula. De par leurs méthodes, leur absence de victoires militaires (rappelons qu'il s'agit de la garde de Rome, dont le camp est situé sur une colline à proximité, non d'une armée mobile) et leur implication dans des complots sanglants, les prétoriens ne sont pas appréciés par la postérité. Charles Beulé va jusqu'à en faire le symbole de la déchéance de la liberté, des assassins utilisant la

loi pour assiéger Rome : Tout à coup le clairon sonne : retournez-vous, vous n'avez plus sous les yeux que la triste arène du camp prétorien. Là fut l'arsenal le plus formidable du despotisme; là fut ensevelie pour jamais la liberté romaine ; là fut une armée d'oppresseurs organisée dans la cité contre la cité ; là fut l'état de siège perpétuel, l'ennemi campé en face de citoyens désarmés; là régnèrent insolemment l'oisiveté, la débauche, la cupidité, la rébellion mercenaire et la soumission plus mercenaire encore; là on conspira contre les bons princes et l'on adora les images des plus mauvais ; là on mit le pouvoir à l'encan, jusqu'à ce que ce cancer établi au sein de Rome eut tout affaibli, tout détruit, tout dévoré457.

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