c. Adams : Consoler le fils (1894)
Nous évoquions précédemment
Tiberius, a Drama. A la fin du premier acte, Tibère doit quitter
Vipsania et dissimule avec peine sa tristesse et le sentiment d'injustice qui
le touche. Mais il est un témoin à cette scène, naïf
et innocent : son fils Drusus. Trop jeune et candide pour comprendre ce qui
arrive, il questionne son père, qui veut lui apprendre les valeurs que
se doit de posséder un vrai Romain. Mais le conseil que donne
Tibère à son fils sonne comme une auto-condamnation : en suivant
les vertus qu'il présente comme magnifiques, il détruit sa propre
vie. Et, alors qu'il veut que son fils le respecte pour son courage, l'enfant
ne remarque que les larmes dans les yeux du père blessé
:
Drusus II. Pourquoi doit-elle nous quitter,
père ? Où va t-elle ? Où allez vous, mère
? Tibère. Regarde moi, Drusus Droit dans les yeux. Ta
mère doit nous quitter, En cette heure et ne pas dire au
revoir Car nous devons être braves, nous devons être
Romains Drusus II. Mais est-ce romain de ne pas dire au revoir
? Tibère. Oui, très romain. Et très
moderne (tenant la tête de Drusus II dans ses mains) Mon enfant, je
pense que tu sera toujours un brave garçon Pas comme ton père,
qui est un couard [Vipsania part] Drusus II. Pourquoi
pleurez-vous, père ? Pourquoi vos yeux Sont-ils emplis de larmes
?968
967. Walloth W., Tiberius, Leipzig : Hesse und
Becker Verlag, 1889, p. 196-202, in. David-de Palacio 2006, p.
258-261
968. Adams 1894, p. 59 : Drusus II.
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Pour ne pas faire de peine à son fils,
Tibère présente leur nouvelle vie, sans Vipsania et aux
côtés de la famille princière, comme un jeu. Pour le
récompenser de se montrer courageux, il promet de l'emmener voir les
gladiateurs, sachant que Drusus en raffole. Et dans son propos, Tibère
ne peut s'empêcher de faire allusion à sa mélancolie : le
perdant peut être épargné s'il s'est bien battu, et
tué s'il a été lâche. Se considérant comme un
faible, pour avoir abandonné sa femme à la volonté du
prince, il dit, à mots couverts, mériter son destin.
Tibère. Mais penses, mon garçon,
à l'amphithéâtre Comment dans cette arène les
homme lèvent leurs armes devant la mort Comment le poursuivant voit
le trident levé Pour le percer à travers le filet. Nous devons
partir Et voir les spectacles aux ides. Nous deux Nous partons chez
l'Empereur. Drusus II. Oh ! Formidable ! Formidable ! Les
verra-t-on combattre ? Tibère. Oui, oui. Drusus
II. Et pourrai-je Baisser le pouce comme le font les hommes des rues
? Tibère. Ou le lever s'il a combattu
vaillamment Drusus II. Oui, s'il a bien combattu : mais pas si
ce n'est pas le cas.969
Why must she leave us, father? Where's she going
?
Where art thou going, mother ?
Tiberius.
Look at me, Drusus,
Right in the eyes. Thy mother leaves us
now,
This very hour, and will not say
good-bye.
Because we must be brave, we must be
Romans.
Drusus II.
But is it Roman not to say good-bye
?
Tiberius
Ay, very Roman--of the modern stamp
(holding Drusus II.'s head in his
hands').
My lad, I think thou'lt be a brave lad
always.
Not like thy father, who's a sorry
coward.
[Vipsania goes out]
Drusus II.
Why, thou art crying, father ? Why, thine
eyes
Are full of tears.
969. Ibid., p. 59-60 :
Tiberius.
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