WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

La postérité de l'empereur Tibère (XVIIIème- XXIème siècle)


par Thomas Min-Tung
Université du Havre - Master 2 « Cultures, Espaces et Sociétés Urbaines et Portuaires » 2015
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

III - Tristissimus homo : compatir pour Tibère

Dans la fiction, il est plus facile de réhabiliter Tibère. En suggérant des émotions, en suscitant le pathétique, on peut faire éprouver de la compassion pour l'être fragile. Afin de souligner le propos, il semble inévitable de devoir reproduire quelques extraits où Tibère est présenté comme plongé dans les pensées les plus mélancoliques, dans une vulnérabilité qui fait du prince tout puissant, maître du monde, un personnage humain brisé par le chagrin.

a. Campan : Le monologue désespéré (1847)

Dans la tragédie Tibère à Caprée, Bernard Campan présente les derniers jours de Séjan. C'est dans la dernière scène, la sixième du cinquième acte, que la colère du prince atteint son paroxysme. Détruit par la trahison de son favori, les aveux de sa belle-fille et la vérité sur la mort de son fils, Tibère abandonne toute dissimulation pour promettre à Rome, qu'il juge coupable de ses malheurs, une vengeance à la mesure de sa rage. Nous avions déjà cité les derniers mots de la pièce dans l'introduction et, à la lumière de cette étude, il semble désormais pertinent de remonter quelques

295

vers plus haut afin de démontrer de l'horreur de la scène, où le prince s'excuse auprès de son ami fidèle de lui faire subir les scènes sanglantes qui vont suivre tout en lui faisant promettre de ne pas le trahir en révélant au monde la réalité : celui qui va détruire Rome est en pleurs.

TIBERE
Suis-je assez malheureux ? Privé d'un fils que j'aime,
Je vois un assassin qui s'accuse lui-même,
Insulte à ma douleur et, bien loin de pâlir,
De son crime inouï semble s'enorgueillir.
La mort, qui tant de fois a servi ma puissance,
M'a ravi sans retour l'objet de ma vengeance ;
Le perfide Séjan, à ma rage échappé,
Brave dans le tombeau celui qu'il a trompé.
Eh quoi ! Je suis cruel et je n'ai point encore
Déchiré de mes mains un monstre que j'abhorre !
Et le fer enflammé n'a pas fait de son flanc
Sortir ce qu'il renferme et d'horreur et de sang !
Qu'on l'ôte de mes yeux ; privé de la lumière,
Qu'on l'enferme vivant dans le sein de la terre ;
Qu'aux animaux impurs il soit abandonné,
Par la soif et la faim à mourir condamné.
Rome, tremble à ton tour ; dans peu tu vas connaître
Ce qu'attendent de toi les larmes de ton maître.
Il ne reviendra pas sur tes murs renversés
Fouler de tes enfants les membres dispersés ;
C'est d'ici que sa voix, dictant tes funérailles,
D'un crêpe ensanglanté couvrira tes murailles.
De ce crêpe funèbre il couvre sa maison ;
Que Livie et Séjan, Agrippine et Néron
S'éteignent à la fois ; qu'une race ennemie
Cesse d'empoisonner le reste de ma vie.
Règne, règne, Caius ; je ne connais que toi
Pour faire regretter un prince comme moi !
LEPIDE
Que dites-vous, Seigneur ? Votre raison s'égare.
TIBERE
Oh ! Le plus vertueux et l'ami le plus rare,
Quelle fatalité te fait en sa rigueur
Pressentir les moments marqués pour mon malheur ?
Va chercher des amis dont le coeur noble et tendre,
Formé comme le tien, soit digne de t'entendre ;

296

Que mon destin cruel par eux soit ignoré ;
Surtout, ne leur dis pas que Tibère a pleuré966.

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"Il ne faut pas de tout pour faire un monde. Il faut du bonheur et rien d'autre"   Paul Eluard