III - Les Mémoires de Tibère
a. Présentation du roman
Le roman a été écrit par Allan
Massie (1938-) en 1990, en langue anglaise, puis traduit en français en
1998. Basé sur les écrits perdus de Tibère (il
était notamment l'auteur de Commentaires, de poèmes et de
Mémoires de sa vie politique), il est censé avoir
été écrit en deux temps, la première partie au
retour de Rhodes, la seconde dans ses dernières années. Les
événements sont contés du point de vue de Tibère,
et le lecteur peut savoir ce que pense l'homme en son for intérieur.
Ainsi sont contées des histoires, anecdotes aux yeux de la
postérité, qui ont du marquer le prince de son vivant : c'est le
cas de sa mission en Arménie, où il est marqué par
l'horreur en voyant les vétérans de l'armée de Crassus,
désormais des vieillards brisés, baiser les pieds de leurs
vainqueurs Parthes ou lorsqu'il devient l'amant du fils d'un prince germain,
otage romain. Dans la seconde partie du roman, il sauve la vie d'un jeune
gladiateur dont il tombe amoureux tout en refusant de le toucher : il pense que
sa vieillesse et l'aspect dégoûtant de son corps souillerait un
être aussi bon. A sa mort, son ami, devenu chrétien, fuit Capri en
emportant le manuscrit afin de sauvegarder la mémoire de Tibère,
un personnage mélancolique et incompris dont les écrits prouvent
la gentillesse profonde et sa définition du sens de la vie : quitter ce
monde affreux pour profiter du peu de beauté qui subsiste.
L'auteur cherche à réhabiliter
Tibère, homme sincère dont la cruauté n'était que
légende. Les événements eux-mêmes sont
éludés, pour laisser place à une étude
psychologique, ou à l'évocation du caractère privé
des relations entre les membres de la famille princière. Ainsi, l'auteur
prête une relation à Tibère et Julie durant leur jeunesse,
alors que la jeune femme est liée au bellâtre et impuissant
Marcellus, et c'est le personnage principal qui est le premier à toucher
à celle qui devait
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devenir la risée de Rome. Les autres
personnages sont également développés, à moindre
échelle : Mécène est un homosexuel en pleine
déchéance, tombé dans l'infamie pour oublier qu'il a lui
même créé le mauvais Auguste à partir de son ami
d'enfance. Germanicus est détestable et retord et Séjan est comme
un frère pour le prince avant qu'il se décide à le trahir.
De la dernière génération, seul Néron nous est
sympathique, présenté comme un efféminé incapable
de la moindre méchanceté.
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