d. Velleius Paterculus
Velleius Paterculus est issu d'une vieille famille
romaine, mais fait partie des hommes nouveaux. Ces ancêtres sont
illustres, tant du côté paternel (Velleii : le grand-père
était au service du père de Tibère, l'oncle était
sénateur durant la guerre civile), que du côté maternel
(Magii : un héros des guerres puniques, un lieutenant de Sylla). Sa
famille, comme beaucoup d'hommes nouveaux, oeuvre sous la clientèle des
patriciens, ici principalement des Vinicii (et, dans son cas, de Marcus
Vinicius)
Né vers 20 av. J.-C., Paterculus suit une
carrière politique enviable : tribun militaire en Thrace et en
Macédoine aux alentours de 1 av. J.-C., préfet équestre
dans l'armée du Rhin de 4 à 12, questeur en 6, préteur en
15 (35 ans). On perd l'état de sa carrière par la suite (un P.
Vellaeus est légat de Mésie en 21 - peut-être est-ce le
même homme), et il disparaît définitivement des sources en
l'an 30, sans que l'on ne sache s'il fut éliminé pour avoir
fréquenté Séjan, s'il a atteint le pic de sa
carrière ou s'il s'est retiré de la vie politique. Beaucoup
estiment qu'il est mort à la suite de l'exécution de
Séjan, mais le fait que Marcus Vinicius, son patron, soit resté
en grâce et ait épousé une soeur de Caligula peut permettre
d'envisager l'hypothèse d'une simple absence de faits marquants
dès lors (il est alors quinquagénaire).
15. Nous intéressent ici les tomes 53 à
58.
13
Son oeuvre nous servant de source dans notre
étude sur Tibère est son Histoire Romaine. Celle-ci se
divise en deux tomes au contenu quantitativement disparate : le premier
comporte 18 chapitres, le second 131 (il est probable que des lacunes existent,
bien que le plan général n'admette pas de rupture). La
dédicace était faite au consul M. Vinicius, on peut
aisément fixer la date de fin de son écriture à
l'année 29-30, celle du consulat de cet homme. Il est néanmoins
peu probable qu'il ait fallu une seule année à Velleius
Paterculus pour rédiger son oeuvre, et certains auteurs estiment qu'il
en ait écrit les premières lignes cinq à dix ans
auparavant. N'étant pas considéré comme un récit
majeur de l'Antiquité, ce texte est longtemps ignoré avant
d'être redécouvert au XVIe siècle à travers
l'étude d'un manuscrit daté du VIIIe siècle, le
Murbacensis, par un clerc alsacien, Rhénanus. Celui-ci en
entreprend alors une traduction, à l'aide d'imprimeurs et
érudits, afin de restituer la cohérence de cet
oeuvre.
Velleius évoque pour la première fois
Tibère lors du 94e chapitre du second tome. Comme tout
événement de son étude est postérieur à la
guerre civile, il semble qu'ils tienne ses sources de témoignages de
proches et, pour les dernières années, de sa propre
expérience (il aurait connu Caius et a servi huit ans en Germanie, sous
les ordres de Tibère). S'il est contemporain des faits relatés,
ce qui n'est pas le cas des trois autres auteurs majeurs sur la vie de
Tibère, son récit est bien souvent remis en cause. En effet, il
est manifestement admiratif (semble-t-il plus par respect envers celui qui fut
son commandant et son prince que par flatterie mal placée), lui doit
indirectement sa carrière politique - Vinicius étant un proche de
l'Empereur, pouvant ainsi intercéder en la faveur de ses «
protégés » -, et se base sur une vision personnelle des
événements, manquant ainsi de sens critique. Ainsi, sans remettre
en cause l'honnêteté de Velleius, les modernes le
considèrent moins comme un historien que comme un membre de l'ordre
équestre remerciant les princes qui ont permis à sa famille de
s'affirmer16.
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