c. Dion Cassius
Dion Cassius est un historien grec, originaire de
Nicée, ayant vécu a la croisée du deuxième et du
troisième siècle (on pense qu'il est né en 170 et mort en
235). Fils d'un gouverneur de Dalmatie et de Cilicie sous le règne de
Marc-Aurèle, sa propre carrière politique fut
florissante14: il fut, tour à tour, sénateur sous le
règne de Commode, préteur sous celui de Pertinax, consul suffect
sous Septime Sévère, préfet de Pergame sous Macrin,
proconsul d'Afrique et légat de Dalmatie et de Sicile sous
Sévère Alexandre.
En dehors de son implication dans la politique de
l'Empire, Dion Cassius nous est connu pour ses écrits. Une grande partie
de son oeuvre nous est perdue : les auteurs de l'Antiquité citent
notamment l'existence de biographies d'Arrien et de Commode, ainsi que d'un
ouvrage consacré aux rêves (dédié à Septime
Sévère). Certains auteurs byzantins lui attribuent une
parenté avec Dion Chrysostome (fin du Ier siècle), auteur d'un
discours sur la royauté (mais Cassius n'en fait pas lui-même
état dans les textes que nous lui connaissons).
L'oeuvre qui contribue à sa renommée aux
yeux de la postérité est son Histoire Romaine,
composée sur 80 livres et conservée partiellement. Les historiens
divisent souvent cette oeuvre en trois parties :
superposés de crimes et de délires
analogues, aussi fastidieux que les catalogues lubriques du marquis de Sade.
»
13. Gascou 1984, p. 345
14. Les dates de ces affectations ne sont pas
précisément établies, ainsi l'on se réfère
à une position sous le règne d'un empereur. Il est donc possible,
par exemple, qu'il ait accédé à la préture avant
l'avènement de Pertinax.
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de l'arrivée d'Énée en Italie
à la guerre civile entre César et Pompée (livres 1
à 40), de sa conclusion à la mort de Claude (livres 41 à
60) et jusqu'à la mort d'Héliogabale (livres 61 à 80). Ont
pu être conservés les tomes 36 à 6015 (la
période allant de 67 av. J.-C. jusqu'à 47 ap. J.-C.), des
extraits des tomes 78 et 79 et un abrégé des 35 premiers livres
par le byzantin Zonaras (XIIe siècle). Les tomes 61 à 77 et 80
sont définitivement perdus.
Dion Cassius est souvent loué pour son
érudition (il aurait commencé ses recherches durant une retraite
à Capoue au début du IIIe siècle, et l'aurait
rédigé sur une période dix à quinze ans). De par
ses recherches et la longue période qu'il souhaite raconter, il est une
des rares sources à évoquer certains événements
historiques. On lui reproche néanmoins une écriture quelque peu
limitée en comparaison de ses modèles proclamés (comme
Thucydide) et un attachement aux songes qui fait paraître certains
éléments comme le témoignage de sa
crédulité. Son avis est toutefois moins tranché que celui
de ses deux prédécesseurs, dans le sens où il
apparaît parfois moins hostile à Tibère : il admet dans les
paragraphes VII à XI du Livre 57 que le nouveau prince se conduisait,
dans les premiers temps de son règne, avec amabilité et
dignité. Il porte néanmoins essentiellement un regard
négatif sur le règne de Tibère, marqué par les
crimes.
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