c. L'heure du bilan
L'échec politique du successeur d'Auguste est donc
bien plus relatif que ne le laisse paraître la postérité.
Il était impossible, même pour le plus doué des hommes, de
faire tomber seul cette monarchie déguisée et Tibère agit
du mieux qu'il le put, arrivant même à soutenir certaines actions
politiques courageuses qui furent longtemps perdues à la
postérité. Il n'a pu revenir à la République, mais
régna en prince juste, mêlant ses origines aristocratiques aux
revendications populaires jugées
nécessaires709.
Ainsi Roger Caratini ose nommer un chapitre de son
ouvrage, celui consacré aux premières années du
règne de Tibère seul « le bon prince ». Durant
les six premières années de son règne, ou du moins
jusqu'à la mort de Germanicus, signant le début de ses ennuis, il
sut se montrer respectueux des institutions romaines tout en les remaniant pour
légitimer le principat. Adepte de modération, intelligent, il ne
lui manquait que l'affection pour devenir l'égal de
Germanicus710. C'est ce bon prince que le peuple a injustement voulu
jeter au Tibre, tandis que les soldats transportaient dignement le corps de
celui qu'ils voyaient encore comme un grand guerrier711.
707. Beesly 1878, p. 112
708. Ibid., p. 105
709. Syme 1958, p. 427-428
710. Caratini 2002, p. 182
711. Ibid., p. 280
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