3.4. Conclusion
En concluant ce troisième chapitre qui a porté
essentiellement sur l'appréciation critique de la théorie
éducative illichienne, nous pouvons dire, comme pour toute oeuvre
humaine, que la pensée éducative développée a ses
limites et bien sûr que oui ses mérites. C'est ainsi que le
premier point de ce chapitre a relevé trois grands mérites :
le premier mérite illichien est celui de l'éveil de conscience
pour une éducation juste, son oeuvre nous interpelle, remet en question
l'organisation de l'éducation afin que l'État et les
gestionnaires scolaires prennent conscience d'assurer les chances égales
d'enseignement à tous. Le deuxième est celui du questionnement
sur le rôle de l'école, tout en distinguant l'école de
l'éducation, le rôle de l'école pour la
société doit être clairement défini, une occasion de
fixer des finalités scolaires dignes en élaborant des programmes
suivant une politique scolaire s'inspirant d'une philosophie de
l'éducation visant à surmonter la crise des systèmes
scolaires tout en prônant une éducation libératrice et
conviviale. Le troisième mérite illichien est la valorisation du
tiers milieu éducatif. Illich, en bon philosophe de l'éducation,
nous force de reconnaître que l'éducation ne doit pas être
monopolisée par l'école et la famille, il nous faut un
troisième milieu beaucoup plus important, question d'une
éducation diversifiée et de la promotion des capacités
individuelles des jeunes pour le bien de la société.
Le deuxième point de ce troisième chapitre s'est
attelé à démontrer les limites de la pensée
éducative illichienne. Ainsi, trois grandes limites ont
été également maintenues. La première limite est
l'illichisme comme théorie utopique, Yao Assogba montre que cette
théorie n'est d'une utopie monastique, car seule l'école peut
garantir la qualification des individus à des postes de travail ;
la deuxième limite relevée est la conception de sa
pédagogie où il prône les réseaux éducatifs
comme moyen alternatif de l'école, ces réseaux semblent
illimités car ils sont envisagés univoquement dans des
applications pragmatiques et immédiates. La troisième limite est
celle du caractère obligatoire de l'école, si nous rejetons
l'école, nous subirons la perte de protection des enfants que
l'école assure, non seulement comme une simple garderie, mais surtout
pour transmettre l'apprentissage et notre savoir ne sera qu'une masse
incohérente de savoir-faire sans règles et sans principes, et
nous perdrons du coup la formation morale spécifique que l'école
assure à tous les siens.
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