1.2.7.2 Le diagnostic
éducatif en psychoéducation et les représentations de la
maladie
Comme l'explique d'Ivernois et Gagnayre (1995, p.55), «
le diagnostic éducatif est la première étape de la
démarche d'éducation qui permet d'appréhender
différents aspects de la personnalité du patient, d'identifier
ses besoins, d'évaluer ses potentialités, de prendre en compte
ses demandes dans le but de proposer un programme d'éducation
personnalisé ». La Haute Autorité de Santé (2007)
place le diagnostic éducatif comme la première étape dans
la mise en oeuvre de l'éducation thérapeutique d'un patient
atteint de maladie chronique. Le diagnostic éducatif repose sur un
échange au cours d'une ou plusieurs séances et est
individualisé en fonction des objectifs de chaque patient. Il n'est pas
figé et, évolutif et progressif, il doit permettre d'être
régulièrement actualisé. L'Organisation Mondiale de la
Santé le définit comme « un recueil systématique,
détaillé et itératif d'informations par le soignant,
concernant la situation bioclinique, éducative, psychologique et sociale
du patient.
Ces informations doivent servir de base pour la construction
d'un programme d'éducation thérapeutique personnalisé
». Les informations recueillies doivent permettre au soignant
d'identifier les compétences que le patient peut acquérir,de
repérer les facteurs favorisant l'apprentissage et ceux qui risquent de
le limiter. Le modèle d'Ivernois et Gagnayre propose de construire le
diagnostic éducatif sur cinq dimensions.
1.2.7.3
Psychoéducation pour les patients bipolaires
La psychoéducation est fréquemment
administrée aux patients bipolaires comme traitement psychosocial
principal en combinaison avec la pharmacothérapie. Van Gent et
al.,(1988) ont testé une intervention psychoéducative de groupe
d'une durée de 10 rencontres. Significativement plus de patients du
groupe psychoéducatif (75 % vs 29 %) rapportent s'être
améliorés, et 70 % de ces patients ont maintenu cette
amélioration 15 mois après la fin de l'intervention.
Dans une deuxième étude, Van Gent et Zwart
(1993b) ont évalué un programme psycho éducatif bref
hautement structuré. Ils ont comparé l'effet de ce programme
à leur programme précédent de 10 rencontres.
Une amélioration subjective a été
observée dans les deux groupes. Les participants ont été
globalement satisfaits du programme, mais plusieurs (29 %) ont indiqué
que le programme bref était d'une durée insuffisante.Dans une
étude subséquente, Van Gent (2000) a observé des
résultats similaires pour les deux programmes. Les résultats
indiquent une diminution des problèmes d'observance à la
médication et du nombre d'hospitalisations trois ans après la
tenue des groupes psycho éducatifs.
Peet et Harvey (1991) ont évalué
l'efficacité d'une intervention psycho éducative brève
administrée sous format de groupe. Les patients du groupe psycho
éducatif ont démontré une plus forte augmentation de leurs
connaissances sur le lithium et de leurs attitudes positives quant à la
prise de médication, au suivi six et 12 mois respectivement..
Perry et al. (1999) ont testé l'efficacité d'une
intervention individuelle qui entraîne les patients à
reconnaître les signes précurseurs d'une rechute et à
appliquer un plan d'action pour intervenir sur ces symptômes.
L'apparition d'une rechute maniaque a été retardée chez
les patients du groupe traitement (65 vs 17 semaines) et ceux-ci ont connu
significativement moins de rechutes maniaques que les patients du groupe
contrôle (27 % vs 57 %). Par contre, aucune différence n'a
été observée entre les groupes quant au délai
d'apparition d'un épisode dépressif ou l'observance à la
pharmacothérapie.
Dans une étude canadienne, Zaretsky et al. (2008) ont
assigné aléatoirement les patients bipolaires à la
psychoéducation (N = 40) ou à la psychoéducation et
à la TCC combinées (N = 39). Aucune différence n'a
été observée pour le nombre d'hospitalisations,
l'observance à la pharmacothérapie, le fonctionnement
psychologique ou l'utilisation des services de santé mentale. Par
contre, les patients qui ont reçu la TCC ont passé 50 % moins de
jours avec des symptômes dépressifs.
En résumé, les résultats de plusieurs
études suggèrent que la psychoéducation est aidante et
efficace pour les patients atteints d'un trouble bipolaire. Ce type de
traitement, administré en format de groupe, augmente la connaissance du
trouble bipolaire et semble avoir des effets bénéfiques sur
l'observance au traitement pharmacologique. De plus, la stabilité
thymique semble être influencée de façon positive. Les
résultats semblent plus robustes dans le cas d'un traitement plus long
et intensif, mais même un traitement très bref aurait des effets
bénéfiques non négligeables chez cette clientèle
complexe (Provencher M, D., 2012.p.170).
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