Annexes
« conception », « préconception »,
« représentation préscientifique », « conception
erronée », « misconception »... Il est évident que
toutes ces appellations ne sont pas équivalentes dans l'esprit des gens
qui les privilégient. En effet, la préconception apparaîtra
comme immature ou incomplète par rapport à la norme
établie, alors qu'une conception erronée sera définie
comme une conception fausse. Giordan et Vecchi (1987) ont relevé
à ce sujet 28 qualificatifs, allant de «
préreprésentations rémanentes » à «
prérequis », et 27 synonymes, passant du «
déjà-là » aux « pupilles paradigmes ».
Il paraît clair que ce concept est pour le moins ambigu
et que ces différentes appellations qu'on lui donne en font un concept
« mou » à définition « floue » (Giordan et
Vecchi, 1987). Giordan et Martinand (1988) suggèrent d'abandonner le
terme « représentation » au profit de celui de «
conception » afin de pallier « l'effet de brouillage
» dû à l'utilisation du premier terme dans différents
champs disciplinaires.
1.3 INTERET RESSENTI PAR RAPPORT AUX CONCEPTIONS DES
APPRENANTS : COMPRENDRE POURQUOI LES ELEVES NE
COMPRENNENT PAS
En 1938 Gaston Bachelard écrivait : « J'ai souvent
été frappé du fait que les professeurs de sciences, plus
encore que les autres si c'est possible, ne comprennent pas qu'on ne comprenne
pas » (Bachelard, 1938). On peut sans doute dire que la question de savoir
pourquoi ils ne comprennent pas fut la question centrale des débuts de
la didactique pratiquement jusqu'à nos jours. Nous faisions
l'hypothèse, banale aujourd'hui, mais énorme pour
l'époque, que derrière les erreurs systématiques
rencontrées chez nos élèves et nos étudiants
existait une structure et qu'il était possible de la décrire.
Autrement dit nous nous proposions de modéliser un fonctionnement qui
serait commun, si pas à tous les élèves, au moins à
une majorité de ceux-ci.
Bachelard avait déjà perçu quelque chose
lorsqu'il écrivait :
« Quand il se présente à la culture
scientifique, l'esprit n'est jamais jeune. Il est même très vieux,
car il a l'âge de ses préjugés ».
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