La dépénalisation des délits de presse et la protection des droits de la personnalité au Burkina Faso( Télécharger le fichier original )par Yacouba GORO Institut des Sciences et Techniques de l'Information et de la Communication - Bac+5 en Science et technique de l'information et de la communication 2016 |
SECTION 2 : PRESENTATION ET ANALYSE DES DONNEES QUALITATIVESSur le terrain, nous avons pu observer les journalistes dans leur rédaction et sur les terrains de reportage. De cette observation, se dégagent plusieurs constats. Certains de ces constats sont des actions qui confortent la presse burkinabè dans son professionnalisme. D'autres sont des pratiques ou comportements qui n'honorent pas le journalisme et positionnent ce métier comme un danger à la protection des droits de la personnalité du public. I. La tenue des conférences de rédactionLa conférence de rédaction est une instance de débat et de délibération sur diverses questions professionnelles, notamment les menus des éditions du journal, appréciation des prestations de ses membres, organisation d'échéances importantes (couverture médiatique de grands événements), médiation interne, en cas de différends, rappels à l'ordre face à d'éventuelles atteintes aux normes déontologiques ou éthiques. Elle est aussi un lieu d'évaluation et d'autoévaluation des prestations des journalistes comme l'a reconnu Anicet Laurent Quénum133(*), d'où son allure de cuisine interne. Elle se tient, du lundi au jeudi entre 8h et 9h, dans la majorité des organes de presse. Dans les cinq organes de presse que nous avons sillonnés, nous avons constaté une tenue régulière de la conférence de rédaction. Cette pratique, si elle permet de faire le point et mener des critiques sur les reportages publiés ou diffusés, elle peut servir également de tamis pour mettre à l'écart, les éventuels articles qui pourraient porter atteinte aux droits de la personnalité. En effet, un reportage mal écrit, un commentaire partial, une interview fade ou encore, un magazine déséquilibré n'échappe pas à la critique, voire à la sentence de la conférence de rédaction. C'est donc une instance redoutée par tous ceux-là qui sont allergiques à la contradiction. On y formule des critiques touchant au contenu professionnel. Ces critiques sont néanmoins formulées par des journalistes en direction de journalistes et ne sont accompagnées d'aucune purge au sens classique du terme, mais fonctionnent plutôt comme des dispositifs visant à améliorer le travail dans sa globalité au sein de la rédaction. Cependant, on constate dans la plupart des organes de presses observées, un problème dans l'organisation de cette conférence de rédaction. Cela se traduit le plus souvent, par le manque d'assiduité des journalistes. Ces derniers ont tendance à fuir ce moment de critique et d'autocensure. À cette absence notoire des journalistes à des conférences de rédaction, s'ajoute le refus d'acceptation des critiques. Certains journalistes restent réfractaires aux critiques relatives au respect des règles d'éthique et de déontologie, en les confondant aux restrictions du supérieur hiérarchique. Aussi, se pose souvent le problème d'autorité du rédacteur en chef qui est censé diriger la conférence de rédaction. Pour les organes de presse faisant leurs premiers pas dans le monde de l'information, la conférence de rédaction peine à se tenir régulièrement, ou se fait souvent par le téléphone, compte tenu de l'effectif très réduit des journalistes (4 journalistes pour un quotidien de la place). * 133Anicet Laurent Quenum, La conférence de rédaction comme outil d'autorégulation et espace de communication organisationnelle, cas de Radio-Bénin (1990-2000), Mémoire CESTI, Université Cheikh Anta Diop de Dakar-UCAD, Juillet 2004, P.101 |
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