0. 3. ETAT DE LA QUESTION
Tout chercheur qui s'engage dans une recherche doit prendre
connaissance des théories élaborées et des études
aussi variées que possible ayant trait à l'objet qu'il se propose
d'étudier. Pour J.P. FRANGIER, « l'état de la question
s'engage dans une démarche à deux dimensions consistant, d'une
part, à prendre connaissance des travaux qui ont été
réalisés sur le thème spécifique qui fait l'objet
de sa recherche, et d'autre part, à se forcer de mettre la main sur des
ouvrages de synthèse qui font le point sur les grandes questions qui
encadrent l'état de la question retenue ».1
' J.P. FRANGIER, Comment réussir un
mémoire, Paris, Ed. Dunod, 1986, p. 17.
3
En effet, nous ne sommes pas le premier à aborder un
sujet se rapportant à l'agent public et code de conduite ; mais beaucoup
de chercheurs y ont déjà consacré une attention soutenue.
A titre illustratif nous pouvons évoquer :
G.blundo et J.-P. Olivier De Sardan2, dans leur
ouvrage « Etat et Corruption en Afrique : une anthropologie comparative
des relations entre fonctionnaires et usagers » constatent que le complexe
de la corruption participe d' un profond processus de transformation de l'Etat
africain dont nous assistons à l'émergence de formes des
privatisations internes inédites et l'institutionnalisation rampante de
l'informel comme mode de gestion de l'Etat au quotidien. Les deux auteurs
prouvent encore que les codes tacites et les normes pratiques à l'oeuvre
dans la corruption débordent largement celle-ci et touchent aux
comportements habituels dans les administrations ou même dans les
sociétés étudiées où le fonctionnement
informel généralisé de l'Etat sert de terreau aux
pratiques corruptives, sans pour autant se confondre avec ces derniers.
Cynthia Fleury et Anne Caroline Prevot3, dont
l'ouvrage est intitulé « Le souci de la nature : apprendre,
inventer et gouverner », se sont posées la question de savoir :
« comment notre cerveau permet-il nos changements de comportements ?
».
Face à cette question psychologiquement humaine, les
auteurs ont prouvé que les comportements sont avant tout des
réponses à ce qu'un individu perçoit comme des besoins.
Parmi ceux-ci, les besoins vitaux comme se nourrir, être en
sécurité, se reproduire font l'objet des comportements
prioritaires. Lorsqu'ils sont satisfaits, les individus, les humains comme les
animaux, peuvent être amenés à faire des choix d'actions
qui vont satisfaire des besoins non vitaux.
Ces auteurs démontrent encore que les psychologues de
la conservation essaient depuis plusieurs années de comprendre le
comportement individuel et les facteurs pouvant les modifier, en donnant
l'exemple du modèle synthétique proposé par Paul Stern qui
reprend entre autre, la théorie du comportement planifié,
modèle selon lequel le
2G.BLUNDO et J.P. OLIVIER DE SARDAN, Etat et
Corruption en Afrique : une anthropologie comparative des relations entre
fonctionnaires et usagers, Paris, Ed. KARTHALA et APAD, 2007, Pp.1-7.
3 CYNTHIA. Fleury et A. Caroline PREVOT,
le souci de la nature : apprendre, inventer et gouverner , Paris.
CNRS, 2017, pp.165-166.
4
comportement individuel pro-environnement dépend de
quatre types des facteurs ci-après :
- Les facteurs attitudinaux qui regroupent tout ce qui
constitue la personne au moment d'adopter son comportement, ses croyances et
ses savoirs, mais aussi ses valeurs et son identité
;
- Les facteurs contextuels, extérieurs à la
personne : incitation (médiatique, financière, légale),
contraintes (financières, techniques...) et autres influences sociales
(réputation, normes) ;
- Les capacités perçues de la personne à
mettre en oeuvre son comportement, qui dépend de son degré de
connaissance théorique et pratique de sa confiance en elle, mais aussi
de son âge ou de sa catégorie socioprofessionnelle;
- Les habitudes et les routines, qui régissent la
plupart des comportements.
Ces deux auteurs concluent que, d'après ce
modèle, la connaissance (et la rationalité qui en
découlerait) n'est qu'un des nombreux facteurs qui influencent les
comportements.
Richard Soparnot4, dans sa contribution
scientifique, dont l'ouvrage est titré « Organisation et gestion de
l'entreprise » s'adresse principalement aux étudiants (e)s des
universités et les écoles de commerce en présentant de
façon synthétique les principaux concepts relatifs à
l'organisation et au management des entreprises.
Ainsi, l'auteur considère que la gestion des ressources
humaines comprend un ensemble d'activités qui suivent le cycle de vie du
salarié ; c'est-à-dire elle consiste à définir les
besoins de l'entreprise en personne et en compétence, à attirer
les meilleurs candidats en les intégrant dans leur carrière en
fonction des enjeux de l'entreprise et leur organisation.
L'auteur conclut en expliquant qu'afin d'assurer l'atteinte
des objectifs économiques, sociaux et sociétaux de l'entreprise,
les dirigeants, les managers intermédiaires et les futurs cadres
assument quatre missions fondamentales, dont nous avons : la gestion de la
chaine de valeur, la construction d'une architecture pour organiser, la
connaissance et ressort du comportement humain, enfin, l'identification des
ressources et les types de changements.
4 Richard. SARPANOT, Organisation
et gestion de l'entreprise, Paris, Ed.Dunod,1980, p. 120.
5
Batonon Mègnissè Helnide Lisette5
dans son mémoire portant sur « la motivation dans la fonction
publique béninoise », avait a orienté son étude
sur la nécessité de la motivation dans la fonction publique en se
posant la question suivant : quelles sont les conditions indispensables
à une réelle motivation dans la fonction publique ?
L'auteur démontre que, pour créer une
atmosphère sociale propice à une incitation de l'agent public,
les rémunérations à lui octroyé doivent
s'intégrer parfaitement dans la classification des autres traitements
perçus dans le milieu. Elles doivent se situer à une
échelle équivalente à celle des salaires perçus
dans le secteur privé, parapublic, dans les sociétés
d'Etat et les Organismes internationaux.
L'auteur ajoute en estimant que le rapprochement entre les
traitements entrainera une égalité entre les agents publics et
les autres travailleurs nantis d'un même diplôme. De plus, le
climat social serait parfait si la politique se détachait, tant soit
peu, de l'administratif avec une distinction entre les deux postes. Et cela
permettra une meilleure gestion administrative des ressources humaines.
Pour terminer son idée, l'auteur propose ceci : sur le
plan psychosociologique, la mise en place des règles juridiques d'une
fonction publique moins sécurisante, avec un régime de contrat et
non de carrière conviendrait pour éveil des consciences à
la permanence du danger de perdre son emploi. De plus, d'une manière
pratique, la définition claire et précise des objectifs, buts et
objets de chaque service mettrait toutes les pendules à l'heure et
constituerait des garde-fous pour tous les agents permanents de l'Etat.
Koto Yasimba Koyas6dans son travail de fin de cycle
intitulé « Recrutement des agents au sein des services publics et
son impact sur le rendement, cas de la Direction des Recettes du Katanga »
était parti du constat selon lequel, au sein des services publics de
l'Etat, notamment à la direction des recettes du Katanga, lorsqu'on
recrute on ne tient pas compte de certains principes du recrutement et cela
occasionne parfois un mauvais fonctionnement du service pour atteindre un bon
rendement. C'est ainsi que l'auteur s'est posé les questions suivantes :
Quel est le rôle et
5 L. BATONON. Mègnissè. Helnide, la
motivation dans la fonction publique béninoise, mémoire
inédit, ENA/Bénin. 1995-1996 ;
6 K. KOTO. YASIMBA, Recrutement des agents au
sein des services publics et son impact sur le rendement, TFC SPA, Unilu.
2013-2014.
6
7 F. MULUMBA. NGINDU, La
problématique de la politisation de l'administration publique face
à son efficacité, TFC SPA, Unilu. 2012-2013.
l'importance du recrutement dans un service public ? Et, quels
sont les mécanismes à mettre en relief pour promouvoir le
rendement ?
En réponse sur les questions posées, l'auteur
pense que le recrutement joue un rôle important sur le rendement dans la
mesure où il touche sur la qualité des agents ;
c'est-à-dire que le recrutement est l'un des facteurs le plus important
dans la réalisation des objectifs d'un service. Quant aux
mécanismes à mettre en place pour réaliser un bon
rendement il propose que les autorités administratives recrutent
convenablement les agents, en mettant chacun à la place qu'il faut et
dans un domaine précis pour une fin agréable. Il conclut que, la
direction des recettes du Katanga avait adopté une politique de
recrutement qui a porté ses fruits en 2013 par le fait que les
réalisations sont passées de 37,7% à 55,9. Il se
dégage là, une relation explicite de la représentation du
rendement des agents sur les réalisations de la direction des recettes
du Katanga. Bien que ces améliorations sont faites, le service n'atteint
pas les objectifs et prévissions.
Mulumba Ngindu Fabrice7 dans son étude
portant sur « La problématique de la politisation de
l'administration publique face à son efficacité, cas de la
Direction Générale des Douanes et Accises » avait dans sa
démarche, observé que les institutions sont régies par un
texte constitutionnel qui définit le mode d'acquisition du pouvoir et
les relations entre celui-ci et l'administration publique. Mais à son
grand étonnement, l'administration ne fait pas de ses
prérogatives pour exercer librement son autonomie et sa
neutralité à cause de l'implication totale de la politique dans
sa gestion, et empêche celle-ci de bien fonctionner.
Pour cerner la portée de son étude, l'auteur
illustre le cas de la Direction Générale des Impôts
où, au mois d'octobre 2011, il y a eu la mise en place des agents et
cadres qui n'a pas abouti par ce que certains cadres du parti
présidentiel n'étaient pas satisfait des postes qu'on leur
avaient donnés. Ainsi donc, il remarque qu'à la Direction
Générale de Douanes et Accises, l'engagement et la nomination se
passe par la politique tribale.
Après la constatation du fait, l'auteur s'est
posé les questions suivantes : Quel est l'impact de la politisation de
l'administration publique sur son efficacité ? Et quels sont les
problèmes qui sont liés à la politisation
7
de l'administration publique à la Direction
Générale de Douanes et Accises ?
Pour lever les ambiguïtés à son
étonnement, l'auteur démontre que le non-respect des textes
légaux dans les pays du tiers-monde et en République
Démocratique du Congo en particulier rend la neutralité et
l'autonomie de l'Administration Publique étouffée dans le sens
qu'elle n'a pas la liberté pour remplir et exercer ses fonctions. Et
quant à la deuxième préoccupation, l'auteur estime que la
politisation freine l'efficacité de l'Administration Publique par
l'engagement et la nomination des membres du parti politique aux postes
stratégiques, voire même à la tête des entreprises
publiques ; et partant de cette manière, l'efficacité sera
corrompue.
Dans ses dernières lignes l'auteur affirme que les
animateurs du politique et les directeurs généraux des
entreprises publiques qui sont issus de la volonté du peuple sont
d'office dépendant de la volonté du peuple.
Pungwe Mwanakayumba8 constate dans son travail de
fin de cycle intitulé « Structure salariale et son incidence sur la
motivation des agents dans une entreprise publique. Cas de la SONAS/Katanga
» que la République Démocratique du Congo fait face à
une crise qui ronge presque dans tous les secteurs de la vie nationale. Dans ce
contexte, certaines entreprises négligent l'application d'une bonne
structuration salariale. Dans cet angle d'idées, l'auteur cherche
à savoir si réellement la structure salariale adoptée en
République Démocratique du Congo en général, et
à la société nationale d'assurances en particulier, est un
facteur motivationnel qui peut déterminer la performance et
l'efficacité de l'entreprise. Dans la même logique l'auteur s'est
posé la question suivante : Quelle est l'incidence de la structure
salariale appliquée à la SONAS sur la motivation des Agents de
ladite entreprise ?
Partant de la question posée l'auteur tente de
répondre de la manière suivant : la démotivation des
agents de la SONAS serait l'incidence de la structure salariale
appliquée à celle-ci. Et pour lui, la structure salariale doit
permettre un salaire réel qui doit prendre en compte les exigences du
marché.
8 PUNGWE. MWANAKAYUMBA, Structure salariale et son
incidence sur la motivation des agents dans une entreprise publique, TFC
SPA, Unilu. 2013-2014.
8
9
Pour terminer avec sa réflexion, il estime que les
avantages sociaux et la répartition de salaire n'assurent pas la
motivation des agents au sein de la sonas.
L'originalité de notre étude se justifie par le
simple fait que nous décryptons le comportement de l'agent public de
l'Etat face à l'application du code de bonne conduite à la
Commune de Kampemba ; mais dans la série des auteurs cités dans
ce travail, nous estimons que, quelques-uns parmi ceux-ci convergent avec nous
sur certaines idées, et d'autres divergent sur quelques points.
Dans la première série des auteurs dont G.blundo
et J-P. Olivier De Sardan, nous convergeons sur l'idée selon laquelle la
corruption dans les services publics contribuent très
négativement ou freine le processus du développement d'un Etat
dans le sens que les agents et fonctionnaires n'agissent plus dans le sens de
l'intérêt général. Mais nous estimons que seule la
corruption dans les services publics ne pourra être le facteur phare ou
explicatif du sous-développement d'un Etat africain dans ce sens qu'il y
en a d'autres facteurs tels que : le détournement, le vol, le trafic
d'influence et le non-respect de certains textes légaux qui
régissent le fonctionnement des institutions publiques, ainsi que les
règles de conduite du personnel de l'Etat, notamment le code de conduite
de l'agent public de l'Etat.
Dans la deuxième série des auteurs dont nous
avons Cynthia Fleury et Anne Caroline Prevot, nous convergeons sur
l'idée selon laquelle l'être humain éprouve les besoins
vitaux et non vitaux ; et ces derniers sont des facteurs moteurs conduisant les
individus à adopter un comportement responsable. Dans notre regard nous
pensons que cette analyse comportementale est centrée sur l'individu
membre de la société au sens large contrairement à
l'individu membre d'une organisation formelle ou informelle dont le
comportement de l'individu considéré comme agent peut être
maitriser par l'esprit organisateur basé sur les principes et lois qui
orientent l'action de l'agent en se référant sur le code de bonne
conduite bien établi .
Et avec Richard Soparnot nous partageons son idée selon
laquelle, la gestion des ressources humaines consiste à définir
clairement les besoins de l'entreprise en personne et en compétence,
à attirer les meilleurs candidats en les intégrant dans leur
carrière en fonction des enjeux de l'entreprise et leur organisation.
Cette idée parait importante dans notre étude car une
organisation qui vise à atteindre ces objectifs
organisationnels doit gérer de manière objective
ses ressources humaines en commençant par le recrutement, la formation,
la rémunération, l'affectation ainsi que l'évaluation.
Dans cette suite d'idées, nous convergeons avec
l'auteur Batonon Mègnissè Helnide Lisette sur l'idee selon
laquelle , pour favoriser une atmosphère sociale propice à une
incitation de l'agent public, les rémunérations à lui
octroyé doivent s'intégrer parfaitement dans la classification
des autres traitements perçus dans le milieu. Cette idée
rencontre l'un de nos stratégies pour la maitrise du comportement de
l'agent public car nous pensons que le traitement en termes d'avantages dans le
secteur public comme privé doivent être égaux pour
permettre aux agents publics de respecter les règles et principes.
Nous divergeons avec l'auteur à un certain niveau, en
ce sens qu'il met beaucoup l'accent sur les traitements des agents publics tout
en ignorant que le traitement doit être en harmonie avec le rendement et
l'efficacité de l'agent public dans l'exercice de ses fonctions ; et
cela passe par un recrutement objectif car ce dernier permettra à
l'organisation d'avoir une ressource efficace et productive.
Avec Koto Yasimba Koyas, on s'accorde sur l'idée
maitresse qu'il expose sur le recrutement. Selon l'auteur, le recrutement joue
un rôle important sur le rendement dans la mesure où il touche sur
la qualité des agents ; c'est-à-dire que le recrutement est l'un
des facteurs le plus important dans la réalisation des objectifs d'un
service. Cette belle observation est réelle car dans notre travail nous
estimons que le recrutement influe sur l'efficacité de l'organisation
dans la mesure où ce sont les personnes recrutées qui appliquent
et respectent les règles de l'organisation ; et si ces dernières
sont mal recrutées, cela impactera sur l'organisation.
Et nous nous divergeons avec l'idée de l'auteur Mulumba
Ngindu Fabrice qui estime que le non-respect des textes légaux dans les
pays du tiers-monde et en République Démocratique du Congo en
particulier rend la neutralité et l'autonomie de l'Administration
Publique étouffée dans le sens qu'elle n'a pas la liberté
pour remplir et exercer ses fonctions. A cette idée, nous constatons que
l'auteur traite sur les conséquences du mauvais recrutement et
traitement des agents publics qui appliquent les textes légaux sans
connaitre les causes explicatives du non-respect- des textes légaux dans
les pays du tiers-monde et en République Démocratique du Congo.
Nous jugeons nécessaire explorer les causes du
10
non-respect de ces textes légaux. Et dans cette
étude nous visons l'objectif de connaître ces causes.
Pour terminer, nous nous alignons dans le cadre de cette
étude sur l'idée de l'auteur Pungwe Mwanakayumba qui estime que
la structure salariale doit permettre un salaire réel qui doit prendre
en compte les exigences du marché. Cette idée s'apparente avec la
nôtre car nous pensons que le traitement des agents publics au niveau du
salaire doit tenir compte du contexte économique afin de favoriser le
pouvoir d'achat des agents publics
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