I.1.4. Le projet Tanàna
Madio
Pourtant, à partir de 2016, un projet a
été initié pour une durée de deux ans, dans le
cadre d'un projet Tanàna Madio.
Figure 10:
Projet Tanàna Madio
Source : Cliché de
l'auteur, 2018
La politique Nationale de Santé précise que la
gestion des ordures et la latrine font parties des programmes de lutte contre
les maladies diarrhéiques, qui nécessitent une surveillance
épidémiologique efficace. La participation communautaire est une
condition nécessaire à la pérennité d'un projet. La
communauté qui est en mesure d'apprécier un service fera plus
d'efforts pour le maintenir en bon état de fonctionnement. Tel
n'était pas le cas dans la commune rurale de Miary.
L'appréciation des besoins relatifs à l'implantation du projet de
latrines et de gestion des ordures a été faite par une approche
technocratique. Les membres du conseil rural n'ont pas participé
effectivement au projet de latrines. À l'opposé, le programme
communautaire de latrines, doit sa réussite à l'implication de
communautés rurales dynamiques dans l'identification et la
quantification des besoins en latrines dans les communautés.
La détermination des activités menées
dans le cadre du projet n'a pas été maîtrisée par la
communauté. L'étroitesse de la participation communautaire est un
facteur limitant l'appropriation du projet. Le manque d'appropriation du projet
par les communautés retentit toujours négativement sur toutes les
autres étapes et nuit à sa pérennisation.
Les populations seraient plus responsables si elles
étaient associées dans les prises de décision à
travers un comité de gestion.
La gestion des ressources n'avait aucun organe de
contrôle impliquant la communauté. Pour une meilleure
adhésion de la communauté, celle-ci doit comprendre la
corrélation entre l'indisponibilité des latrines et la
prévalence des maladies diarrhéiques.
I.1.5. Les conséquences
provoquées par les lacunes en matière d'hygiène
Conscients de cette pollution, certains responsables
étatiques avec lesquelles nous nous sommes entretenus ont entrepris des
campagnes de sensibilisation afin de convaincre les populations de changer de
comportements. Mais leurs efforts sont restés vains jusqu'alors.
Nous avons donc pu constater la faiblesse de l'accès
à l'eau favorisant l'apparition de risques sanitaires. Manifestement, de
nombreux facteurs s'ajoutent aux faiblesses des volumes moyens de consommation
d'eau pour favoriser l'apparition et la propagation des maladies. Ces facteurs
sont les modes de gestion de l'eau, la faiblesse du niveau d'éducation
des populations et la dégradation du cadre de vie.
L'absence de cadre de concertation autour du poste de
santé et la faible implication du conseil rural ont limité la
participation communautaire au projet de latrines. Le faible taux de latrines
à Miary, corrélé à la proportion importante de la
diarrhée parmi les motifs de consultation exprimait la non atteinte des
objectifs du projet de latrines. Selon le rapport annuel des activités
du CSB II Miary en 2018 le taux de prévalence de la diarrhée est
environ de 2% ; alors que le taux de réalisation pendant cette
année tourne autour de 6%.
Figure 11:
Une latrine construite non utilisée
Source : Cliché de
l'auteur, 2018
Dans ce cas, l'implication des bénéficiaires se
limite à la phase de planification. Beaucoup de projets pêchent
dans leur stratégie participative à toutes les étapes,
surtout celle de mise en oeuvre. L'animation qui doit accompagner cette
étape, souvent réduite à la recherche d'adhérents,
mérite d'être adaptée au contexte des pauvres à
majorité analphabètes et souvent ignorant du bien-fondé de
la promotion de l'hygiène. Les populations seront disposées
à modifier leur comportement lorsqu'elles seront conscientes des liens
qui existent entre les maladies diarrhéiques et l'absence de latrines.
Sur la base de cette expérience, des recommandations
ont été formulées envers les différents
acteurs :
· La collectivité locale doit mieux s'impliquer
dans les activités du poste et coordonner les activités des
différents partenaires pour capitaliser le maximum de
bénéfice au profit de la communauté ;
· La communauté doit mieux s'impliquer dans toutes
les phases des projets ;
· Le CSBII doit appuyer l'installation d'un cadre de
concertation communautaire entre le poste, la collectivité locale et les
organisations communautaires de base ;
· Le Projet doit renforcer le comité de pilotage
avec les représentants des communautés.
Le projet de latrines n'a pas atteint son objectif dans la
communauté rurale de Miary du fait d'une très faible
participation communautaire dans les différentes étapes du
processus. La communauté, insuffisamment impliquée, n'a pu faire
la corrélation entre la santé et l'amélioration de
l'assainissement à travers la construction de latrines, et de ce fait
n'a pas adhéré au projet. Il est du ressort des techniciens
d'encadrer les représentants de la communauté et
d'améliorer leur niveau de connaissances dans le domaine de
l'hygiène pour amener les populations à s'approprier des projets
similaires ultérieurs.
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