3. Enjeux pour l'entrepreneur de
nécessité
a) Spécificités de son comportement
En 1988, une étude de J. Kochanski et L. Kombou a
été publié par l'Agence nationale pour la création
d'entreprise. Elle présentait une distinction entre « deux races de
créateurs : les explorateurs et les reproducteurs ». Si pour les
reproducteurs l'entrepreneuriat ne représente pas une «
découverte », ce n'est pas le cas des explorateurs qui nous
intéressent donc ici. En effet, ces derniers s'aventurent dans un projet
d'entreprise sans en maîtriser les connaissances nécessaires.
Cette catégorie comprend les mutants et les individualistes. Les mutants
sont les entrepreneurs poussés par la nécessité, « la
création de leur entreprise est leur dernière chance de vivre
autrement qu'au chômage29 ». Les individualistes sont
quant à eux présentés comme des « parasites du
système ». Ils sont davantage motivé par les dispositifs
financiers aidant à la réalisation d'une entreprise que par
l'aboutissement du projet en lui-même. Pour ces entrepreneurs qui
recherchent par la mise en oeuvre de ce projet avant toute chose de sortir
d'une situation de précarité, Letowski décrit une logique
d'action spécifique : la logique d'insertion sociale. Selon lui, les
individus qui s'engagent dans cette voie, a pour premier objectif d'être
indépendant, d'exercer pour son propre compte. Il se satisfait
volontiers de résultats qui lui permettent d'assurer sa survie, et du
statut social
29 Hernandez Émile-Michel, « Les trois dimensions de
la décision d'entreprendre », Revue française de
gestion, 2006/9 (n° 168-169), p. 337-357 : [En ligne :
https://www.cairn.info/revue-francaise-de-gestion-2006-9.htm-page-337.htm].
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que lui procure sa démarche. Il est davantage
gêné par les démarches administratives, problèmes de
gestion et notamment de trésorerie qui peuvent générer
chez lui du stress, notamment parce qu'il ne maîtrise pas ces
compétences.
b) Nécessité de maîtriser des
compétences clés
Les activités créées par les jeunes et
les demandeurs d'emploi s'essoufflent rapidement, en effet beaucoup
d'entrepreneurs ouvrent et ferment leur activité sans même se
soucier des compétences nécessaires30. Une
maturité, notamment dans la gestion du stress et des difficultés,
ainsi qu'une connaissance de la culture d'entreprise sont donc primordiaux.
L'entrepreneur de nécessité, s'il considère que son
activité est réalisable, mais n'a pas la volonté
d'entreprendre, ou plutôt se sent contraint devra nécessairement
développer ses compétences afin de palier à ses
lacunes.
Tout d'abord, la persévérance et le
sérieux de l'entrepreneur de nécessité doivent être
à toute épreuve. Ensuite, il doit également se former dans
la gestion et la prise de risques afin d'optimiser son efficacité. En
outre, il doit être en mesure d'effectuer son étude de
marché avec clairvoyance. Sa capacité à se former
continuellement, à effectuer une veille concurrentielle ou encore
à améliorer ses stratégies marketing définiront sa
trajectoire sur le long terme. Aussi, une gestion comptable et
financière de qualité lui permettra de pérenniser son
activité. La flexibilité et l'adaptation rapide au terrain ainsi
qu'une capacité de planification et de délégation sont
autant d'atouts qui faciliteront également l'organisation de
l'entrepreneur.
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