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Comportement de l'entrepreneur, de l'intention à  la réalisation du projet. Intéret du développement. Du sentiment d'auto-efficacité chez l'entrepreneur de nécessité.


par Majid Chebrek
IAE Lille - University School of Management  - Master 2 - Management Sciences de Gestion 2019
  

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2. Les facteurs conduisant à la création « forcée » d'une entreprise

a) Le contexte socio-économique et politique

L'entrepreneuriat de nécessité est globalement lié à des facteurs « push ». Ces facteurs sont généralement soit le bassin d'emploi, l'âge, le sexe ou encore la menace de perdre son emploi23. Ces facteurs externes ne relèvent pas de la liberté des individus. Ils ne viennent pas de l'intérieur (volonté, désir, choix, etc.). La création d'entreprise se fait sous la pression de multiples causes extérieures qui bien souvent s'accumulent et peuvent autant expliquer les motivations par défaut que le manque d'enthousiasme.

Si aujourd'hui certains individus choisissent l'entrepreneuriat par nécessité, c'est aussi parce que la législation française facilite de plus en plus la création d'entreprise. En effet, les politiques publiques actuelles favorisent ce type d'initiative par des avantages fiscaux et des simplifications bureaucratiques (facteurs push positifs). Elles permettent de lutter contre le chômage24. Le graphique ci-après illustre les résultats d'une enquête menée par l'Insee en 2010. Il montre clairement les différentes motivations poussant à la création d'une entreprise : 60% des demandeurs d'emplois se lançaient dans cette activité afin d'assurer leur propre emploi (cf. Figure 8).

La question est à présent de savoir si le statut simplifié mis en place par les politiques publiques facilite ou non le développement de ce type de profil. La création du statut d'auto-entrepreneur en France date de 2008. Face à une précarité de l'emploi grandissante, le

23 A. Fayolle, W. Nakara. « Création par nécessité et précarité: la face cachée de l'entrepreneuriat ». Cahier de recherche n° 2010-08 E4. 2010.

24 Bayad, Mohamed, Akram El Fenne, et Aurélien Ferry, « Porteurs de projet en recherche d'un nouvel emploi et entrepreneuriat : sortir de la dichotomie opportunité/nécessité », Revue de l'Entrepreneuriat, vol. vol. 15, no. 3, 2016, pp. 205-229 : [En ligne : https://www.cairn.info/revue-de-l-entrepreneuriat-2016-3-page-205.html].

régime de l'auto-entrepreneuriat est rapidement devenu un nouveau moyen d'accéder au travail. L'entrepreneur est libéré des charges habituelles puisqu'il ne les paie que sur la base de son chiffre d'affaires, contrairement aux cotisations des travailleurs indépendants. En outre, le chiffre d'affaire est également le critère déterminant le plafonnement des cotisations et contributions des autoentrepreneurs. Ces facilités financières visent à accroître les initiatives. En 2012, la Fédération des auto-entrepreneurs proposera de nouvelles modifications au statut afin de faciliter et renforcer le régime. Par la suite, le statut sera réformé par deux fois, en 2013 puis en 2018. Pour cette dernière année, la réforme de la contribution sociale généralisée a engendré une baisse des taux de cotisation pour les autoentrepreneurs.

Figure 8 : Les principales raisons ayant motivé la création d'une autoentreprise25

Par ailleurs, la création de son entreprise est également facilitée dans la forme puisqu'il suffit de se rendre sur le site officiel et de déclarer son début d'activité afin de lancer la procédure. Sa simplification est donc entendue de manière fiscale et juridique.

25

25 Insee : [ http://www.epsilon.insee.fr/jspui/bitstream/1/13899/1/fc290.pdf].

26

Toutefois, la création d'autoentreprises reste majoritairement une activité parallèle à un emploi stable, excepté pour la catégorie dont cette étude fait l'objet : les entrepreneurs de nécessité. 30% des autoentrepreneurs étaient au chômage avant de lancer leur activité, 11% étaient sans activité et 6% étaient des salariés précaires26. Pour ces catégories, l'accès au statut est une véritable porte de sortie afin d'aller vers une stabilité professionnelle.

Toutefois, bien que l'accès à ce statut soit facilité, la majorité des entrepreneurs choisissent cette voie par défaut, celle-ci étant éloignée de leur projet professionnel initial car non désirée, qu'il s'agisse d'étudiants débutant sur le marché de l'emploi ou d'anciens salariés licenciés. Bien que la sortie d'une situation précaire puisse sembler positive, en 2014 Christel Tessier-Dargent27 soulignait que l'entrepreneuriat de nécessité avait un impact économique et social globalement négatif. L'environnement est impacté par la situation précaire ayant conduit l'entrepreneur à se lancer, sans compter qu'il ne connaît généralement pas le milieu et la culture de l'entreprise. Aussi, le profil personnel de ce genre d'entrepreneurs est diamétralement opposé à la normale, faisant d'eux des « anti-entrepreneurs28 » moins sûrs de leurs choix et fragilisé par leur position de meneur non-salarié.

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"L'ignorant affirme, le savant doute, le sage réfléchit"   Aristote