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Comportement de l'entrepreneur, de l'intention à  la réalisation du projet. Intéret du développement. Du sentiment d'auto-efficacité chez l'entrepreneur de nécessité.


par Majid Chebrek
IAE Lille - University School of Management  - Master 2 - Management Sciences de Gestion 2019
  

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2. Modélisation de la phase intentionnelle

Si le concept d'intention a grandement été étudié sous l'angle des sciences sociales et de la psychologie, il a aussi intéressé les disciplines de science de gestion telles que la gestion des ressources humaines, le marketing ou encore l'entrepreneuriat. On dénombre alors plusieurs modélisations selon les approches.

En 1975, Shapero a été le premier à proposer une modélisation du concept adapté à l'entrepreneuriat. Il considère l'intention entrepreneuriale comme étant sous le joug deux éléments clés: la faisabilité et la désirabilité du projet telles qu'elles sont perçues par l'entrepreneur. S'agissant d'une perception, ces notions sont subjectives et s'appuient donc sur les caractéristiques psychologiques du créateur, influencées par le contexte sociologique et économique. À noter que l'existence concomitante des deux notions n'est pas nécessaire à la naissance de l'intention. En effet si un projet semble faisable pour l'individu, l'intention peut exister sans qu'il y ait de désir pour ce projet. On se trouve alors dans une situation d'entrepreneuriat contraint.

Figure 3 : Le modèle de Shapero, 1975.

En 1982, Shapero et Sokol complètent ce modèle en y ajoutant la notion de déplacement. Ils considèrent en effet que l'engagement d'un individu dans un processus qui le mènera à la création de sa propre activité, est en premier lieu déterminé par le contexte social et culturel. Ils mettent ainsi au point le modèle de la formation de l'événement entrepreneurial ci-dessous. Ils inscrivent la formation d'une entreprise sur une trajectoire, impulsée par des évènements de vie majeurs. Selon eux, il en est de trois sortes : les déplacements négatifs, les situations intermédiaires et les déplacements positifs. Par « déplacements négatifs » ils

renvoient à des évènements bousculant la trajectoire de vie d'un individu et l'orientant alors vers la démarche entrepreneuriale. Il s'agit là de raisons pour lesquelles l'entrepreneur sera contraint de créer son activité : émigration forcée, perte d'emploi, ennui, atteinte de l'âge moyen, divorce ou veuvage. Les « situations intermédiaires » perturbent également la trajectoire de vie de l'entrepreneur naissant, mais à la différence des déplacements négatifs, ces situations sont prévisibles. Elles sont représentées par l'achèvement d'une étape de vie telle que la fin du service militaire ou d'une scolarité. Elles orientent l'individu davantage par la contrainte que par l'opportunité. Enfin, par déplacements positifs ils entendent l'ensemble des facteurs sociaux et environnementaux qui vont offrir à l'individu l'opportunité d'entreprendre. Il peut s'agir de l'influence d'un mentor, de l'existence de clients d'affaire potentiels ou encore de l'obtention d'une opportunité financière telle qu'un héritage.

Figure 4 : Modèle de la formation de l'événement entrepreneurial (Shapero et Sokol, 1982)11

11 DIAMANE, Mounia, SALAH, Koubaa, « Les approches dominantes de la recherche en

entrepreneuriat », 2016 : [En ligne :

https://www.researchgate.net/publication/311738962_Les_approches_dominantes_de_la_recherche_en_en trepreneuriat].

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En 1993, Krueger fait évoluer ces modèles en y ajoutant une notion clé : celle de l'intention et de la propension à l'action.

Figure 5 : Modèle de l'événement entrepreneurial repris par Krueger, 1993.

La théorie du comportement planifié d'Icek Ajzen voit le jour entre 1985 et 1991 et constitue une théorie de référence dans l'étude des comportements intentionnels. Elle permet, entre autre, de mettre en exergue les façons de modifier le comportement des individus. En cela, elle a beaucoup été utilisée en psychologie et notamment en thérapie comportementale. Appliquée à l'entrepreneuriat, la théorie d'Azjen s'appuie sur l'idée que tout comportement humain qui se veut effectif doit être planifié. Il résulte alors d'une succession de croyances qui sont à la base de l'intention. Celles-ci se découpent en trois volets : les croyances comportementales qui influencent l'attitude de l'entrepreneur, les croyances normatives qui influencent les normes subjectives, et enfin les croyance de contrôle qui influencent le contrôle comportemental. L'attitude envers le comportement ainsi que les normes subjectives peuvent ensemble s'apparenter à la désirabilité perçue tandis que le contrôle comportemental correspond davantage à la faisabilité. Ce modèle reprend finalement les deux notions clés de désirabilité perçue et faisabilité perçue en les rattachant à des croyances, sur lesquelles on peut agir pour modifier l'intention.

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Figure 6 : Théorie du comportement planifié (Ajzen, 1991)

En 2006, Tounès fait une synthèse de l'ensemble de ces théories qu'il réunit dans le schéma ci après. Il identifie ainsi onze facteurs pouvant modifier l'intention d'entreprendre.

Figure 7 : Modélisation théorique de l'intention entrepreneuriale12

12 A. Tounes, L'intention entrepreneuriale des étudiants : le cas français, Revue des Sciences de gestion, Direction et Gestion, Mai/Juin, n°41 (2006), p. 219.

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Définir ce qui influence ou conditionne l'intention présente un intérêt majeur en ce qu'il permet de prédire le comportement de l'individu. Les théories élaborées à ce sujet se sont affinées au cours du temps et ont permis de mettre en évidences deux concepts majeurs, celui de la désirabilité perçue et celui de la faisabilité perçue. En ce qui concerne la désirabilité, on retiendra qu'elle est conditionnée par les croyances comportementales et les croyances normatives. Par exemple, un projet peut être désirable quand émerge une idée d'entreprise (croyance comportementale) ou encore quand il existe dans l'entourage de l'individu des exemples de réussite entrepreneuriale (croyances normatives). A contrario, la désirabilité sera ébranlée dès lors qu'il existera une contrainte, telle que la perte d'emploi (déplacement négatif), et davantage encore si les croyances comportementales ou normatives ne sont pas en faveur du projet : absence d'information, absence de modèle ou encore peur du risque. En ce qui concerne la faisabilité perçue, elle correspond à la perception du contrôle comportemental, autrement dit au degré de facilité avec lequel l'individu s'imagine parvenir à la réalisation du projet. Cette perception du contrôle de la situation s'apparente au concept d'auto-efficacité de Bandura que nous approfondissons dans la partie suivante.

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"Enrichissons-nous de nos différences mutuelles "   Paul Valery