L'approche comportementale met au centre de la
réflexion l'individu. Elle interroge les agissements de l'entrepreneur
pour déterminer la trajectoire de son projet. Elle sous-entend que
chacune des décisions que l'individu prend au cours du processus
entrepreneurial est déterminé par des facteurs
extrinsèques et intrinsèques qui modifient son comportement. En
effet, le milieu dans lequel évolue l'individu, social et
économique, la situation politique, ou encore ses croyances et sa
culture sont autant de déterminants de son comportement qui influencent
l'acte entrepreneurial. « L'approche comportementale est donc
intéressante
12
7 Gartner (1990), Shane et Venkateraman (2000), Reynolds(2000),
Bygrave et Hofer (1991)
13
en ce qu'elle se préoccupe des comportements de
l'entrepreneur dans l'exercice de son activitéì,
lesquels s'inscrivent dans un environnement culturel, social, économique
et politique8 ». Pour modéliser cette approche,
Tounès (2003)9 propose de scinder le processus
entrepreneurial en différentes phases, schématisées
ci-après.
Figure 2 : Les différentes phases du processus
entrepreneurial selon Tounès (2003)
Cette description du processus entrepreneurial place en
première intention la propension entrepreneuriale.
D'après Fayolle, il s'agit d'«une inclination, un penchant à
s'engager dans une démarche entrepreneuriale ». Cette propension
à entreprendre réunit les caractéristiques psychologiques
de l'individu (traits de personnalité), le réseau sur lequel il
peut s'appuyer ou encore ses expériences antérieures. Elle
définit la sensibilité de l'individu à s'engager dans un
projet entrepreneurial.
L'intention entrepreneuriale constitue la
deuxième phase du processus : elle existe dès lors qu'une
idée émerge, qu'elle soit formalisée ou non. Pour qu'il y
ait intention d'entreprendre, il faut qu'il y ait de la part de l'individu un
engagement personnel, une motivation. L'intention
8 Gartner, W.B. (1988). Who is an entrepreneur? Is the wrong
question. American Journal of Small Business, spring, p. 11-32.
9 Tounès, A. (2003). L'intention entrepreneuriale. Une
étude comparative entre des étudiants d'écoles de
management et gestion suivant des programmes ou des formations en
entrepreneuriat et des étudiants en DESS CAAE. Unpublished doctoral
dissertation, Université de Rouen.
résulte d'une envie de concrétiser ses
objectifs. En ce sens elle fait appel à des caractéristiques
propres à l'individu : ses croyances, ses normes sociales, son
environnement, l'influence de ses pairs...
La décision d'entreprendre ne peut alors
survenir que lorsque l'idée du projet est finalisée et que
l'entrepreneur est parvenu à mobiliser des compétences et
ressources financières suffisantes. L'acte d'entreprendre
correspond enfin au démarrage de l'activité et donc à
l'édition des premières offres de services et/ou produits.
Comme le précise Tounès, ce processus n'est pas
linéaire et l'évolution du projet entrepreneurial est propre
à chacun. En effet, les aptitudes entrepreneuriales diffèrent
selon chaque individu et se modifient. Par exemple, la propension à
entreprendre peut être moindre au début du projet et croître
durant le processus. Le comportement de l'entrepreneur évolue donc aussi
en fonction de ses aptitudes, qui peuvent se renforcer ou s'affaiblir au cours
du processus. Ainsi est conditionnée la poursuite ou l'abandon du projet
entrepreneurial.
Cette modélisation met au coeur du projet le
comportement de l'entrepreneur. Elle met en évidence l'influence des
caractéristiques propres à chacun sur la trajectoire du projet.
Elle révèle également que c'est durant la phase
intentionnelle que l'individu est le plus influencé par son
environnement.
Explorant les raisons qui poussent l'individu
à entreprendre, et la façon dont il s'y prend, les
théories processuelles et comportementales analysent avant tout le
comportement de l'entrepreneur. Elles cherchent en effet à comprendre
pourquoi et comment l'individu passe à l'acte d'entreprendre. Si la
théorie processuelle privilégie une vision large et
stratégique de ce processus, la théorie comportementale est elle
plus individuelle, plus centrée sur l'entrepreneur naissant. À
cet égard elle s'intéresse à trois grandes étapes
qui précèdent l'acte entrepreneurial : la propension, l'intention
et la décision. Selon de nombreux auteurs10, la phase
intentionnelle est le meilleur indicateur prédictif du comportement
entrepreneurial et occupe donc une place déterminante dans la
réalisation du projet.
14
10 (Linan et Chen, 2009) (Fishbein et Ajzen, 1975 ; Fayolle,
Gailly et Lassas-Clerc, 2006).