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PARTIE I : REVUE DE LITTERATURE
A. L'ENTREPRENEURIAT
L'entrepreneuriat est un sujet complexe, largement
étudié dans la littérature. Qui entreprend ? Pourquoi et
comment ? Quelles sont les étapes qui font progresser l'idée
d'entreprendre ? Quels sont les facteurs qui influencent ce parcours ? Autant
de question auxquelles de nombreuses théories ont tenté de
répondre, sans qu'aucune ne fasse consensus. L'entrepreneuriat a ainsi
fait l'objet de plusieurs études à travers différentes
dimensions : l'approche par les traits (tentative de profilage de
l'entrepreneur) en psychologie, l'approche par les faits ou approche
comportementale en psycho-sociologie et plus tard l'approche processuelle en
science de gestion. En effet, ce sont d'abord des disciplines de sciences
humaines qui ont abordé le sujet, ce n'est qu'à la fin du
XXème siècle que les sciences d'économie et de gestion
tentent de théoriser ce processus. Aujourd'hui, il existe donc
de nombreuses théories qui analysent et expliquent le processus
entrepreneurial, elles sont synthétisées dans une
première sous-partie. Nous verrons ainsi que créer une entreprise
résulte d'un comportement lui même influencé par
une intention. Cela fait l'objet de théories comportementales
qui seront abordées dans une deuxième sous-partie. Enfin, nous
approfondirons dans une troisième sous-partie l'étude de
l'intention entrepreneuriale à travers un de ses déterminants
majeurs : le sentiment d'auto efficacité.
1. Théorisation du processus entrepreneurial
L'approche par les traits qui tente de répondre
à la question « qui est l'entrepreneur ? » n'a pas
pour vocation d'inscrire l'entrepreneuriat dans un processus, mais plutôt
de dresser un « portrait type » de l'entrepreneur. De nombreux
chercheurs tels que Stevenson et Jarillo (1990) considèrent ainsi «
qu'il est réducteur d'expliquer un comportement complexe
(l'entrepreneuriat) en se référant à quelques traits
psychologiques ou sociologiques »3.
3 Stevenson, H. H., Jarillo, J. C.
(1990). A paradigm of entrepreneurship: Entrepreneurial management. Strategic
management journal, 11(5), 17-27
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Les approches processuelles et comportementales quant à
elles inscrivent la création d'entreprise dans un cadre spatio-temporel
mouvant. Le projet d'entreprise est ainsi tributaire d'un contexte qu'il
convient de considérer : « La création d'entreprises cesse
d'être analysée comme la photographie instantanée d'un
évènement où le créateur est d'abord seul (...)
puis n'est plus seul, mais joue toujours le rôle principal (...). Elle
devient un film dont le créateur est un des acteurs ; c'est l'approche
axée sur le processus entrepreneurial »4.
a) Approche processuelle
Cette approche décrite en sciences de gestion depuis
la fin des années 90 impose une vision dynamique. Le processus tel que
le définit Jacquet-Lagreze et al. (1978,P.21)5 est "un
déroulement de configurations ou d'intéractions concomitantes
et/ou successives sous l'effet de régulations compensatrices et
amplificatrices propres au système concerné."
L'entrepreneuriat est considéré comme un ensemble de
configurations et d'interactions en évolution. Il est indissociable de
son environnement, en proie à l'effet des régulations du
système et donc en perpétuel mouvement. Pour modéliser
cette théorie Bruyat6 s'appuie sur une « Configuration
Stratégique Instantanée Perçue (CSIP) ». Initialement
utilisée en stratégie d'entreprise, cette configuration
adaptée à l'entrepreneuriat permet de définir le moteur
principal de l'évolution du processus entrepreneurial. Bruyat
considère que le comportement de l'entrepreneur naissant est
influencée par trois dimensions : son aspiration, ses compétences
et ressources perçues et les possibilités de l'environnement
perçues. C'est à travers cette matrice que l'entrepreneur va
orienter ses choix et sa trajectoire : il utilisera ses compétences et
ressources pour être en phase avec ses aspirations, tout en s'adaptant
aux possibilités offertes par son environnement. Ce concept
révèle l'intentionnalité de l'entrepreneur comme moteur de
son comportement : les buts et
4 Hernandez, É. M. (1995). L'entrepreneuriat comme
processus. Revue internationale PME: Économie et gestion de la petite et
moyenne entreprise, 8(1), 107-119.
5 Cité par Fayolle, Entrepreneuriat p.61
6 La notion de CSIP de Bruyat, 1993 cité par A.Fayolle
dans Entrepreneuriat p.62
objectifs étant au coeur de la matrice, il doit
être capable de les formuler et de s'adapter aux dimensions qui les
conditionnent (environnement, aspiration, compétences et ressources).
Cette vision systémique oblige donc l'entrepreneur à être
en perpétuel mouvement entre ces trois dimensions pour atteindre ses
objectifs successifs : la création puis la pérennisation de son
entreprise.
Figure 1 : la Configuration Stratégique
Instantanée perçue
Cette approche processuelle a été
étayée par de nombreux autres auteurs7 et met à
l'honneur une vision stratégique de l'entrepreneuriat. Dans ce contexte,
c'est le plus souvent l'opportunité qui est à l'origine du projet
et donc de l'intention d'entreprendre. Le comportement de l'entrepreneur doit
ensuite s'adapter aux réalités.
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