5. Point de vue des accompagnateurs
Dans ce paragraphe, nous proposons une interprétation
des propos des accompagnateurs à la création d'entreprise
à travers les quatre thématiques suivantes : les raisons qui
poussent l'entrepreneur à la création d'entreprise,
l'auto-efficacité, les freins à la création d'entreprises,
ainsi que les recommandations. Notons que notre analyse est limitée par
la faible représentativité de notre échantillon
a) La naissance de l'intention entrepreneuriale
Les accompagnateurs identifient dans leurs pratiques plusieurs
éléments qui contraignent l'individu à s'engager dans un
projet d'entreprise. Notons que le fait qu'ils exercent tous les deux à
Roubaix, ville particulièrement concernée par les
difficultés socio-économiques, peut avoir influencé leur
point de vue. En facteur push ils ont ainsi relevé la pauvreté,
le chômage, l'âge et le handicap. Céline dit : « Il y a
des personnes qui sont pauvres, il faut le dire. Et donc forcément ils
travaillent quand ils le peuvent. Ils sont éloignés de l'emploi
depuis très longtemps. Ces personnes-là décident de monter
leur entreprise. » David : « Ou alors des personnes qui sont
séniors par exemple qui n'ont pas trouvé de travail depuis
plusieurs années du fait de leur âge parce qu'ils ont trop
d'expériences ou pas assez donc ces personnes-là décident
de monter leur entreprise pour créer leur propre emploi. Ils sont
séniors ou pas très loin ou alors ils ont un handicap. »
Céline a également évoqué la
question de l'entrepreneuriat féminin : «
Généralement j'ai plus des femmes quand même. Ce sont des
femmes qui sont « femmes au foyer » qui veulent créer leur
propre emploi mais elles ne s'occupent pas que de leur catégorie socio
professionnelle on va dire, elles vivent des revenus de leurs maris. »
Cette approche mérite d'apporter un éclairage socio-culturel.
Dans notre interprétation, Céline suggère que
l'accès à l'entrepreneuriat offre aux femmes une
possibilité d'émancipation, notamment quand
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elles les norme subjective de certaines familles accordent aux
femmes une place de choix au sein du foyer. David aborde, comme le faisait
Mehdi plus haut, la question des discriminations : « C'est pas
évident, pour des personnes qui viennent de l'immigration, c'est un peu
par défaut ou par dépit. » Il identifie là
ouvertement la contrainte à entreprendre causée par ce
facteur.
Par ailleurs, il remarque que la désirabilité
influence l'intention et la trajectoire de l'entreprise. « Ils n'ont pas
forcément envie de créer leur entreprise peut-être mais
c'est plus pour avoir une activité... Moi je trouve que c'est toujours
un peu risqué quand on va vers la création d'entreprise sans que
ce soit vraiment un choix à 200%. Ce n'est quand même pas simple,
alors quand on le fait sans avoir trop envie ou alors parce qu'il n'y a pas
d'autres solutions je ne suis pas sûr que ça se passe bien en
fait. »
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