WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

Comportement de l'entrepreneur, de l'intention à  la réalisation du projet. Intéret du développement. Du sentiment d'auto-efficacité chez l'entrepreneur de nécessité.


par Majid Chebrek
IAE Lille - University School of Management  - Master 2 - Management Sciences de Gestion 2019
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

3. Evaluation de l'auto-efficacité

Dans le second temps de nos entretiens, nous avons cherché à évaluer le sentiment d'auto-efficacité chez l'ensemble des entrepreneurs interrogés. Pour cela nous les avons, d'une part, interrogé quant à la faisabilité du projet, et aux obstacles qu'ils avaient envisagés. D'autre part, nous nous sommes appuyés sur la théorie de Bandura, qui identifiait les quatre sources de l'auto-efficacité : l'existence d'expériences utiles dans le projet d'entreprise, la présence de modèle de réussite dans leur entourage, l'encouragement par des tiers et l'état émotionnel et physiologique de l'individu au moment de réaliser le projet. Pour ce dernier point, nous apportons quelques précisions. Nous n'avons pas interrogé les entrepreneurs sur leur état de santé au moment d'entreprendre. Seule Laure nous en a fait part, et ce de façon spontanée. Il nous a semblé que cette question n'était pas adaptée dans le contexte de nos entretiens. Concernant l'état émotionnel, nous avons également interprété les propos pour les mettre en relation avec ce qui nous semblait correspondre à un état d'esprit plutôt positif ou négatif.

Pour six entrepreneurs sur sept, il ne faisait aucun doute que le projet était faisable. Ils l'ont tous affirmé avec plus ou moins de conviction et d'arguments. Djamil et Mehdi en parlent plutôt comme une croyance, sans apporter d'éléments tangibles à leur affirmation : « pour

50

moi c'était largement faisable » dit Djamil, « Je croyais tellement en mon projet que j'ai mis tous les moyens nécessaires pour y arriver. » dit Mehdi. D'ailleurs quand on interroge Djamil, il semble surpris de la question, comme si la faisabilité était une évidence. Et ce d'autant plus qu'il n'imaginait aucun obstacle : « Aucun obstacle, je pensais vraiment que ce serait facile. ». Son jeune âge au moment d'entreprendre est un élément qui permet de comprendre son état d'esprit. Mehdi quant à lui semblait mesurer un peu plus l'ampleur de la tâche, il a d'ailleurs évoqué de nombreux obstacles envisageables : « Les plus gros freins avant de créer mon entreprise étaient le côté financier, le fait d'être seul, ne pas savoir par quoi commencer. Beaucoup de choses à apprendre avec un jargon très riche qui était une sorte de barrière. Une logique aussi à assimiler sur le côté administratif ». Si l'on confronte son analyse des obstacles face à la détermination avec laquelle il affirme que son projet était faisable, on comprend que sa conviction à ce moment-là relevait davantage d'une croyance. En revanche, pour Karim, Iris, Victor et Paul la faisabilité du projet reposait sur des éléments tangibles. Pour Karim il s'agissait d'un apport financier, et de l'accompagnement par un associé compétent : « J'avais les fonds nécessaires pour la structure, et mon associé de l'époque avait fait les études nécessaires pour choisir l'endroit de l'implantation. » Pour Iris, la législation posait le cadre de la faisabilité : « Par rapport à l'aide à domicile, le conseil général demandait un bac +4, et comme je leur ai dit que j'étais infirmière libérale et que j'ai une expérience libérale, ils m'ont dit que c'était valable. » Pour Paul, c'était une étude de marché rigoureuse : « J'avais réalisé une petite étude de marché et j'avais quantifié en réalisant un tableau de bord prévisionnel. ». Enfin, si le discours de Victor reprenait des éléments tangibles : « J'avais cherché quand même sur le net, j'avais muri la chose. J'avais un business plan béton, avec un investissement de fou », on y relevait également une croyance forte en ses capacités : « J'avais une logique moderniste d'un manager [...] c'était un truc costaud quoi. ». Nous relevons que parmi les entrepreneurs qui avançaient des éléments objectifs pour appuyer la faisabilité du projet, figurent les trois entrepreneurs d'opportunité chez qui par ailleurs aucun obstacle n'était envisagé. Au contraire, chez le seul entrepreneur de nécessité dans cette configuration, d'importants obstacles étaient cités : la faillite et l'inadéquation des produits aux attentes et besoin des clients.

Seule Laure avait une perception faible de la faisabilité : « Je n'étais pas très sûre que ça fonctionne. Je voulais que ça fonctionne mais j'étais pas sûre que ça marcherait finalement. » Le sentiment de peur, déjà citée pour cette entrepreneure, était très présent

et entachait sa perception de la faisabilité. Elle le cite d'ailleurs dans les obstacles : « J'avais un peu peur au niveau de l'argent. Il faut investir dans la publicité pour se faire connaître etc. C'était la partie qui me faisait un peu peur parce que c'est quand même assez dangereux. » On note encore une fois une répétition de la peur et l'utilisation du terme « dangereux » qui renforce l'affirmation de sa crainte.

Nous avons dans le tableau ci-dessous synthétisé les éléments qui traduisent la perception de la faisabilité selon notre interprétation. Nous retenons donc les éléments suivants : deux entrepreneurs de nécessité ont une perception de la faisabilité basée sur des croyances, un base sa perception sur des éléments tangibles mais nuance son propos avec l'énumération d'obstacles possibles, et la quatrième a une perception faible de la faisabilité de son projet en raison notamment d'un sentiment de peur. Les entrepreneurs d'opportunité ont quant à eux une perception de la faisabilité basée sur des éléments tangibles et n'imaginent aucun obstacle à la réalisation de leur projet.

 
 

Perception de la faisabilité

 

Obstacles envisagés

 
 
 
 
 
 

Djamil

 
 

Faisabilité « évidente »

 

Aucun

Karim

 
 
 
 
 
 
 

Faisabilité basée sur des informations tangibles (apport financier, compétences)

 

« La faillite, des produits et des services qui ne répondent pas forcément aux attentes et besoins des clients... »

 
 
 
 
 
 

Mehdi

 
 

Faisabilité basée sur une conviction forte, voire une croyance

 

- problèmes financiers

- se sentir seul responsable

- être perdu dans les démarches

- être confronté au jargon administratif

Laure

Iris

Faisabilité faible

Faisabilité basée sur des informations tangibles (validé par le Conseil Général)

Peur du risque financier

« Non, je ne voulais pas en imaginer. »

Paul

Victor

Faisabilité basée sur des informations tangibles (étude de marché rigoureuse)

Faisabilité basée sur des informations tangibles (recherches, buisness plan) et sur des convictions fortes.

« Aucun »

« Je n'imaginais pas d'obstacle »

51

Tableau n°6 : Perception de la faisabilité et obstacles envisagé chez les entrepreneurs interrogés

52

L'autre approche pour apprécier le sentiment d'auto-efficacité de nos entrepreneurs était d'orienter notre analyse au travers du prisme des quatre sources de l'auto-efficacité selon Bandura. Là encore nous avons mis en évidence de fortes disparités entre les entrepreneurs d'opportunité et de nécessité.

En effet concernant l'existence de compétences pour les tâches nécessaires à l'entrepreneuriat deux entrepreneurs de nécessité affirmait n'avoir aucune expérience, un citait de vagues notions découvertes au fil de ses lectures. La dernière, quant à elle faisait mention d'une « Expérience solide dans le service à la personne », secteur dans lequel elle orientait son activité. Les trois entrepreneurs d'opportunité affirmaient tous avoir une expérience : expertise du produit ou service ou compétence de gestion.

Concernant l'expérience indirecte, autrement dit l'existence d'un modèle de réussite dans l'entrepreneuriat, nous avons relevé l'absence de modèle de réussite chez trois entrepreneurs de nécessité sur quatre. A contrario, il existait des modèles de réussites chez trois entrepreneurs d'opportunité sur trois. Notons que pour Laure, seule entrepreneure de nécessité faisant état d'une expérience indirecte dans l'entrepreneuriat, celle-ci était affaiblie par les propos de ses parents. En effet, bien que ses parents aient réussi dans cette voie, ils déconseillaient à leur fille de s'y engager.

Concernant la persuasion verbale ou encouragements, nous avons relevé qu'ils étaient présents chez l'ensemble des entrepreneurs, mais étaient de nature différente. En effet, si pour les entrepreneurs contraints il s'agissait plutôt du cercle familial, pour les autres il s'agissait d'encouragements d'« experts ». Djamil, Karim, Mehdi et Laure nous ont volontiers évoqué le soutien sans faille de leur famille : « mon entourage m'a beaucoup motivé, qui me disait tiens le coup tiens le coup » (Djamil), ou encore « c'est mon mari qui m'a dit « allez lance toi, fonce, on n'a qu'une seule vie quoi » » (Laure), En revanche Paul nous a expliqué être soutenu par la Banque publique d'investissement, Iris par des professionnels du secteur : « [...] des médecins, des assistantes sociales. Il y en a même qui m'ont dit tu aurais dû créer une maison de repos. Ils m'ont encouragée » et Victor par les banques : « Ils avaient vu mon business plan, ils ont dit oui, on vous suit. »

Enfin concernant l'état émotionnel, rappelons qu'elle relève d'une interprétation de l'enquêteur davantage basée sur un ressenti, influencé par la communication non verbale notamment. Nous mettons en évidence un état émotionnel qui semblait être positif chez cinq entrepreneurs sur sept. Alors que pour deux entrepreneurs les enjeux liés à la fin des

droits de chômage, à l'arrivée d'un premier enfant, ou encore la crainte quant au risque financier et l'existence de problèmes de santé orientait l'interprétation vers un état émotionnel mitigé voire négatif.

Au décours de cette analyse, nous avons voulu synthétiser dans deux tableaux l'ensemble des éléments, pour avoir une vue d'ensemble. Fort de cette observation, nous nous sommes également appuyés sur l'interprétation de la faisabilité perçue mise en perspective par la prévision d'obstacles citée plus haut, pour évaluer le degré d'auto-efficacité. Nous faisons ainsi figurer en dernière colonne un degré qualifié d'intermédiaire ou de fort. Il nous semble que dans les discours analysés, aucun des entrepreneurs ne manifestait une auto-efficacité faible.

Aucun, personne

Aucun

Djamil

Karim

Niveau d'auto-efficacité

Intermédiaire

Intermédiaire

Expérience active de maîtrise

Aucune

Rien

Etat émotionnel +/physiologique

Positif

Positif

Persuasion verbale

Cercle familial encourageant

Epouse

encourageante

Expérience indirecte

Mehdi

Notions par auto apprentissage (lectures) Expérience commerciale

« Pas

vraiment »,

« entreprise de survie »

Epouse

encourageante

Mitigé: stress fin de droit, premier enfant = enjeux

Intermédiaire

Laure

Expérience solide dans le service à la personne

Epoux

encourageant

Négatif : problème de santé, inquiétude financière

Intermédiaire

Parents entrepreneurs, mais opposé à l'entrepreneuriat pour leur fille

53

Tableau n°7 : Evaluation du sentiment d'auto-efficacité chez les entrepreneurs de nécessité

Expérience active de maîtrise

Un peu en comptabilité, un peu en administration

Paul

Victor

Solide expérience dans

l'entrepreneuriat

J'avais toutes les connaissances, à part en gestion pure.

Iris

Expérience

 

Persuasion

Etat

Niveau

indirecte

verbale

émotionnel

d'auto-efficacité

Nombreuses expériences réussies

Cercles familial, amical et professionnel encourageants

Positif

Fort

Nombreuses expériences de succès et d'échecs

Soutien de la BPI

Positif

Fort

Expérience de

Banques :

Positif

Plutôt

succès dans le cercle familial proche

Persuasion verbale positive

 

fort

54

Tableau n°8 : Evaluation du sentiment d'auto-efficacité chez les entrepreneurs d'opportunité

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"I don't believe we shall ever have a good money again before we take the thing out of the hand of governments. We can't take it violently, out of the hands of governments, all we can do is by some sly roundabout way introduce something that they can't stop ..."   Friedrich Hayek (1899-1992) en 1984