PARTIE 2 : ENQUETE DE TERRAIN
Outre la partie littéraire qui nous a permis de
comprendre la construction du sentiment d'auto-efficacité chez les
entrepreneurs de nécessité, nous avons, dans les parties qui
suivent, tenter de vérifier dans quelle mesure ce que nous avons lu est
empiriquement conforme ou pas aux réalités de terrain. L'objectif
principal de cette enquête est donc d'apprécier le rôle de
l'auto-efficacité chez les entrepreneurs de nécessité et
de comprendre l'intérêt de ce concept en pratique. Les
hypothèses suggérées par notre analyse théorique
sont d'une part que le sentiment d'auto-efficacité est moindre chez les
entrepreneurs de nécessité et d'autre part qu'un sentiment
d'auto-efficacité fort améliore les chances de réussite
d'un projet entrepreneurial. Pour vérifier cela, nous avons choisi de
réaliser une enquête qualitative. Nous avons ainsi
interrogé sept responsables d'organisation et deux accompagnateurs
à la création d'entreprise. À l'aide d'un guide
d'entretien, nous avons récolté le témoignage de chacun
d'entre eux (cf. annexes), puis résumé et analysé les
réponses conformément à l'analyse de contenu des discours.
Il nous a fallu d'abord distinguer l'opportunité de la
nécessité qui était à l'origine du projet. Ensuite,
nous avons tenté d'évaluer le sentiment d'auto efficacité
au démarrage du projet. Cela nous a permis de comprendre comment il a
évolué, notamment en considérant son impact sur la
trajectoire de l'entreprise. Notre méthode est qualitative et
interprétative. Notre dispositif de recherche permet de cerner ainsi les
rôles et enjeux du sentiment d'auto-efficacité chez des personnes
qui un jour ont été dans la nécessité de
créer leur entreprise.
Dans un premier temps, nous vous exposerons les raisons du
choix de la méthode et nous en détaillerons les
caractéristiques. Ensuite, nous ferons état de nos
résultats et de notre analyse. Enfin, nous discuterons les limites de
notre étude et nous émettrons des recommandations.
35
A. METHODE
1. Choix de la méthode
Nous avons orienté notre recherche vers une enquête
qualitative, et plus précisément par le recueil de données
en entretiens individuels semi-directifs pour les raisons exposées
ci-dessous :
L'entrepreneuriat de nécessité est une notion
complexe qui peut impliquer plusieurs éléments : le parcours de
vie de l'individu, ses origines sociale et culturelles, son genre, son
âge... D'ailleurs, l'entrepreneur n'a pas toujours conscience qu'il
entreprend par nécessité et les accompagnateurs ne font
habituellement pas la distinction entre ces deux formes d'entrepreneuriat.
Distinguer ces deux types d'entrepreneuriat peut être
interprété comme une forme de discrimination. D'autre part, il
n'existe pas à notre connaissance de questionnaire permettant de
différencier entrepreneuriat d'opportunité et de
nécessité. Déterminer la contrainte relève donc
d'une appréciation contextuelle. Pour toutes ces raisons, l'entretien
individuel nous a semblé être la meilleure forme pour
apprécier le parcours de l'entrepreneur et ainsi de juger de la
nécessité ou de l'opportunité qui l'a conduit à
monter son entreprise.
L'évaluation de l'auto-efficacité
entrepreneuriale est une notion abordée dans la littérature, mais
à notre connaissance aucune étude quantitative n'a vu le jour.
Pour cause, s'il existe une échelle d'évaluation du sentiment
d'auto-efficacité appliquée au choix des orientations
professionnelles pour les lycéens, il n'existe pas d'échelle
d'évaluation de l'auto-efficacité adaptée à
l'entrepreneuriat. De plus, s'agissant d'évaluer un sentiment, il nous a
semblé judicieux de rencontrer les individus pour créer un climat
de confiance qui incite à se confier et permet de considérer la
communication non verbale.
Outre l'appréciation du degré (faible ou fort)
de l'auto-efficacité, le choix d'une enquête qualitative nous
permet de comprendre la place qu'il occupe dans la démarche de
l'entrepreneur. Comment ce sentiment influence-t-il le comportement de
l'entrepreneur et quelles conséquences a-t-il sur la trajectoire de
l'entreprise. Ce type d'information qui
36
permet d'appréhender un concept, d'en comprendre les
tenants et les aboutissants, ne peut être recueilli que dans le cadre
d'une enquête qualitative.
|