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Transport routier de voyageurs entre Ouagadougou et Kaya (Burkina Faso)


par Bertin Korogo
Université de Ouagadougou Professeur Joseph Ki-Zerbo - Maitrise en Géographie  2008
  

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Chapitre 3 CHAPITRE I : LES INFRASTRUCTURES DE TRANSPORT ROUTIER DE VOYAGEURS ENTRE OUAGADOUGOU ET KAYA

L'ensemble des ouvrages et équipement au sol destinés à faciliter le trafic constitue les infrastructures de transport. Ce sont les infrastructures qui accompagnent le transport routier de voyageurs. Il s'agit des infrastructures d'acheminement, constituées par le réseau routier qui permet les liaisons entre les différentes localités du pays et les infrastructures d'accueil que sont les gares routières recevant les voyageurs.

L'analyse des types d'infrastructures permet de comprendre le contexte dans lequel évoluent les transports routiers de voyageurs entre Ouagadougou et Kaya.

I. Le réseau routier

Le réseau routier national a connu une grande évolution depuis la conquête coloniale. Il est né d'un ensemble de pistes et de chemins qui reliaient les anciens marchés ainsi que les capitales des royaumes qui occupaient le territoire national actuel. Selon le témoignage de quelques personnes ressources que nous avons rencontrées lors de notre enquête de terrain, la circulation se faisait à pied, à dos d'âne ou à cheval. C'était l'ère du portage et des grandes caravanes d'animaux de charge.

C'est ainsi que Ouagadougou était relié à Fada, Tenkodogo, Koudougou, Boromo, Bobo-Dioulasso et Dori en passant par Kaya à travers des pistes précoloniaux. La mise en place de ces pistes facilitait les trafics et les échanges commerciaux2.

Le colonisateur français à son arrivée, a choisi parmi ces innombrables Ö voies traditionnellesÖ, quelques chemins jugés stratégiques qu'il améliora progressivement. Il en fit des pistes carrossables pour assurer les liaisons entre les postes administratifs, militaires et les pays côtiers (Côte d'Ivoire, Ghana, Bénin, Togo, etc.).

I. 1. L'évolution de l'axe Ouagadougou-Kaya

La piste coloniale entre Ouagadougou et Kaya a été améliorée progressivement grâce à l'accession du pays à l'indépendance en 1960 et son ouverture vers l'économie monétaire. Cette piste est devenue une véritable voie de collecte et de distribution de produits issus des cultures de rente (coton, arachide, sésame...). Elle a également servi à l'acheminement de la main d'oeuvre en direction de la Côte d'Ivoire voisine.

Un programme des transports dénommé, Programme d'Ajustement Sectoriel des Transports (PASEC-T), a permis de développer le réseau routier. Ce programme a permis le bitumage de la route Ouagadougou-Kaya (100 kilomètre) en 1992. Cette route fait l'objet de réparations consécutives à des inondations survenues au cours de la saison pluvieuse de l'année 1992. Les dépenses sont comprises dans les montants finaux qui s'élèvent à 3 612 560 000 FCFA. Elle a été inaugurée officiellement le 26 novembre 1993. La réception définitive a eu lieu en fin juin 1994.

_________________________________

2 TIAM L, 1985 : Le problème des transports en Haute Volta (actuel, Burkina Faso) de 1896 à nos jours. Thèse de doctorat, 3ème cycle, Histoire, Strasbourg II, page 67.

Si la route Ouagadougou-Kaya a jadis été répulsive pour des populations ayant eu le souci de s'éloigner du colonisateur, des corvées de travaux forcés et de l'impôt, elle est aujourd'hui un facteur de fixation des activités et d'approvisionnement régulier des centres urbains tels que Ziniaré, Korsimoro et Boussouma. Il est plus étonnant de constater que les villes traversées par l'axe Ouagadougou-Kaya connaissent un essor particulier.

Les changements constatés se situent à plusieurs niveaux :

· Un accroissement des activités des marchés qui s'installent au bord de la route. En effet, dans toutes les localités, les marchés se situent au bord de la route. De nombreux véhicules, venant de Ouagadougou, Kaya, etc., se rendent les jours de marché de ces localités (Ziniaré, Korsimoro, Boussouma, ...).

· Un accroissement des activités de petit commerce le long de la route dans les localités traversées. La route traverse chaque localité par le centre et constitue l'axe le plus animé et le centre économique de la localité : boutiques, kiosques, cabines téléphoniques, bars, restaurants, marchés s'installent le long de la route.

· Le brassage et les échanges entre les populations des différentes localités s'établissent facilement. La vie paysanne passe de l'autarcie à une économie ouverte sur le reste du pays. Face à la production, de nouveaux comportements naissent, guidés par le trafic. On achète un transistor pour être mieux informé et une bicyclette pour couvrir de plus grandes distances et se rendre même jusqu'en ville.

Il en résulte un brassage culturel entre les populations des localités traversées par la route. Les modes de consommation, d'investissement, de pensée changent et donnent à l'espace un nouveau faciès3.

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"Qui vit sans folie n'est pas si sage qu'il croit."   La Rochefoucault