Chapitre 3 CHAPITRE I : LES INFRASTRUCTURES DE TRANSPORT
ROUTIER DE VOYAGEURS ENTRE OUAGADOUGOU ET KAYA
L'ensemble des ouvrages et équipement au sol
destinés à faciliter le trafic constitue les infrastructures de
transport. Ce sont les infrastructures qui accompagnent le transport routier de
voyageurs. Il s'agit des infrastructures d'acheminement, constituées par
le réseau routier qui permet les liaisons entre les différentes
localités du pays et les infrastructures d'accueil que sont les gares
routières recevant les voyageurs.
L'analyse des types d'infrastructures permet de comprendre le
contexte dans lequel évoluent les transports routiers de voyageurs entre
Ouagadougou et Kaya.
I. Le réseau routier
Le réseau routier national a connu une grande
évolution depuis la conquête coloniale. Il est né d'un
ensemble de pistes et de chemins qui reliaient les anciens marchés ainsi
que les capitales des royaumes qui occupaient le territoire national actuel.
Selon le témoignage de quelques personnes ressources que nous avons
rencontrées lors de notre enquête de terrain, la circulation se
faisait à pied, à dos d'âne ou à cheval.
C'était l'ère du portage et des grandes caravanes d'animaux de
charge.
C'est ainsi que Ouagadougou était relié à
Fada, Tenkodogo, Koudougou, Boromo, Bobo-Dioulasso et Dori en passant par Kaya
à travers des pistes précoloniaux. La mise en place de ces pistes
facilitait les trafics et les échanges commerciaux2.
Le colonisateur français à son arrivée, a
choisi parmi ces innombrables Ö voies traditionnellesÖ, quelques
chemins jugés stratégiques qu'il améliora progressivement.
Il en fit des pistes carrossables pour assurer les liaisons entre les postes
administratifs, militaires et les pays côtiers (Côte d'Ivoire,
Ghana, Bénin, Togo, etc.).
I. 1. L'évolution de l'axe
Ouagadougou-Kaya
La piste coloniale entre Ouagadougou et Kaya a
été améliorée progressivement grâce à
l'accession du pays à l'indépendance en 1960 et son ouverture
vers l'économie monétaire. Cette piste est devenue une
véritable voie de collecte et de distribution de produits issus des
cultures de rente (coton, arachide, sésame...). Elle a également
servi à l'acheminement de la main d'oeuvre en direction de la Côte
d'Ivoire voisine.
Un programme des transports dénommé, Programme
d'Ajustement Sectoriel des Transports (PASEC-T), a permis de développer
le réseau routier. Ce programme a permis le bitumage de la route
Ouagadougou-Kaya (100 kilomètre) en 1992. Cette route fait l'objet de
réparations consécutives à des inondations survenues au
cours de la saison pluvieuse de l'année 1992. Les dépenses sont
comprises dans les montants finaux qui s'élèvent à
3 612 560 000 FCFA. Elle a été inaugurée
officiellement le 26 novembre 1993. La réception définitive a eu
lieu en fin juin 1994.
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2 TIAM L, 1985 : Le problème des
transports en Haute Volta (actuel, Burkina Faso) de 1896 à nos jours.
Thèse de doctorat, 3ème cycle, Histoire, Strasbourg
II, page 67.
Si la route Ouagadougou-Kaya a jadis été
répulsive pour des populations ayant eu le souci de s'éloigner du
colonisateur, des corvées de travaux forcés et de l'impôt,
elle est aujourd'hui un facteur de fixation des activités et
d'approvisionnement régulier des centres urbains tels que
Ziniaré, Korsimoro et Boussouma. Il est plus étonnant de
constater que les villes traversées par l'axe Ouagadougou-Kaya
connaissent un essor particulier.
Les changements constatés se situent à plusieurs
niveaux :
· Un accroissement des activités des
marchés qui s'installent au bord de la route. En effet, dans toutes les
localités, les marchés se situent au bord de la route. De
nombreux véhicules, venant de Ouagadougou, Kaya, etc., se rendent les
jours de marché de ces localités (Ziniaré, Korsimoro,
Boussouma, ...).
· Un accroissement des activités de petit commerce
le long de la route dans les localités traversées. La route
traverse chaque localité par le centre et constitue l'axe le plus
animé et le centre économique de la localité :
boutiques, kiosques, cabines téléphoniques, bars, restaurants,
marchés s'installent le long de la route.
· Le brassage et les échanges entre les
populations des différentes localités s'établissent
facilement. La vie paysanne passe de l'autarcie à une économie
ouverte sur le reste du pays. Face à la production, de nouveaux
comportements naissent, guidés par le trafic. On achète un
transistor pour être mieux informé et une bicyclette pour couvrir
de plus grandes distances et se rendre même jusqu'en ville.
Il en résulte un brassage culturel entre les
populations des localités traversées par la route. Les modes de
consommation, d'investissement, de pensée changent et donnent à
l'espace un nouveau faciès3.
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