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Implication des activités extrascolaires dans le potentiel créatif de l'adolescent


par Mélody Docquois
Université Paris 8 - Psychologie de l'enfance et de l'adolescence 2013
  

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PARTIE 3 : RESULTATS

Les résultats sont analysés et développés en fonction des deux hypothèses évoquées lors de la problématique. Ils sont présentés sous forme d'analyses descriptives. Puis, une analyse inférentielle a été faite pour la première hypothèse. Cependant, des critiques sont admises compte tenu du faible effectif de nos 4 sous-échantillons.

1) Facteur cognitif : la pensée divergente.

Notre première hypothèse stipuleque plus les adolescents pratiquent des activités créatives soutenues plus ils ont une pensée divergente élevée.Nos analyses prennent en compte la fluidité et la flexibilité cognitive.Rappelons que la variable indépendante fait référence à la pratique d'activité créative et la variable dépendante correspond à la pensée divergente mesurée à partir de la fluidité cognitive et de la flexibilité cognitive.

1.1. Fluidité cognitive

Dans un premier temps, nous cherchons à montrer que la « fluidité cognitive » augmente en fonction du nombre et de la durée des activités pratiquées par les jeunes. Autrement dit, et pour reprendre notre hypothèse opérationnelle : plus les adolescents pratiquent des activités créatives soutenues, plus ils ont une fluidité cognitive élevée.

a- Analyse descriptive

Après l'analyse des réponses des participants nous proposons le diagramme 1 ci-dessousdécrivant la moyenne et l'écart type des 4 groupes précédemment décrits (Partie 2 : Méthode 3.2.1).

Graphique 1 : Moyennes et écarts-types de la fluidité cognitive selon les groupes.

D'un point de vu descriptif, les moyennesde la fluidité cognitive des groupes semblent,comme notre hypothèse l'indique, augmenter en fonction du nombre et de la durée des activités créatives pratiquées. Les adolescents pratiquantune seule activitédepuis plus de 2 ans (groupe 1) ont une meilleure fluidité cognitive que les adolescents n'en pratiquant aucune ou une seule depuis seulement 1 an(groupe 0). De même, les jeunes pratiquant deux activités créatives dont une depuis 2 ans (groupe 2) ont une meilleure fluidité cognitive que ceux en pratiquant une depuis plus de 2 ans (groupe 1). Enfin, les adolescents pratiquant trois activités créatives dont deux depuis 2 ans (groupe 3) ont une fluidité cognitive supérieure aux adolescents en pratiquant deuxdont une depuis 2 ans (groupe 2).

En moyenne, nous pouvons doncobserver qu'au plus les adolescents pratiquent des activités créativessoutenues au plus ils trouvent d'idées à la question « Quelles sont toutes les utilisations possibles d'une ou plusieurs boîte (s) en carton ? ».

Plus particulièrement, nous pouvons observer que la différence la plus forte se situe entre le groupe 0 et le groupe 3. Dit autrement, les adolescents ne pratiquant aucune ou une seule activité depuis seulement 1 an trouvent considérablement moins d'idées à la question posée que les adolescents pratiquanttrois activités créatives dont deux depuis 2 ans(M gp1 = 1.87 < M gp3 = 9).

Les données analysées ci-dessus nous permettent de distinguerl'augmentationdu nombre d'idéesà la question «  Quelle sont toutes les utilisations possibles d'une ou plusieurs boite(s) en carton ? » en fonction du nombre et de la durée des activités créatives pratiquées par les adolescents de notre échantillon. En moyenne, plus les adolescents pratiquent d'activités créatives, plus ils trouvent d'idées. Nous pouvons cependant observer à travers les écarts-types, que des différences interpersonnelles reposant sur le nombre d'idées trouvées étaient présentes chez les adolescents du groupe 3. Ainsi, afin de limiter l'effet des réponses « extrêmes », nous avons décidé d'observerl'écart interquartile noté Q3-Q1. L'analyse suivante permet donc de comparer les 50% des adolescents de chaque groupe se rapprochant de la médiane.De la sorte, pour chaque groupe, les 25% des adolescents trouvant le plus d'idées et les 25 % trouvant le moins d'idées ne seront plus pris en compte.

Graphique 2: Représentation graphique des groupes (Boîte de Tukey)

La moitié7(*)des jeunes du groupe 0 trouvent un nombre d'idéescompris entre 1 et 2. La moitié7des adolescents du groupe 1 trouvent quant à eux entre 2 et 4 idées. La moitié7 des adolescents du groupe 2 trouvent entre 3 et 6 idées. Enfin, la moitié7des jeunes du groupe 3 trouvent entre 7 et 12 idées. Suivant cette description, nous observons à nouveau que le nombre d'idées augmente en fonction de la pratique créative concernant les 50% des sujets les plus au centre de chaque distribution.

Aussi, nous pouvons observer que plus les adolescents pratiquent des activités créativessoutenues, plus leur distribution tend à s'étendre. Dit autrement, l'hétérogénéité des groupes augmente en fonction du nombre d'activités créatives pratiquées. Bien que les adolescents pratiquant le plus d'activités créatives soutenuesobtiennent un score de fluidité cognitive le plus hétérogène (Q1-Q3= 5), les données montrentcependant que la moitié d'entre eux trouvent au minimum 7 idées, soit davantage que les autres groupes.

En conclusion, les résultats tirés de notre échantillon, semblent, de manière descriptive, aller dans le sens de notre hypothèse, spécifiant que plus les adolescents pratiquent des activités créatives soutenues, plus ils ont une fluidité cognitive élevée.

b- Analyse inférentielle

Avant toute interprétation, nous avons vérifié la normalité des quatre distributions par l'intermédiaire du test de Shapiro-Wilk. Tous les groupes sont de distribution normale vis-à-vis de la variable d'intérêt fluidité (Groupe 0 : W (0.88) > p (0.05)=0.57 ; Groupe 1 : W (0.90) >p (0.05)= 0.13 ; Groupe 2 : W (0.89)> p (0.05)= 0.10 : Groupe 3 : W (0.97) > p (0.05)= 0.90).Étant donné le faible nombre d'individu par groupe, la normalité des distributions peut cependant être discutée. Les résultats obtenus prennent égalementen compte l'hétérogénéité des variances et supposent l'indépendance des échantillons. Nous avons choisi de comparer les groupes entres eux, de manière à observer une augmentation significative de la fluidité cognitive du groupe 0 au groupe 3 tel que gp 0 < gp 1 < gp 2 < gp3. Pour cela, le test de Student a été appliqué entre chacun des groupes.

Tableau 1: Comparaison des contrastes de la fluidité cognitive entre les groupes.

Seuil á : 0.05

Gp 0

vs

Gp 1

Gp 1

vs

Gp 2

Gp 2

vs

Gp 3

Gp 0

vs

Gp 2

Gp 0

vs

Gp 3

Gp 1

vs

Gp 3

Degré de liberté

27

21

22

18

15

16

T de student

-2,73

-2,04

-2,91

-4,04

-6,38

-4,82

P(T<=t) unilatéral

0,005

0,03

0,00

0,00

0,00

0,00

Valeur critique de t

(unilatéral)

1,7

1,72

1,72

1,73

1,75

1,75

Les données du tableau 1 nous permettent d'examiner les différences intergroupes de manière significative. De plus, les degrés de différences n'étant pas les mêmes, nous pouvons noter une hiérarchie entre elles.

Les différences les plus faibles, bien que significatives, apparaissent entre : (a) les groupes 0 et 1, (b) les groupes 1 et 2 et (c) les groupes 2 et 3. Les différences les plus significatives sontnéanmoins observées entre (a) les groupes 0 et 2, (b) les groupes 0et 3 et (c) les groupes 1 et 3. Ces données nous permettent donc de remarquer qu'au plus les adolescents se distinguent par le nombre et la durée des activités créatives pratiquées, au plus leur fluidité cognitive tend à différer.

Notamment, les adolescents du groupe 0, pratiquant aucune ou une activité depuis seulement 1 an ont une fluidité cognitive très inférieure aux adolescents du groupe 3, qui en pratiquent trois dont au moins deux depuis 2 ans.

Après les analyses descriptives et inférentielles, notre première hypothèse stipulant que plus les adolescents pratiquent des activités créatives soutenues plus ils ont une fluidité cognitive élevée semblent vérifiée sur notre échantillon.

1.2. Flexibilité cognitive

Dans un second temps, nous cherchons à montrer que la « flexibilité cognitive » augmente en fonction du nombre et de la durée des activités pratiquées par les jeunes. Autrement dit, et pour reprendre notre hypothèse opérationnelle : plus les adolescents pratiquent des activités créatives soutenues, plus ils ont une flexibilité cognitive élevée.

a- Analyse descriptive

Les premières données sont présentées dans le graphique 3 ci-dessous.

Graphique 3: Moyennes et écarts-types de la flexibilité cognitive selon les groupes

D'un point de vu descriptif, les moyennes de la flexibilité cognitive des groupes semblentcomme notre hypothèse l'indique, augmenter en fonction du nombre et de la durée des activités créatives pratiquées. Les adolescents pratiquantune seule activitédepuis plus de 2 ans trouvent davantage d'idées différentes que les adolescents n'en pratiquant aucune ou une seule depuis seulement 1 an. De même, les jeunes pratiquant deux activités créatives dont une depuis 2 ans (groupe 2) ont une meilleure flexibilité cognitive que ceux en pratiquant une seule depuis au moins 2 ans (groupe 1). Enfin, les adolescents pratiquant trois activités créatives dont deux depuis 2 ans (groupe 3) ont une flexibilité cognitive supérieure aux adolescents en pratiquant deuxdont une depuis 2 ans (groupe 2).

En moyenne, nous pouvons donc observer qu'au plus les adolescents pratiquent des activités créatives soutenues au plus ils trouvent d'idées différentes à la question « Quelles sont toutes les utilisations possibles d'une ou plusieurs boîte(s) en carton ? ».

Tout comme la fluidité cognitive, la différence la plus forte se situe entre le groupe 0 et le groupe 3. Dit autrement, les adolescents ne pratiquant aucune ou une seule activité depuis seulement 1 an trouvent considérablement moins d'idées différentes à la question que les adolescents qui pratiquent au moins trois activités créatives dont deux depuis 2 ans.

A nouveau, intéressons-nous au 50% des adolescents de chaque groupe situés entre Q1 et Q3 afin de préciser nos comparaisons.

Graphique 4 : Représentation graphique des groupes (boîte de Tukey).

La moitié des jeunes du groupe 0 trouvent un nombre d'idées différentes compris entre 1 et 2. La moitié des adolescents du groupe 1 trouvent quant à eux entre 2 et 3 idées différentes. La moitié des adolescents du groupe 2 trouvent entre 3 et 4idées différentes. Enfin, la moitié des jeunes du groupe 3 trouvent entre 4 et 7 idées différentes.Cependantil y a davantage de jeunes qui trouvent un nombre d'idées différentes supérieur à 5 dans ce dernier groupe.En somme, la majorité des adolescents de ce groupe ont une flexibilité cognitive plus élevée comparativement aux trois autres groupes. En ne considérant plus que les 50% des sujets les plus au centre de chaque distribution, nous observons à nouveau que le nombre d'idées différentes augmente en fonction des pratiques créatives.Cependant, à l'inverse des résultats de la fluidité cognitive, nous observons que la distribution des groupes ne s'étend pas de manière croissante. Les adolescents du groupe 3 seulement connaissent unehétérogénéitédans leurs réponses (Q1-Q3= 5). En conclusion, ces résultats semblent, sur notre échantillon et de manière descriptive, aller dans le sens de notre hypothèse spécifiant que plus les adolescents pratiquent des activités créatives soutenues, plus ils ont une flexibilité cognitive élevée.

b- Analyse inférentielle

Après vérification de la normalité des différentes distributions de la variable d'intérêt flexibilité cognitive (Groupe 0 : W (0.88) > p (0.02)= 0.04 ; Groupe 1 : W (0.88) >p (0.05)= 0.06 ; Groupe 2 : W (0.90)> p (0.05)= 0.12 : Groupe 3 : W (0.96) > p (0.05)= 0.81), nous supposons leurs indépendances. Pour cette variable, les données ci-dessous prennent en compte l'homogénéité des variances.

A nouveau, nous proposons des comparaisons intergroupes afin de juger de la significativité des différences observées précédemment.

Tableau 2: Comparaison des contrastes de la flexibilité cognitive entre les groupes.

Seuil á : 0.05

Gp 0

vs

Gp 1

Gp 1

vs

Gp 2

Gp 2

vs

Gp 3

Gp 0

Vs

Gp 2

Gp 0

vs

Gp 3

Gp 1

vs

Gp 3

Degré de liberté

27

26

25

27

26

25

T de student

-1,92

-2,62

-2,41

-4,20

-5,91

-4,64

P(T<=t) unilatéral

0,03

0,01

0,01

0,00

0,00

0,00

Valeur critique de t

(unilatéral)

1,70

1,71

1,71

1,70

1,71

1,71

Les données du tableau 2 nous permettent d'examiner les différences intergroupes de manière significative. De plus, les degrés de différences n'étant pas les mêmes, nous pouvons à nouveau noter une hiérarchie entre elles.

Les différences les plus faibles, bien que significatives, apparaissent entre : (a) les groupes 0 et 1, (b) les groupes 1 et 2 et (c) les groupes 2 et 3. Les différences les plus significatives sont néanmoins observées entre (a) les groupes 0 et2, (b) les groupes 0 et 3 et (c) les groupes 1 et 3. Ces données nous permettent donc de remarquer qu'au plus les adolescents se distinguent par le nombre et la durée des activités créatives pratiquées, au plus leur flexibilité cognitive tend à différer.

Notamment, les adolescents du groupe 0, pratiquant aucune ou une seule activité depuis seulement 1 an ont une fluidité cognitive très inférieure aux adolescents du groupe 3, qui en pratiquent trois dont au moins deux depuis 2 ans.

Après les analyses descriptives et inférentielles, notre première hypothèse stipulant que plus les adolescents pratiquent des activités créatives soutenues plus ils ont une flexibilité cognitive élevée semblent vérifiée sur notre échantillon.

CONCLUSION : PENSÉE DIVERGENTE.

 

Groupe 0

Groupe 1

Groupe 2

Groupe 3

 

Fluidité

Flexibilité

Fluidité

Flexibilité

Fluidité

Flexibilité

Fluidité

Flexibilité

Moyenne

1.87

1.67

3.43

2.50

5.21

3.79

9

5.46

Tableau 3: Tableau récapitulatif des comparaisons de la pensée divergente.

Nous avons montré que les différences observées étaient toutes significatives entre nos 4 sous- échantillons concernant (a) la fluidité cognitive et (b) la flexibilité cognitive. Nous pouvons par conséquent confirmer notre première hypothèse opérationnelle, sur notre échantillon, spécifiant que plus les adolescents pratiquent des activités créatives soutenues, plus ils ont une pensée divergente élevée8(*).

* 7 Située au centre de la distribution.

* 8Cette hypothèse est vérifiée sur notre échantillon et est à prendre avec précaution. Notamment en ce qui concerne la normalité des distributions, compte tenu des faibles effectifs de chaque groupe.

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"I don't believe we shall ever have a good money again before we take the thing out of the hand of governments. We can't take it violently, out of the hands of governments, all we can do is by some sly roundabout way introduce something that they can't stop ..."   Friedrich Hayek (1899-1992) en 1984