Le budget est un des éléments
caractérisant le déplacement. Il est lié non seulement aux
modes de transport utilisés mais aussi au niveau de revenu et de
développement du pays. A ce niveau, il y'a lieu de préciser que
deux types de budgets sont à prendre en compte. Le budget temps et le
budget monétaire. Les principaux constats sur la mobilité dans le
monde sont les suivant :
Premièrement, le temps passé à se
déplacer est relativement stable en moyenne 1,1h/j et par personne dans
le monde (SCHAFER, VICTOR, 2000).
Deuxièmement, le budget varie selon le mode de
transport utilisé. Si une personne dépense entre 3 et 5% de son
budget à des déplacements non motorisés ou en transport en
commun, une autre dépensera entre 10 et 15% de son budget à des
déplacements en automobile (SCHAFER, 2006).
Enfin troisièmement, les gens se déplacent de
plus en plus loin. Ce sont donc les modes de transport rapides qui dominent. Le
budget temps est stable en moyenne mais il peut varier suivant les villes. En
fait c'est la conjoncture de ZAHAVI. Selon lui, le budget temps
dédié au déplacement reste inchangé. Il parle de la
relative constance du budget temps transport(BTT). Et selon lui, c'est ce qui
explique l'étalement des villes du fait de l'utilisation de la voiture
individuelle. Y. ZAHAVI(1979) part de l'hypothèse de l'existence d'un
lien fort entre le temps et l'extension des villes. Pour lui, les gains de
temps occasionnés par les gains de vitesses ces dernières
décennies, sont tous réinvestis dans les transports. Donc
l'augmentation de la vitesse a entrainé une croissance des distances
parcourues au lieu du temps de parcours. Le budget temps transport (BTT) reste
lui constant (aux environs d'une heure par jour) en dépit de
l'augmentation de la distance (Cyril ENAULT, 2009).
La conjoncture de ZAHAVI résulte d'un raisonnement
essentiellement microéconomique par lequel l'agent représentatif
est censé optimiser ses choix ; elle ne se fonde pas sur une
détermination sociale ou culturelle 4 . En effet, des
études réalisées par le laboratoire d'économie des
transports (LET) de Lyon ont nuancé quelque peu cette conjoncture et
sont arrivées à la conclusion qu'il existe « des
facteurs qui peuvent inciter les individus à
4 Yves Crozet, Iragael Joly, 2003, laboratoire
d'économie des transports.
http://halshs.archives-ouvertes.fr/halshs-00087658/en/
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accepter un temps de déplacement
particulièrement long », contrairement à l'idée
reçue qu'ils cherchent avant tout à le minimiser Ainsi, des
déterminants culturels, socio-économiques ou familiaux conduisent
une partie au moins de la population, à une gestion inédite de
son temps de transport. Pour ces personnes, la limite du « supportable
» se situe, non autour d'une heure, mais autour du double. Aussi le
phénomène de congestion dans les villes, ainsi que la non prise
en compte de la marche à pied dans les travaux de ZAHAVI surtout en ce
qui concerne les pays africains ou la proportion de ce mode de transport est
particulièrement élevée, limitent cette théorie.
Quant au budget monétaire, ZAHAVI pense qu'il est lui aussi stable et
tourne autour de 3% pour les ménages non motorisés et 15% pour
les ménages motorisés. Ce budget est largement dépendant
du mode de transport utilisé et augmente avec l'accès à
l'automobile. Il représente environ 5% dans les pays à
motorisation faible et 12% dans les pays à motorisation
élevée (E.S CHEMIN, 2009)