3.5.3. La défaillance de l'Autorité
Organisatrice des Transports urbains à I iamey
La Communauté Urbaine de Niamey est l'entité
chargée de l'organisation des transports urbains à Niamey. En
effet, la loi 98-32 du 14 Septembre 1998 portant statut des communautés
urbaines, mentionne dans son article 30, la réalisation et l'entretien
de la voirie primaire et l'organisation des transports urbains parmi les
compétences des conseils
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de la Communauté Urbaine (BALTAGI, 2002). Mais dans les
faits, cette autorité se charge seulement de délivrer les
autorisations des transports pour les taxis et les minibus, de contingenter le
nombre de taxi circulant dans la ville et le contrôle de police afm de
dissuader les taxis clandestins (RAVALET, 2009). Le contrôle du respect
des lignes de transport et d'autres règles de dessertes sont souvent
assurés par les syndicats. Les conducteurs des taxis et des minibus sont
en effet regroupés respectivement autours de la SOCUTAN et de la
SYNCOBUS, syndicats de défense des droits des conducteurs.
3.6. Synthèse des problèmes de
mobilité et recommandations
Nous pouvons résumer les problèmes influant sur
la mobilité et l'accessibilité urbaine à Niamey comme suit
:
> La non maitrise de l'urbanisation entrainant l'extension
anarchique de la ville et l'allongement des distances ;
> La répartition inégale des
activités et des services urbains, concentrés dans le centre de
la ville entrainant des longs parcours pour les citadins des
périphéries ;
> L'insuffisance de la desserte en transports collectifs
dans la ville;
> La cherté des transports collectifs
particulièrement les taxis collectifs pour les ménages ;
> L'insuffisance des routes bitumées et de
l'aménagement des voiries urbaines entrainant la non desserte de
certains quartiers de la ville surtout pendant la période des pluies
;
> Les difficultés de gestion des espaces publics :
occupation anarchique des trottoirs obligeant les piétons à
marcher sur la chaussée ;
> problème de gestion de la circulation urbaine
;
> la défaillance de la CUN, autorité
organisatrice des transports urbains de la ville.
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Recommandations
Pour remédier aux problèmes de mobilité et
de l'accessibilité aux services urbains à Niamey, nous
recommandons les solutions suivantes :
1) Meilleure planification et aménagement de la
ville :
Il s'agit ici d'une part de maitriser l'extension anarchique
de la ville, qui a entrainé l'étalement urbain et l'augmentation
des distances parcourues, et d'autre part, la déconcentration des
activités au profit des quartiers périphériques ; par la
création des écoles, des marchés et les services de bases
afin de rendre ces quartiers plus attractifs et surtout moins dépendants
du centre.
2) L'amélioration de l'offre de transport
collectif par :
> La desserte des quartiers périphériques
non desservis ou très peu desservis par les transports collectifs. Nous
distinguons ici deux cas :
- Les quartiers à desserte prioritaire : il s'agit des
quartiers plus ou moins démunis et très peu ou non desservis par
les transports collectifs : Kirkissoye, Karadjé, Gamkallé, Banga
Bana,
- Les quartiers moyens voire aisés, peu desservis par
les transports collectifs : Dar es Salam, Banifondou2, Garbado, Lamordé,
Cité caisse, Koira Kano, Bagdad, Route Filingué.
> L'augmentation et surtout une meilleure organisation de
la desserte pour les quartiers périphériques desservis : Koira
Tégui, Goudel, Lazaret, Aviation, Foulan Koira, Talladjé, etc.
afin de diminuer le temps d'attente pendant les heures creuses.
> L'ouverture de la desserte pour les faba-faba
des lignes autres que les liaisons périphéries -- centre
ville. Il s'agit ici d'une plus grande ouverture de la concurrence entre les
différents moyens de transport collectif. Les taxis villes ont depuis
toujours dominé le marché de l'offre à Niamey, mais comme
nous l'avons vu, ils ne satisfont pas la population tant par leur couverture
spatiale et leur fréquence que par le prix assez cher pour la plupart
des niaméens. Donc une très grande place doit être faite
aux faba-faba pour leur permettre la desserte de plusieurs quartiers
de la ville, notamment les liaisons inter quartiers.
> Améliorer la desserte des villages proches de la
ville : Hamdallaye, Saga, Kollo, Karey Gorou, Guesselbodi, etc.
>
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La restructuration de la SOTRUNI, en lui dotant des nouveaux
bus et en compensant les services publics. En effet l'une des raisons de
dysfonctionnement de cette société tient du fait que le service
public est très mal compensé. Dans les clauses de la
création de la société, l'Etat doit compenser les 65% des
déficits de l'exploitation de la société, la CUN 10%, et
les employés 25%. Mais dans les faits, seul l'Etat honore plus ou moins
ses engagements. A titre d'exemple dans la période 1998- 2001, la CUN
n'a versé que 6.4% des montants fixés ; l'Etat a versé 60%
et le prélèvement sur les employeurs n'a pas été
mis en place (BALTAGI, 2002). Le caractère social de la SOTRUNI fait que
son tarif est très compétitif par rapport aux concurrents et plus
ou moins accessible pour les démunis. De ce fait, la remise sur pied de
cette société est plus que jamais nécessaire afin
justement de permettre au plus démunis une mobilité minimale et
l'accès à la ville.
3) Meilleure gestion de la voirie et de la circulation
urbaine :
> Par l'entretien, le développement des routes
bitumées et l'aménagement des routes non revêtues pour
permettre aux véhicules des transports collectifs de desservir les
quartiers périphériques ;
> En luttant contre les occupations anarchiques des
espaces publics, occasionnant des conflits et l'insécurité
surtout aux abords des marchés centraux de Niamey. Des nouveaux lieux
doivent être aménagés pour ces vendeurs afm de leur
permettre d'exercer leurs activités sans pour autant porter atteinte
à la circulation urbaine.
> Par le renforcement de l'interdiction de circuler pour
les poids lourds, et leur stationnement anarchiques qui constituent une
gêne importante pour la circulation. Des nouvelles mesures viennent
d'être pises par les autorités interdisant la circulation aux gros
porteurs pendant certaines heures de la journée. Mais ces mesures ne
seront efficaces que par le renforcement des contrôles de polices, et des
sanctions sévères afin de dissuader les conducteurs de ces engins
d'emprunter la voirie urbaine à certaines heures de la journée
;
> En réglementant la circulation des charrettes qui
sont aussi sources de problème ;
> Par le renforcement de contrôle policier afin de
contribuer à sécuriser les voies de circulation et à
sanctionner les auteurs d'infractions au code de la route ;
> Par le renforcement de la signalisation routière
et en sécurisant les abords des écoles et des autres espaces
publics ;
>
82
Par l'aménagement des points d'arrêts des bus et
des minibus et aussi des lieux de stationnement pour ces moyens de transport
collectif.
> Par l'éducation routière, l'information et
la sensibilisation des conducteurs et du public d'une manière
générale sur la nécessité de respecter le code de
la route.
4) Amélioration de l'efficacité de la
CUI
La Communauté Urbaine de Niamey est l'autorité
organisatrice des transports urbains. Mais nous avons vu qu'en
réalité, le rôle de la CUN se résume seulement
à la délivrance des titres de transport, le contrôle de
police et le contingentement du nombre de taxi. Dans le souci d'assurer une
bonne organisation des transports publics à Niamey, afin de rendre
l'accès à la ville pour tous les citadins de la cité, le
renforcement de l'autorité qu'est la CUN est plus que jamais
nécessaire. Cela passe, par l'amélioration de sa capacité
technique de gestion du secteur notamment par :
> L'analyse de la demande : par des études
concrètes sur la mobilité des citadins de la ville afin de
déterminer leur besoins réel de déplacement.
> Une meilleure organisation de l'offre de transport : par
l'ouverture de la concurrence et l'hiérarchisation de la desserte en
fonction des différents moyens de transport collectif.
> Le suivi de l'exploitation des différents types
de transport et la mise en place d'un cadre de concertation entre tous les
acteurs intervenant dans les transports de manière à rester
à l'écoute des problèmes de transport dans la ville.
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