3.4.2. Difficultés de déplacement et
exclusion sociale
Se déplacer à Niamey pour ses activités
quotidiennes est difficile voire problématique surtout pour les citadins
pauvres de la périphérie. Nous pouvons résumer ce
problème de mobilité en deux points : la faiblesse de la desserte
en transport collectif et le cout élevés des dépenses
transport pour les ménages niaméens.
En effet, nous avons vu que les taxis collectifs qui
constituent le principal moyen de transport urbain de la ville, ne desservent
de façon plus ou moins satisfaisante que les quartiers centraux,
péricentraux et ceux du Nord- Est de Niamey. La desserte par les bus et
les faba-faba est tout à fait insuffisante puisqu'elle ne
concerne pas tous les quartiers périphériques de Niamey. Aussi
les déplacements vers les périphéries à partir des
quartiers péricentraux ou ceux du Nord-est sont difficiles puisqu'il
faut payer le prix de deux courses de taxi, quand bien même vous
trouverez un taximan prêt à vous y amener. Cela nous amène
au deuxième point, celui des dépenses en transport des
niaméens. Les coûts de transport restent élevés pour
les ménages niaméens de telle sorte que la part des transports
dans le
revenu s'élevait à 18.4% en 1996. D'une part,
les coûts d'acquisition et d'entretien des véhicules particuliers
sont assez élevés d'où l'inaccessibilité pour une
grande partie des ménages. Déjà en 1996, le cout mensuel
d'usage de la voiture particulière était de l'ordre de 45 000
FCFA, 12 800 pour les deux roues moteur et 500 FCFA pour la bicyclette (OLVERA,
PLAT, POCHET,). Cette dernière apparait comme la plus accessible si on
oublie son prix d'achat et le frein psychosoliologique qui limite son
utilisation. D'autre part, les transports collectifs qu'on suppose capables de
permettre à tous les citadins l'accès aux systèmes de
transport et à la ville, apparaissent également onéreux
pour le citadin pauvre. Mise à part l'inadaptation des transports
collectifs niaméens, en termes de fréquences et de couverture
spatiale, leur caractère onéreux pour les ménages pauvres
limite leur accès. Aujourd'hui, pour un ménage vivant avec un
revenu moyen de 60 000 FCFA/mois, vingt allers-retours en taxi du chef de
ménage consommeraient plus de 13% du revenu, sans compter le
déplacement des autres membres de la famille. Pour un habitant de Koira
Tégui, quartier périphérique de Niamey, qui gagne 30 000
FCFA/mois, revenu très proche du SMIG33, vingt allers-retours
en faba faba prendraient 20% de son revenu. Pour les citadins de la
périphérie, qui leur revenu ne leur permet pas d'utiliser les bus
ou les faba faba, ils sont contraints à marcher sur des
très grandes distances pour accéder aux services urbains. C'est
sont ces citadins que GODARD(2002) qualifie « des grands marcheurs de
I iamey ». Pour les autres citadins très
défavorisés des périphéries non desservis par les
transports collectifs (karadjé, Lamordé, Gamkallé Dar es
Salam ...), ils sont en situations d'exclusions sociales du fait de
l'étalement urbain, engendrant des déséquilibres
territoriaux et l'exclusion spatiale. Nous pouvons parler pour cette
catégorie de la population, du cercle vicieux de l'exclusion.
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aa SMIG : salaire moyen
interprofessionnel garanti qui est de 28750 FCFA
76
Fig. 3.1 : cercle vicieux de l'exclusion
exclusion spatiale
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périphérisation des citadins
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etalement urbain
3.5. Problème d'organisation et de gestion des
transports à I iamey
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