Si aujourd'hui un africain sur trois vit en ville, selon les
projections de l'ONU, en 2030 ce taux passerait d'un sur deux. Or dans la
plupart des villes sahéliennes, les municipalités ont eu et ont
encore du mal à satisfaire les demandes de services des nouveaux
habitants urbains, les pauvres en particulier. L'absence ou la faiblesse des
politiques d'utilisation des terres a débouché sur l'extension
anarchique des villes. La baisse de la densité associée a cette
extension non contrôlée à fait augmenter les distances et
ont poussé à la hausse le prix des transports publics quant ils
existent, dans la pluparts des villes sahéliennes. L'accès
à l'emploi, à la santé, à l'éducation ;
bref, l'accessibilité urbaine devient alors problématique pour
les citadins pauvres des périphéries.
L'étalement urbain est un phénomène
causé d'une part par l'urbanisation de plus en plus rapide et d'autre
part par les programmes d'ajustement structurel. Ces derniers ont poussé
bon nombre de citadins à chercher un habitat accessible souvent
très loin de la ville, du fait
22 www.senegalaisement. corn
38
de la perte de leur emploi, occasionnée par la
privatisation des sociétés nationales. Ce phénomène
d'étalement urbain revêt deux aspects différents dans les
villes sahéliennes.
Le premier, est caractérisé par la formation
d'importantes zones périurbaines ou des modes d'utilisations des sols
sont informels et illicites mais prédominants. A cela s'ajoutent
l'absence d'infrastructures, des services publics et des services de bases, et
surtout, des transports publics peu développés et des routes
d'accès peu adaptables. C'est le cas par exemple de Birni N'Konni, une
ville moyenne du Niger ou la voirie se réduit au strict minimum avec un
transport public basé essentiellement sur les mototaxis (DILLE,
2002)23. Le second aspect est l'expansion des banlieues, dans
lesquelles des zones résidentielles regroupant des catégories de
population à revenu élevé et moyen, et parfois des centres
d'affaires et de ventes, facilement accessibles par des moyens de transport
individuels plutôt que collectifs. C'est le cas par exemple du quartier
Kouara kano de Niamey dans la capitale nigérienne.
Aussi, il convient de souligner que l'étalement des
zones périphériques pauvres intervient essentiellement parce que
les autorités accordent peu d'importance aux bidonvilles, donc à
la question foncière et aux transports. Elles n'ont peut être pas
la capacité nécessaire pour anticiper la croissance urbaine, et
de ce fait ne parviennent pas à libérer des terres qui pourraient
être mises à la disposition des pauvres. En outre, les
ménages pauvres se voient refuser l'accès à des droits
fonciers, ce qui est l'un des principaux facteurs les amenant à se
déplacer vers la périphérie.
L'étalement urbain a favorisé l'utilisation des
moyens de transport individuels et motorisés. Cette utilisation accrue
des véhicules privés et motorisés souvent d'occasion,
ajoutée à une mauvaise gestion de la circulation, a
entrainé l'engorgement des routes menaçant du coup la
sécurité des piétons et la santé des citadins qui
inhalent les gaz d'échappement.