2.2.3. Organisation et gestion des transports urbains au
Sahel
Pierre MERLIN(1991) affirme que : « les transports
ont toujours été, dans tout les pays du monde, un des domaines ou
l'interventionnisme étatique a été le plus
systématique, le plus universel, le plus permanent ».
L'état intervient en effet dans les transports :
23 Cité par Xavier Godard dans les transports
et la ville en Afrique au sud du Sahara, 2002
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Par son rôle garant d'un certain nombre de conditions
fondamentales telles que la liberté d'entreprendre,
l'égalité des citoyens, la sécurité des personnes
et des biens, les conditions des travails, et le respect de l'environnement
;
· Comme investisseur pour de nombreuses infrastructures
;
· Par les aides financières qu'il apporte,
directement ou indirectement, au fonctionnement des transports ;
· Par sa politique fiscale ;
· Aussi par son rôle d'organisateur et de
planificateur des transports
Mais comment les autorités sahéliennes
interviennent- elles dans l'organisation et la gestion des transports urbains ?
Autrement dit quel rôle joue les pouvoirs publics dans les transports
urbains au sahel ?
2.2.3.1 les premières entreprises d'autobus
La forme la plus visible de l'intervention des pouvoirs
publics dans les transports au sahel était sans doute la création
des premières entreprises d'autobus après les
indépendances (TUB de Bamako en 1962, la régie de transport de
Dakar en 1963). Ces entreprises étaient une façon pour les Etats
nouveaux d'assumer leur indépendance mais aussi d'affirmer leur
capacité d'organisation. Elles avaient pour vocation, le transport des
scolaires, des fonctionnaires et du grand public, et assuraient plus ou moins
une grande mobilité de la population. Ces entreprises de transport
urbain sont très tôt devenues pour emprunter les mots de X. GODARD
et P. TEURNIER(1992) «l'expression de l'Etat à travers la
notion de service public, réappropriée selon le modèle
français ». Les tarifs de transport sont imposés par
l'Etat et maintenus dans la plupart du temps, malgré la crise
économique et la dévaluation du FCFA.
Du fait des prérogatives de service public, les
entreprises publiques de transport ont été pendant longtemps
protégées par les autorités en leurs octroyant aides et
subventions. Les politiques d'ajustement structurel ont mis fm a ces
privilèges et ont conduit beaucoup de ces entreprises à la
faillite.
Afin de permettre la viabilité des entreprisses
étatiques, beaucoup de pays africains, sahéliens en particuliers,
ont essayé de réprimer le transport artisanal ; et même
quand il est autorisé, les véhicules n'ont pas accès
à certaines lignes de transport urbain. Le monopole de
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ce secteur apparaissait donc comme une politique de
préservation et par conséquent de promotion.
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