II.1.2 - Le dynamisme du commerce informel
Mont-Bouët est devenu pour Libreville, le centre
privilégié de groupage et d'éclatement de produits
manufacturés acheminés par les multiples circuits animés
tant par les réseaux fortement structurés des grandes enseignes
de commerçants que par les "petites entreprises contrebandières"
(Grégoire et Labazée, 1993)25 (détaillants des
marchés, petits trafiquants et "aventuriers" des villes). C'est
essentiellement pour ces produits que se pressent autour des boutiques et des
étals les consommateurs urbains, les producteurs des régions
voisines, les commerçants et les colporteurs étrangers venus
chercher auprès de leurs logeurs des lots de pagnes, de tissus, de
friperie, de pièces détachées, etc.
Aussi distingue-t-on nettement deux sous-secteurs dans
l'activité des marchés :
- celui des commerces de produits manufacturés dont le
développement économique est le plus dynamique. Il réalise
les chiffres d'affaires les plus élevés et occupe la plupart des
constructions récentes, en dur et de bonne qualité, que l'on
observe sur le marché. En moins d'une dizaine d'années, il a
envahi la majeure partie de l'espace public. Ce faisant, il a "repoussé"
à l'extérieur du marché une grande partie du vivrier. A ce
sous-secteur, il faut rattacher, du point de vue du dynamisme commercial, les
commerçants des grandes enseignes de denrées alimentaires
importées ;
- celui des commerces de produits vivriers, dans lesquels la
micro-activité est la forme commerciale généralisée
avec des revenus souvent faibles. Le commerce du vivrier de détail, en
effet, appartient presque tout entier à ce vaste secteur informel qui
permet, en fournissant aux femmes ressources et emplois, à la
très grande majorité des ménages urbains de survivre.
Les commerçantes de produits vivriers occupent les
secteurs souvent les plus dégradés du marché, ceux qui
cristallisent tous les dysfonctionnements : surconcentration, enclavement,
manque d'hygiène, bâti vétuste à la limite du
dangereux. Quant à la rue, elle accueille aujourd'hui non seulement les
petits détaillants progressivement refoulées hors du
marché par les vendeurs de produits manufacturés, mais aussi, en
nombre toujours plus grand, des grossistes de produits vivriers.
Le secteur informel, hormis ses performances, constitue un des
piliers de la stabilité sociale. En raison non seulement des revenus
qu'il génère mais aussi, des emplois qu'il crée et des
besoins sociaux des populations urbaines aux revenus modestes qu'il
25 E. GREGOIRE & P. LABAZÉE (1993) : «
Grands commerçants de l'Afrique de l'Ouest :
Logiques
et pratiques d'un groupe d'hommes d'affaires contemporains
», Paris, éd. (Karthala/Orstom), 265 p.
satisfait à travers l'accessibilité aux
prestations et surtout la prise en compte des réalités
socioculturelles de toutes les composantes de la société.
Les comptages effectués sur le terrain durant les mois
d'octobre et novembre 2007 ont permis de répertorier de nombreuses
d'activités liées au secteur informel sur le marché de
Mont-Bouët que cela soit dans le commerce, les transport, les services,
... : bijouterie, filage, menuiserie, poterie, vannerie, tissage, travail des
métaux, briqueterie, fabrication de chaussures,
électricité, maçonnerie, plomberie, peinture, puisatier,
tâcheron, transport motorisé de personnes et ou de marchandises,
boutiques, "commerces spécialisés", restaurants, tissus, produits
alimentaires, médicaments, pharmacie artisanale, matériaux de
construction, électroménager, papeterie, blanchisseurs, cireurs,
coiffeurs, cordonniers, domestiques, hôtellerie, restauration, marabouts
et féticheurs, photographes, soins esthétiques, location de
voitures, tailleurs, agences immobilières, débiterie, centres
dactylo, secrétariat public, teinturerie, vendeurs de thé,
café et eau, réparation automobile, montres, radio,
télévision, téléphonie, etc.26
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26 Cette liste n'étant pas exhaustive, la
catégorie se termine par etc., afin de le montrer.
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